Des perspectives suisses en 10 langues

Achats d’armes: les dangers d’un laxisme certain

Le type d'armes utilisées par le tueur fou de Zoug. Keystone

La tuerie de Zoug relance le débat sur la détention et l'acquisition d'armes en Suisse. Un professeur de criminologie tire la sonnette d'alarme. Il dénonce un laxisme certain.

«Que la nouvelle loi fédérale sur les armes permette la vente entre particuliers et sans aucun contrôle de l’Etat constitue un véritable scandale», lance Martin Killias.

Pour ce professeur de droit pénal et de criminologie à l’Université de Lausanne, cette liberté permet en effet de nombreux abus. Et les trafiquants d’armes qui sont de plus en plus nombreux depuis la guerre des Balkans en profitent.

«C’est sur ce point important qu’il faudrait réagir», estime Martin Killias. Qui dénonce en outre «le laxisme de certains cantons en matière de surveillance». Le cas du tueur de Zoug pourrait bien être une conséquence de ce laxisme.

Le dramatique exemple zougois

Et le professeur Killias de se demander comment le forcené – qui était connu de la justice – a pu bénéficier de deux permis d’achat d’armes. L’un en 1996 et l’autre en 1998.

Pire encore: pourquoi ces mêmes armes ne lui ont pas été retirées en 1998, après une agression armée sur un chauffeur de bus?

Autant de questions auxquelles le magistrat chargé de l’instruction devra répondre. «Je ne sais pas pourquoi ces armes n’ont pas été confisquées, admet le juge Roland Schwyter. D’autant plus qu’à l’époque, c’est-à-dire avant l’introduction de la nouvelle loi de 1999, la confiscation d’une arme relevait d’une décision administrative.»

Débat politique relancé

Bref, aujourd’hui, un forcené tel que celui de Zoug ne pourrait plus se procurer légalement une arme. Pour autant, son cas relance le débat.

La gauche – qui s’était heurtée à l’opposition de la droite et à celle des chasseurs et des tireurs – remonte au front. Elle demande un renforcement de la législation.

Mais, malgré la tuerie, la droite semble faire la sourde oreille. Pour elle, profiter de cet événement pour relancer le débat est indécent.

Et Martin Killias de rappeler que l’enjeu financier est énorme. «Il faudra pourtant que la gauche et la droite s’arrangent pour limiter les dangers consécutifs à l’obtention trop facile d’armes».

Arme à domicile en question

Quant à la sacro-sainte arme militaire que chaque citoyen-soldat conserve dans son grenier, elle ne semble pas vraiment remise en question. «Le tueur n’a pas utilisé son arme de service, précise Martin Killias. D’ailleurs, des agressions avec des armes militaires sont pratiquement inexistantes».

Jean-Louis Thomas

Les plus appréciés

Les plus discutés

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision