Agir à la source pour éviter le pire
Pour éviter une éventuelle pandémie de grippe aviaire, la Suisse renforce la prévention et débloque 4,8 millions de francs pour la lutte en Asie.
En Suisse même, le gouvernement ordonne le renforcement des contrôles sanitaires dans les aéroports et la surveillance des oiseaux migrateurs.
Le meilleur moyen d’éviter que le virus s’étende en Europe est encore d’endiguer l’épizootie en Asie. Fort de ce constat, le Conseil fédéral (gouvernement) a décidé vendredi d’allouer 4,8 millions de francs suisses à cette fin.
La somme sera versée à l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Celle-ci coordonne et soutient les efforts de lutte contre la grippe aviaire dans les pays touchés et apporte une aide aux pays menacés pour leur permettre de se protéger.
Le Conseil fédéral a aussi chargé les services du ministre de l’intérieur de préparer un rapport pour la fin de l’année sur les mesures prises et à prendre pour combattre le virus s’il devait arriver en Suisse.
Pour l’heure, le gouvernement répète que le risque d’une propagation de la grippe aviaire au cheptel avicole suisse est faible.
Prudence malgré tout
Il y a toutefois lieu de rester prudent. Ainsi, même si l’importation d’oiseaux vivants, de viande de volaille, d’oeufs et de plumes non traitées en provenance des pays touchés est interdite depuis début 2004, des importations illégales, volontaires ou involontaires, ne peuvent être exclues.
Dans ce contexte, les contrôles sur les vols en provenance des pays à risque seront renforcés dès samedi dans les aéroports de Genève, Bâle et Zurich.
Et pour mieux maîtriser le risque de propagation via les oiseaux migrateurs, un programme de surveillance de ces espèces a débuté le week-end dernier.
Remèdes en stock
Si la transmission de personne à personne est très rare, la Suisse se prépare néanmoins à faire face à une éventuelle pandémie, comme le préconise l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Les autorités disposent d’une réserve du médicament antiviral Tamiflu suffisante pour traiter 25% de la population. Cette quantité suffit afin de constituer une première ligne de défense, estime Thomas Zeltner, directeur de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).
Toutefois, ce médicament n’est pas un vaccin. Il ne confère pas de protection à long terme. Un appel d’offres a donc déjà été lancé en août dernier pour acquérir 100’000 doses de vaccin contre le virus Influenza A H5N1.
Pour l’heure, seuls treize pays dans le monde sont capables de fabriquer des vaccins. La Suisse, par contre, n’en fabrique plus, depuis que l »entreprise Berna Biotech y a renoncé. Il faudrait compter quelque deux ans avant qu’elle ne soit en mesure d’en livrer à nouveau.
Pour cet automne, l’OFSP recommande de se vacciner contre la grippe. Les experts ont ajouté les éleveurs de volailles à la liste des personnes pour lesquelles la vaccination est expressément recommandée. Elle l’est aussi pour les personnes souffrant de maladies chroniques et le personnel médical.
swissinfo et les agences
Les manières dont le virus de la grippe aviaire pourrait arriver en Europe:
Importation de volaille contaminée
Importations illégales (contrebande de viande et d’oiseaux vivants)
Oiseaux migrateurs
Voyages d’humains infectés
– Les Nations Unies ont nommé le docteur David Nabarro coordinateur pour la lutte contre la grippe aviaire. Selon lui, une pandémie pourrait faire entre 5 et 150 millions de morts, selon l’ampleur du travail de prévention et de préparation qui sera accompli ces prochains mois.
– L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’en tient à une estimation allant de 2 à 7,4 millions de morts. Il s’agit d’un chiffre indicatif, fourni aux pays membres pour les aider à préparer leurs stocks de médicaments et leurs plans de mise en quarantaine.
– Pour rappel, la grippe espagnole de 1918-1919 avait fait 50 millions de morts. Les pandémies de 1957 et 1968 ont provoqué entre un et quatre millions de décès.
– Depuis la fin de 2003, la grippe aviaire a fait 65 morts en Asie.
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.