Alinghi a pris ses quartiers d’hiver à Dubaï
Installée à Dubaï depuis le 20 novembre, l'équipe d'Alinghi entame une intense campagne d'entraînement qui va durer jusqu'à la fin du mois de février.
Les 64 membres de l’équipe sportive travaillent entre 10 et 12 heures par jour, 6 jours par semaine.
Des containers, quelques palmiers et des gratte-ciel champignons. Voilà le décor qui va voir évoluer l’équipe du défi suisse ces trois prochains mois. Expatriée à Dubaï, l’équipe sportive du Defender de l’America’s Cup a choisi la Mecque du tourisme de luxe comme cadre d’entraînement.
A 200 jours du ‘Match’ – l’ultime confrontation de l’America’s Cup – l’équipage helvétique a choisi de quitter le plan d’eau valencien, dont la météo est jugée trop capricieuse.
Elle suit, en cela, l’option prise par ses principaux concurrents: Emirates Team New Zealand (NZL) et BMW Oracle Racing (USA) ont émigré en Nouvelle-Zélande.
Garder les secrets
L’«Alinghi Winter Training Camp» a pris ses quartiers d’hiver au Dubaï International Marine Club jusqu’à la fin du mois de février.
Il a fallu transporter les deux voiliers par cargo, ainsi que trois bateaux accompagnateurs et une dizaine de containers, soit 224 tonnes de matériel. Une opération de déménagement considérée comme «un excellent exercice pour le shore crew, l’équipe à terre» par le directeur général australien Grant Simmer.
A terre, SUI64 et SUI91 sont abrités sous un hangar de toile. Seuls les mâts et le bout de leur nez dépassent des jupes qui protègent les quilles et les coques des regards indiscrets.
La base est encerclée de barrière et surveillée jour et nuit. A ce stade de la campagne, il est fondamental de préserver les secrets de fabrication.
L’esprit d’équipe
Si le design team termine le gros du travail, le temps de l’entraînement intensif des 34 marins est arrivé. «Cette période est vraiment importante pour nous. Elle doit nous permettre de devancer les challengers», confie Brad Butterworth.
Le skipper néozélandais d’Alinghi laisse aussi entendre à demi-mots que c’est ici que la sélection de la «dream team» finale va s’effectuer. Et parmi les 17 marins, le choix du barreur est déterminant.
Logés à quelques minutes de leur base, la soixantaine d’expatriés du Team Alinghi s’est répartie entre les chambres rutilantes de l’Hôtel Méridien et des appartements situés dans une tour, à quelques coups de pédales de la base.
Pour le directeur sportif allemand Jochen Schuemann, la vie collective au Camp revêt une importance particulière: «Ici, même après le boulot, nous allons devoir vivre ensemble. C’est très bon pour le team spirit.»
Mais que l’on ne s’y trompe pas ! Cette villégiature a un prix. La journée des marins démarre à 7 heures du matin par une mise en condition physique. Après les briefings d’usage, les voiliers quittent le port à la mi-journée. Là, entre le Palmier Julmeira et The World – des archipels artificiels à vocation touristiques – les deux bateaux enchaînent manœuvres et runs de vitesse jusqu’à 17 heures.
Il faut ensuite sortir les bateaux de l’eau, réparer ce qui doit l’être et procéder aux manutentions de routine. Les marins d’Alinghi travaillent entre 10 et 12 heures par jour, 6 jours par semaines. La trêve, de Noël à la mi-janvier, sera donc la bienvenue pour chacun d’entre eux.
Un plan d’eau idéal
Choisi entre une demi-douzaine de destinations «pour ses conditions de vent», le plan d’eau de Dubaï présente des conditions de navigation relativement similaires à celles de Valence en été.
A cette saison, on s’attend à y trouver un vent thermique situé entre 10 et 15 nœuds (18 et 28 km/h). Le 20 novembre dernier, alors que les deux voiliers fendaient la surface du golfe persique pour la première fois, un grain inattendu a fait mentir les prévisions de Jon Bilger, le météorologue néozélandais d’Alinghi.
Ce premier contact s’est soldé par …… express des voiles et un retour au port des deux voiliers, sous bonne escorte.
«Ce fut un moment historique de voir un Class America lancé dans nos eaux», a déclaré Saeed Hareb. Le directeur général du Dubai International Marine Club est aussi vice-président de la Fédération des sports nautiques des Emirats Arabe Unis.
Il a fait part de son émotion lors d’une conférence de presse. «C’est un honneur pour Dubaï, déjà habituée à accueillir les meilleures équipes mondiales de bateaux moteurs offshore, d’héberger un grand nom de la voile comme celui d’Alinghi», a poursuivi l’hôte.
Pour satisfaire aux règles de l’hospitalité, il a fallu creuser dans le port pour empêcher les cinq mètres de tirant d’eau des bateaux suisses de s’échouer sur le sable. Un travail conséquent qui prenait fin, pile au moment de la mise à l’eau des bateaux.
swissinfo: de retour de Dubaï, Pierre-Antoine Preti/Skippers magazine
Née en 1851, 45 ans avant les premiers jeux olympiques de l’ère moderne (1896), l’America’s Cup est le plus vieux trophée sportif en activité.
Gagnée en 2003, par le Team Alinghi d’Ernesto Bertarelli, battant pavillon de la Société Nautique de Genève, l’aiguière d’argent est revenue en Europe pour la première fois depuis qu’elle quitta l’Angleterre, il y a 152 ans de cela.
L’America’s Cup se court en match racing. Cette discipline vélique confronte deux bateaux l’un à l’autre. Le marquage de l’adversaire est primordial pour l’emporter.
La Coupe Louis Vuitton aura lieu du 18 avril au 12 juin 2007. Elle départagera les challengers. Seul le meilleur d’entre eux aura le droit de défier Alinghi.
L’America’s Cup Match aura lieu du 23 juin au 7 juillet 2007. Elle opposera le Defender Alinghi au champion des 11 challengers engagés. Le premier qui gagnera cinq régates deviendra le prochain Defender de l’America’s Cup.
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.