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Avis de recherche contre le banquier suisse de Marcos

L’ancien dictateur philippin Ferdinand Marcos a transféré à l'étranger des centaines de millions de dollars de fonds publics. Keystone Archive

Jean-Louis Sunier est sommé de témoigner devant un tribunal de Hawaï. En cas de refus, il devra payer une amende salée.

Pendant près de vingt-huit ans, ce financier genevois a aidé l’ancien dictateur philippin Ferdinand Marcos – aujourd’hui décédé – à transférer à l’étranger des centaines de millions de dollars de fonds publics.

La plupart de ces dollars ont fini en Suisse ou dans des paradis fiscaux. Et le gouvernement philippin aura dû se battre pendant une bonne dizaine d’années pour pouvoir en récupérer une partie.

Acharnement de la justice américaine

Alors, pourquoi cet acharnement de la justice américaine (et allemande) contre ce financier genevois qui avait accompagné l’ex-dictateur jusque dans son exil à Hawaï en 1986?

Parce que, il y a deux ans, la banque d’affaires américaine Merrill Lynch avait dévoilé qu’elle détenait 30 millions de dollars de fonds Marcos. Un pactole que le financier suisse Jean-Louis Sunier aurait camouflé dans une société Arelma, sise à Panama.

Depuis, la justice américaine s’est emparée de cette affaire. Et elle cherche à en savoir plus auprès de ce banquier suisse qui, tel un magicien, est passé maître dans l’art de faire disparaître des fonds d’un bout à l’autre de la planète. Mais en vain.

Un avertissement sans frais

Aujourd’hui, le tribunal de district de Hawaï lance un avertissement clair à Jean-Louis Sunier. Qui devra payer quelque 10 000 dollars d’amende par jour, s’il persiste dans son refus de témoigner.

Son avocat se refuse à tout commentaire. Et Jean-Luis Sunier invoque le droit international en affirmant que les autorités américaines ne peuvent pas le forcer à témoigner en dehors de son pays d’origine.

De plus, il ne cesse de répéter que son témoignage n’apporterait rien à l’affaire.

En effet, le palais de Ferdinand Marcos a été pillé après son départ en exil. La plupart des documents ont été détruits. Et, dit-il, ceux qui ne l’ont pas été sont déjà entre les mains des avocats qui représentent les victimes de l’ancien dictateur philippin.

Une décision de justice jamais appliquée

Pour mémoire, en 1995, un tribunal de Hawaï avait alloué 2 milliards de dollars. à 9539 Philippins victimes des exactions de Ferdinand Marcos

Entre-temps, cette somme a franchi, avec les intérêts différés, le cap des 3 milliards de dollars. Car cette décision de justice n’a jamais été appliquée.

A noter qu’à cette époque-là, la justice s’intéressait déjà à Jean-Louis Sunier. Et, aujourd’hui, les juges d’Hawaï ne sont pas les seuls à vouloir mettre la main sur le banquier suisse.

Un tribunal de Munich cherche, lui aussi, à ce qu’il témoigne. Pour en savoir plus sur ce que sont devenus d’autres fonds Marcos qui ont transité par des banques d’Allemagne, de Suisse et du Liechtenstein.

swissinfo/Georges Baumgartner à Tokyo

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