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Avis de tempête sur les droits de l’homme

Sergio Vieria de Mello, Haut commissaire pour les droits de l'homme, et Najat Al-Hajjaji, présidente de la commission. Keystone

La crise irakienne va peser sur les travaux de la Commission des droits de l'homme de l'ONU, dont la session annuelle s'est ouverte lundi à Genève.

La Suisse veut en profiter pour rappeler que ces droits sont aussi violés ailleurs dans le monde.

«L’Irak sera une priorité pour la Suisse. Mais la Commission des droits de l’homme de l’ONU n’est pas un forum politique», affirme Peter Maurer, chef de la délégation suisse.

«Cette session de six semaines doit s’en tenir aux violations des droits de l’homme dans le monde entier», martèle l’ambassadeur suisse.

Prudence sur la présidence libyenne

«Que l’on approuve ou non l’usage de la force contre l’Irak, poursuit Peter Mauer, que cette guerre soit ou non avalisée par l’ONU, cela ne devrait pas affecter les travaux de la Commission.»

Et il insiste: «Cette guerre, si elle a lieu, ne va pas créer de division entre la délégation suisse et les autres représentants gouvernementaux, y compris ceux des Etats-Unis».

De fait, le mandat officiel de la Commission est de relever et de dénoncer les violations des droits humains, où qu’elles se produisent.

Mais rien n’indique que les 3000 participants de la session – représentants d’Etats membres, d’Etats observateur ou encore d’ONG – vont suivre les sages recommandations helvétiques.

Et ce d’autant plus que cette session est présidée par une représente de la Libye, un Etat plusieurs fois accusé de bafouer les droits de l’homme.

«Cette présidence est une mascarade», a d’ailleurs dénoncé l’organisation Reporters sans frontières, au beau milieu du discours d’ouverture de la diplomate libyenne.

Pour l’heure, la délégation helvétique n’estime pas devoir critiquer cette présidence. «Nous sommes confiants, assure ainsi Peter Mauer. Elle travaillera de manière indépendante et objective.»

Jouer les élèves modèles

En revanche, la crise irakienne inquiète bel et bien la délégation suisse. «Si la guerre contre l’Irak éclate durant cette session (qui dure six semaines), elle influencera certainement les négociations sur d’importantes résolutions», reconnaît l’un de ses membres, Jean-Daniel Vigny.

Une chose est sûre: la Suisse a tout intérêt à jouer les élèves modèles. L’un des objectifs prioritaires de sa diplomatie est en effet de devenir membre de cette Commission.

Or, cette adhésion n’ira pas de soi, selon le chef de la délégation suisse. «Un grand nombre d’Etats – dont plusieurs pays occidentaux – veut devenir membre», précise Peter Maurer.

La Suisse espère donc faire partie intégrante de ce cénacle dans quatre ans, au plus tôt.

D’ici là – et comme par le passé – la Suisse va soutenir un certain nombre de résolutions proposées par l’un ou l’autre des 53 Etats membres de cette commission.

Mais sa qualité de membre à part entière des Nations-Unies donne d’ores et déjà plus de crédibilité aux positions défendues par la Suisse, selon Peter Maurer.

L’agenda suisse

«Cette année, précise le chef de la délégation helvétique, nous allons mettre la priorité sur les groupes vulnérables, soit les enfants, les femmes et les minorités, sans oublier les peuples indigènes et les personnes handicapées.»

«Nous prévoyons aussi, ajoute-t-il, de nous attaquer aux exécutions extra-judiciaires, à la peine de mort et à la torture».

Selon Jean-Daniel Vigny, la Suisse devrait soutenir une quarantaine de résolutions, dont une consacrée à la lutte anti-terroriste.

«Cette résolution devrait être proposée par le Mexique. Elle vise, précise Jean-Daniel Vigny, à mettre en conformité les mesures anti-terroristes avec le droit international humanitaire.»

Et de conclure: «C’est à la communauté internationale de juger si les Etats-Unis ou d’autres Etats ont respecté le droit dans leur lutte contre le terrorisme».

swissinfo, Anna Nelson et Frédéric Burnand, Genève

La 59e session annuelle de la Commission des droits de l’Homme se tient à Genève durant six semaines.
La Suisse compte devenir membre de cette commission en 2007.

En 2003, le gouvernement suisse va verser 2 millions de francs au Haut commissariat de l’ONU pour les droits de l’homme.

La Suisse devient ainsi son dixième plus gros contributeur.

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