C’est parti pour la grand-messe du football
Le coup d’envoi de la 19e Coupe du monde a été donné vendredi à 14h00 au stade Soccer City de Johannesburg. Pendant un mois, tous les amateurs du ballon rond auront les yeux rivés sur l’Afrique du sud.
«L’Afrique du sud rock! L’Afrique du Sud est cool!», a lancé le chef de l’Etat, Jacob Zuma. «Nous voulons dire au monde que cette chenille laide, si laide, que nous étions, est devenue ce papillon si joli, si joli!», a renchéri le Nobel de la Paix Mgr Desmond Tutu, en référence à la chute de l’apartheid il y a seize ans.
Première fois en Afrique
Les organisateurs du Mondial espèrent en tout cas qu’un tournoi réussi changera la perception de l’Afrique du sud dans le monde, et plus largement de l’ensemble du continent, qui accueille pour la première fois la fête planétaire du ballon rond.
Le grand barnum du ballon rond a déjà fait étape en Amérique du Sud et du Nord, en Europe, en même en Asie (2002). Partout, sauf en Afrique, où ce sport universel puise pourtant une grande partie de ses pratiquants.
L’attribution, en 2004, du Mondial à l’Afrique du Sud a réparé une injustice. Depuis, la nation arc en ciel s’est érigée en porte-drapeau de tout le continent.
Aussi, cette Coupe du monde sera joyeuse, colorée et assourdissante, au son des vuvuzelas, ces trompettes géantes que la Fifa songea un temps à interdire. Mais derrière le bruit et la ferveur se cachent quelques symboles forts.
Forte attente autour des Bafana
La performance des Bafana Bafana (garçons en zoulou), dès le match d’ouverture face au Mexique, conditionne une partie de la réussite populaire de ce Mondial.
Pour éviter de devenir la première nation hôte éliminée à l’issue du premier tour d’un mondial, l’Afrique du Sud, 83e au classement Fifa, compte sur la confiance, empilée au gré de douze matches (amicaux) sans défaite, et sur la science de l’entraîneur, le Brésilien Carlos Alberto Parreira.
Les Sud-Africains comptent peut-être aussi sur un effondrement de la France, qui accumule les déconvenues depuis la finale perdue en 2006. Comme l’Argentine, de l’imprévisible Diego Maradona, ou l’Italie tenante du titre, vieillissante.
Les six nations africaines rêvent de hisser pour la première fois un représentant dans le dernier carré. Seul bémol, trois des meilleurs joueurs du continent sont blessés: Drogba l’Ivoirien, Essien le Ghanéen et Mikel le Nigérian.
Jeux très ouverts
Les autres «grands» arrivent armés de davantage de certitudes. Certes l’Allemagne se présente sans Michael Ballack et sans gardien de calibre mondial, comme l’Angleterre. Et le Brésil manque de romantisme. Mais ces équipes peuvent raisonnablement figurer dans le peloton des favoris aux côtés de l’Espagne, rayonnante depuis son titre européen en 2008, des Pays-Bas, ou du Portugal.
Sur la route du titre mondial, ces nations devront dompter les effets de l’altitude, qui brûle les poumons et modifie les trajectoires du ballon, le (déjà) fameux Jabulani, comparé à un engin de plage par certains gardiens désespérés.
Mais les équipes devront aussi apprivoiser l’environnement particulier de l’Afrique du Sud. Car même si chaque délégation bénéficie d’une protection rapprochée, les joueurs peuvent constituer une cible de choix dans un pays où l’on dénombre en moyenne 50 homicides par jour.
La Suisse mise sur son entraîneur
La Suisse, quant à elle, s’apprête à disputer sa 9e Coupe du monde. Et son meilleur atout ne sera cette fois pas sur le terrain, mais bien sur le banc.
Considéré comme l’un des tout meilleurs entraîneurs du monde l’Allemand Ottmar Hitzfeld a déjà réussi une performance étonnante à la tête de l’équipe nationale: se qualifier directement pour la Coupe du monde malgré une défaite à domicile contre le Luxembourg. En Afrique du Sud, on lui en demandera une seconde: se hisser en huitième de finale pour défier, pourquoi pas, le Brésil le 28 juin.
Tout se jouera très certainement pour l’équipe de Suisse le 21 juin à Port Elizabeth contre le Chili. Dans ce groupe H promis à l’Espagne, championne d’Europe en titre, et dans lequel figure également le Honduras, la deuxième place qualificative reviendra très certainement au vainqueur de cette rencontre.
Une équipe que l’on n’aime pas affronter
A défaut de séduire vraiment ces derniers mois, la Suisse témoigne d’une qualité qui était déjà la sienne avec Köbi Kuhn. Elle est une équipe que l’on n’aime pas affronter. Son organisation de jeu très compacte qui ne laisse pas d’espace à l’adversaire a fait ses preuves.
On saura d’entrée de jeu si la défense suisse sera aussi hermétique qu’en Allemagne en 2006. Le 16 juin à Durban, la Suisse aura le redoutable honneur d’être le premier adversaire en Afrique du Sud de l’Espagne. Même si la sélection dirigée par Vicente del Bosque est considérée aujourd’hui comme la meilleure équipe du monde, Ottmar Hitzfeld croit l’exploit possible.
«Sur une seule rencontre, tout est ouvert, dit-il. La donne ne serait pas la même si nous devions affronter l’Espagne en matches aller-retour. J’ai le sentiment que nous sommes sur la bonne voie. Samedi à Genève, contre l’Italie, l’équipe a démontré qu’elle était en progrès. D’ici le 16 juin, nous allons encore monter en puissance».
swissinfo.ch et les agences
La rencontre d’ouverture entre l’Afrique du sud et le Mexique s’est soldée par un match nul, 1 à 1.
L’Afrique du Sud a ouvert la marque à la 55e minute par Siphiwe Tshabalala.
Les Mexicains sont parvenus à revenir au score en fin de partie, grâce à un but de Rafael Marquez à la 79e minutes.
La rencontre s’est déroulée devant 84’490 spectateurs.
L’ancien président sud-africain Nelson Mandela (92 ans) était censé être présent une quinzaine de minutes à la cérémonie d’ouverture. Mais il a annulé sa présence en raison d’un deuil.
Son arrière petite-fille Zenani, 13 ans, est morte dans un accident de voiture alors qu’elle rentrait du concert fêtant le début du Mondial.
«Il serait inapproprié dans ces circonstances qu’il assiste personnellement aux célébrations pour l’ouverture de la Coupe du monde», a indiqué la Fondation Mandela.
La présidente de la Confédération Doris Leuthard a rendu visite à l’équipe de Suisse vendredi en fin de matinée sur la pelouse du terrain d’entraînement de Val.
«Je crois que le peuple suisse est très fier de cette équipe, a-t-elle déclaré. Elle a réussi une très belle campagne de qualification. Maintenant ce qui vient en plus, c’est le dessert!»
La présidente a insisté sur la notion de l’esprit de groupe, indispensable pour rencontrer le succès. «Il était déjà bien présent au sein de l’équipe M17 Championne du monde, ajoute-t-elle. Cet esprit de groupe permettra à l’équipe de faire face aux récents coups dur qu’elle a subis».
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