Carla Del Ponte à Belgrade avec l’espoir d’une coopération
La procureur du Tribunal pénal international se rend dès mardi pour trois jours à Belgrade. La magistrate suisse espère dissiper les malentendus qui subsistent au sujet du tribunal de La Haye.
Lors de sa visite de travail, Carla Del Ponte rencontrera le nouveau président Vojislav Kostunica et les principaux responsables du gouvernement. Son premier objectif: dissiper la méconnaissance du Tribunal et de son travail qui prévaut en République Fédérale de Yougoslavie (RFY).
«La procureur va démarrer la coopération. Nous avons besoin d’enclencher un dialogue avec Kostunica. Personne là-bas ne connaît le Tribunal pénal international», dit Florence Hartmann, porte-parole du procureur.
L’objectif est de montrer que le TPI n’est pas une machine de guerre contre les Serbes. Montrer qu’il est ouvert à toutes les victimes des guerres de Yougoslavie, notamment aux Serbes du Kosovo et aux victimes serbes de l’opération croate contre l’ancienne «république» sécessionniste serbe de Krajina (1995).
Le TPI a un long chemin à faire. L’ouverture d’un bureau à Belgrade, dont le principe a été accepté par les autorités, représente une amélioration par rapport à l’époque de Slobodan Milosevic, qui ne reconnaissait pas le tribunal. Mais de sérieux malentendus subsistent.
Vojislav Kostunica ne dissimule pas son peu d’estime pour ce tribunal, créé en 1993 par l’ONU. Il a plusieurs fois dénoncé ce qu’il estime être «le caractère partial», anti-serbe et la nature essentiellement politique plutôt que judiciaire du TPI.
Le nouveau président avait en particulier été choqué par le refus de Carla Del Ponte d’ouvrir une enquête sur les bombardements de l’OTAN contre la RFY en 1999.
Pour la magistrate suisse, il s’agit d’obtenir de la RFY la même coopération que celle qui existe avec la Croatie. «On ne demande ni plus ni moins à Belgrade qu’à Zagreb. La RFY doit respecter ses obligations internationales au même titre que la Croatie», ajoute Florence Hartmann.
Un indice du degré de coopération qui s’établira sera la façon dont sera résolue la question épineuse des mandats d’arrêt tenus secrets. Parallèlement à sa liste officielle d’inculpations, le TPI dispose d’une liste secrète, qualifiée d’»infamie» par Vojislav Kostunica.
Carla Del Ponte pourrait communiquer un petit nombre de noms de cette liste aux autorités de Belgrade. Mais seulement si un climat de coopération et de confiance s’instaure entre les deux parties, souligne-t-on encore au bureau du procureur.
swissinfo avec les agences
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