Ces Néo-Zélandais qui rament pour les Suisses
A l'issue des deux premières régates, Alinghi mène 2-0 face au tenant du titre Team New Zealand.
La 31e Coupe de l’America promet un affrontement unique entre Russell Coutts et Dean Barker, ex-coéquipiers désormais adversaires.
Russell Coutts saute sur le «chase boat» d’Alinghi après un des derniers entraînements ensoleillés dans le golfe avant le grand rendez-vous.
Le skipper du défi suisse est décontracté, souriant et plaisante avec le reste de l’équipage. Double vainqueur de la Coupe, il rayonne de sérénité et de confiance, affichant ce large sourire qu’il esquisse habituellement dans les grandes occasions.
«J’ai passé l’après-midi avec Russell», confie Ernesto Bertarelli, patron du défi, lors d’un dîner avec la presse suisse.
«Je peux vous dire qu’il n’arrive plus à cacher son impatience d’aller régater et d’essayer de ramener le trophée en Suisse. Il est prêt et déterminé comme le reste de l’équipe.»
Combat de barreur entre le maître et l’élève
A quelques jours du coup de canon de la Coupe de l’America, le Team Alinghi met fin à près d’un mois de préparation scrupuleuse.
L’équipe navigante a peaufiné sa tactique et ses manœuvres tandis que les constructeurs ont modifié SUI 64 pour le rendre plus performant dans les petits airs estivaux.
La nouvelle avait fait l’effet d’un électrochoc en mai 2000 lorsque Russell Coutts quittait Team New Zealand avec plusieurs de ses coéquipiers pour rejoindre le syndicat suisse Alinghi.
Le pays du long nuage blanc s’en est difficilement remis. Samedi prochain, les sept Néo-Zélandais du Team helvétique se battront contre leurs anciens partenaires. «J’ai beaucoup d’amis chez Team New Zealand et je me réjouis de les affronter», explique Murray Jones.
«Mais le public n’a pas forcément la même perception», rajoute le stratège du défi suisse. Le combat de titan entre les deux équipes sera aussi celui entre deux barreurs, Russell Coutts et Dean Barker.
Avant que leurs chemins ne se séparent, les deux hommes avaient défendu triomphalement le trophée en 2000, Coutts cédant même la barre à son jeune loup d’élève pour la régate décisive.
Pression néo-zélandaise
Auckland s’est transformé en ville «Loyal». Les drapeaux noirs de soutien à Team New Zealand fleurissent partout dans la «City of Sails», des balcons d’immeubles aux voitures équipées de petits fanions.
La campagne «Loyal» a réuni plusieurs millions de dollars pour le Defender et des nombreuses entreprises du pays, banques, assurances, ont pris part à la démarche de soutien.
«Nous avons besoin de sentir que la Suisse est derrière nous parce que je crois qu’il y aura beaucoup de drapeaux noirs sur le plan d’eau», confie Ernesto Bertarelli. «Nous sommes vraiment coupés du reste du monde ici en Nouvelle-Zélande. C’est ce qui est le plus difficile.»
La presse locale en renfort
Ce climat parfois malsain de pression nationaliste est fortement relayé par les médias néo-zélandais, qui ont tendance à perdre leur objectivité lorsqu’ils évoquent Alinghi et la Coupe de l’America.
Plusieurs anciens marins de Team New Zealand qui ont rejoint le défi suisse avouent avoir été déçus du comportement de certains médias.
C’est le cas de Murray Jones: «Ils ont véhiculé l’image d’un pays non sportif et non fair-play, ce qui n’est pas du tout le cas de la plupart des Néo-Zélandais.»
La 31e Coupe de l’America ne se laissera en aucun cas griser par une minorité dans l’île du Pacifique Sud. La fête devrait être somptueuse et le golfe d’Hauraki devrait donner lieu à un des plus beaux affrontements de l’histoire de la compétition.
swissinfo, François Egger, Auckland
– La Coupe de l’America débute le samedi 15 février et se dispute au meilleur des neuf régates
– Alinghi a remporté la Coupe Louis Vuitton le 19 janvier en battant Oracle 5 à 1 devenant ainsi le challenger officiel de la Coupe de l’America
– Le défi suisse a modifié son bateau le SUI 64 pour le rendre plus performant dans les petits airs
– Le défi suisse mélange plus de 17 nationalités différentes dans son équipe
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