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Cet enfant est-il vraiment le mien?

En Suisse, pas de test de recherche en paternité sans l'accord des deux parents. Keystone Archive

De plus en plus d'hommes cherchent une réponse à cette question. Raison pour laquelle la Suisse veut renforcer sa législation en la matière.

Il est désormais possible d’acheter, via Internet, un kit qui permet de réaliser son analyse ADN soi-même à domicile. Ou de confier le travail à un laboratoire spécialisé.

Les Américains ont largement contribué à banaliser ce genre de pratique. Et, depuis quelques années, les Européens leur ont emboîté le pas. Avec un succès certain.

«La vente par correspondance de tests de recherche en paternité est un marché en pleine expansion», confirme Victoria Kappenwallner, ingénieur diplômée de Labtest.

Implanté en Allemagne, ce laboratoire effectue jusqu’à 5 000 tests par année, contre quelques centaines il y a seulement cinq ans.

Moins de mille francs

Le procédé est simple. Il suffit de mettre un peu de salive (du père et de l’enfant) sur un bout de coton. De l’envoyer au laboratoire de son choix. Et les résultats tombent quelques semaines plus tard.

L’expertise coûte moins de mille francs. L’anonymat est garanti. Les pères en proie au doute peuvent donc vérifier leur paternité sans que leur compagne ou leur épouse soit au courant.

20% de Suisses

La commercialisation de ce genre d’analyse d’ADN ne connaît pas de frontière. Et, à en croire Victoria Kappenwallner, les Suisses sont de bons clients. Ils représentent, en effet, 20% des quelque 3’000 tests en paternité réalisés l’an dernier chez Labtest.

Pas étonnant, en Suisse, le prix d’une expertise génétique tourne autour des 2 500 francs. Et même si, pour l’heure, il n’existe pas de loi spécifique concernant les tests de recherche en paternité, leur pratique est fortement limitée.

«La Constitution helvétique interdit de procéder à l’analyse génétique d’une personne sans son consentement», explique Dominique Sprumont, juriste à l’Institut de droit de la santé de Neuchâtel.

«Les recherches en paternité doivent préserver l’intérêt de l’enfant, ajoute le juriste. Et il y a fort à parier que la demande d’un père soupçonneux ne permette pas, à elle seule, de satisfaire à ce critère.»

En conséquence, les laboratoires suisses ne sont pas autorisés à procéder à ce type d’analyse génétique sans le consentement de la mère également.

Un projet de loi

La question sera d’ailleurs réglée dans le projet de loi sur l’analyse génétique humaine qui doit être soumis prochainement au Parlement. «Ce projet vise à limiter encore plus la possibilité d’effectuer ce genre de test en dehors d’une procédure judiciaire», précise Dominique Sprumont.

Dans ce cas, la Suisse s’alignerait sur la France. Où seule l’autorité judiciaire a le droit de demander une expertise génétique.

Cela dit, à l’heure d’Internet, aucune législation nationale n’empêchera un homme soupçonneux de commander une analyse ADN par correspondance dans n’importe quel pays du monde.

Vanda Janka

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