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Christoph Blocher couvre ses services de sécurité

Le conseiller fédéral s'est pour la première fois ouvert sur l'affaire Achraf. Keystone

Les autorités helvétiques ont pris les mesures nécessaires dès qu’elles ont été mises au courant des soupçons pesant sur le présumé terroriste islamiste réclamé par l’Espagne.

Pour le ministre suisse de la Justice, il n’y a pas eu panne d’information. En Suisse, en tous cas.

Alors que le procureur général de la Confédération est à Madrid dans le cadre de l’affaire Achraf, le ministre de la justice Christoph Blocher défend donc les services de sécurité helvétiques.

Jusqu’au 19 octobre, il n’y avait aucun indice concret concernant les activités terroristes présumées de l’homme arrêté en Suisse, a martelé mercredi devant la presse Christoph Blocher, qui sortait pour la première fois de sa réserve.

Pour lui, le cas a été «remarquablement» traité et la Suisse a ainsi prouvé qu’elle apportait sa contribution à la lutte contre le terrorisme.

L’affaire dans le détail

Le conseiller fédéral ne s’est pas arrêté là. Il a détaillé l’historique de l’affaire Achraf. Ce dernier vivait en Suisse depuis 2003 en tant que requérant d’asile sous le nom de Kamel Saadi. Suite au rejet de sa demande d’asile en octobre 2003, il est passé à la clandestinité.

Le 28 août, il est arrêté à l’aéroport de Zurich-Kloten en raison d’un simple vol et placé en détention en vue du renvoi. C’est au début septembre que les services de sécurité suisses l’identifient comme Mohamed Achraf.

Qualifié «d’extrémiste radical», il était surveillé depuis lors. A ce stade toutefois il ne faisait pas l’objet de recherches internationales et aucun indice concret de terrorisme n’était apparu.

Un extrémiste radical n’est pas forcément un terroriste, souligne Christoph Blocher. Il n’était donc pas question à ce moment-là de mobiliser le Ministère public de la Confédération.

Et le ministre de préciser au passage que la Suisse, contrairement à l’Espagne, ne permet pas les écoutes téléphoniques préventives.

Une date essentielle

La date clé est le 19 octobre. C’est ce jour-là seulement que le ministre de la justice espagnole informe personnellement Christoph Blocher par téléphone des fortes présomptions d’actes terroristes à l’égard d’Achraf.

«La machine s’est alors mise en route normalement», explique Jean-Luc Vez, directeur de l’Office fédéral de la police (OFP). A ses yeux, il n’y a pas de problème entre le Service d’analyse et de prévention (DAP) et la police judiciaire fédérale.

Selon Christoph Blocher, l’information a été immédiatement transmise aux autorités cantonales zurichoises, qui ont apparemment tardé à faire suivre au directeur cantonal des prisons. Suivront la demande d’extradition espagnole et une procédure pénale aussi en Suisse.

Cela dit, les autorités fédérales ne savent rien par contre du prétendu spécialiste des explosifs qui aurait aussi séjourné en Suisse il y
a peu.

Une panne d’information

Christoph Blocher veut toutefois aussi tirer des leçons de cette affaire. Il souhaite que l’Espagne explique pourquoi la Suisse n’a été informée que par les médias espagnols.

«J’y vois une panne de l’information», déclaré-t-il. L’appel inhabituel du ministre de la justice espagnol donne à penser que les autorités locales étaient un peu débordées.

Jean-Luc Vez explique aussi que la coopération internationale passe par deux canaux bien distincts.

Il y a d’un côté la filière judiciaire. C’est dans ce cadre qu’est utilisé le système d’information de Schengen (SIS). L’autre est la filière des renseignements. L’Espagne n’a apparemment voulu utiliser que ce second canal.

Christoph Blocher songe aussi à des aménagements dans les services d’information fédéraux. Il y a parfois trop de délégués qui informent sans être assez au courant.

Autre lacune: l’absence de banque de données sur les personnes incarcérées en Suisse. La Confédération risque ainsi de devoir passer par 26 cantons avant de localiser une personne.

Au final, Christoph Blocher estime qu’il n’y a aucune raison de procéder à une nouvelle analyse de la sécurité en Suisse, même si le pays peut servir de base de repli stratégique.

Par ailleurs, estime-t-il, la Suisse n’est pas une cible pour les attentats terroristes.

swissinfo et les agences

28 août 2004: Mohamed Achraf est arrêté par la police et mené dans un centre de détention de l’aéroport de Zurich.
19 octobre: la justice espagnole informe personnellement Christoph Blocher par téléphone des fortes présomptions d’actes terroristes à l’égard de l’islamiste.
21 octobre: le Ministère public de la Confédération ouvre une procédure sur les activités terroristes présumées de l’Algérien.

– Le ministre suisse de justice et police Christoph Blocher estime que l’affaire Achraf a été remarquablement traitée par les services helvétiques de sécurité.

– Christoph Blocher considère par contre qu’il y a eu panne de l’information du côté espagnol et souhaite en connaître la cause.

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