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Comment se prépare une piste de légende

La piste du Lauberhorn, l'an passé, avec son cortège de spectateurs dans le brouillard. Keystone

La neige recouvre la montagne, et les meilleurs skieurs du monde peuvent s'élancer. Pour les organisateurs du Lauberhorn, rien n'est aussi simple.

«Si seulement tout était si facile», soupire avec le sourire Viktor Gertsch, président du comité d’organisation des courses du Lauberhorn. «Nous devons avoir une planification importante et sans faille. Notre conseil d’administration (huit personnes) se réunit deux à trois fois par mois tout au long de l’année. Et deux secrétaires travaillent à temps complet.»

Une neige artificielle

Cette cellule prend en charge les diverses mesures administratives (billetterie, organisation des mesures de sécurité et de contrôle des spectateurs, demandes des médias,…) et veille jalousement sur la préparation du tracé.

«En ce qui concerne la piste, tout débute en décembre, soit dès les premières neiges», explique Viktor Gertsch. «Les véhicules s’ébranlent, poussent la neige un peu plus bas ou en retirent une partie si celle-ci est trop abondante.»

Les règles de la Fédération internationale de ski (FIS) sont claires. Seule la neige artificielle doit être utilisée pour les courses de Coupe du monde», continue Viktor Gertsch.

«Les carres des skis d’aujourd’hui sont si tranchantes qu’elles agressent la piste. La neige naturelle, bien trop douce, ne peut tenir le choc. Ainsi, près de trente personnes travaillent dès mi-décembre pour rendre le tracé le plus compact possible.»

Urs Näpfin, chef de course du Lauberhorn, dirige la manœuvre. Au bas de la piste, il exprime sa satisfaction après des mois de dur labeur. «Nous avons commencé à produire la neige artificielle en novembre et, dans le même temps, nous avons fixé les premiers filets de sécurité situés à plus de quatre mètres du sol. Ils sont situés à des endroits bien précis, préparés durant l’été.»

Sous surveillance permanente

«Juste après Noël, nous nous concentrons sur les derniers aspects de sécurité, concernant le public notamment. Enfin, ces derniers jours, nous ajoutons l’eau nécessaire pour conserver des conditions optimales. 260 personnes, en majorité issues de l’armée suisse, s’occupent de cela.»

Longue de près de quatre kilomètres et demi, le Lauberhorn est donc sous surveillance permanente. Si la qualité de la neige doit être assurée sur la longueur, le travail s’effectue également en profondeur.

«Si les couches inférieures sont trop friables, des glissements sont possibles. Grâce à des instruments de mesure spéciaux, nous en connaissons la fermeté avec précision et nous pouvons injecter le bon dosage d’eau.»

La sécurité sur la glace

Apparemment, le fait de glacer la piste ne la rend pas plus rapide et n’augmente pas les risques. «C’est presque le contraire qui est vrai», clame Urs Näpfin. «Cela permet de garantir l’uniformité du parcours et d’éviter que des trous apparaissent après les vingt premiers. Cela augmenterait le danger.»

Le tragique accident du Suisse Silvano Beltrametti, à Val d’Isère le mois dernier, a relancé le débat sur la sécurité. Mais à Wengen, le responsable de la piste du Lauberhorn insiste sur le fait que la sûreté a toujours été un souci important pour son équipe.

«L’aspect sécuritaire a toujours été une priorité ici. Nous utilisons le meilleur matériel possible. Nous investissons énormément d’argent. Les deux dernières années, près de 320 000 francs suisses ont été déboursés pour l’achat de nouveaux filets de protection.»

En 1986, quatre kilomètres de filets de crochet étaient utilisés. Aujourd’hui, les préparateurs disposent de 13 kilomètres. Les efforts ont été constants et la protection s’est améliorée au fil des ans.

Le verdict de la météo

Mais si les mesures de protection et la préparation de la piste sont des éléments maîtrisables, les conditions météorologiques échappent au contrôle des organisateurs et peuvent réduire à néant tous les efforts consentis.

L’année passée, un épais brouillard avait empêché le bon déroulement des deux descentes. Seul le slalom du dimanche pouvant finalement avoir lieu. Porteur des mauvaises nouvelles, l’an dernier, le météorologiste des lieux, Peter Hinteregger, espère pouvoir annoncer un temps plus clément pour cette édition.

«C’était terrible», se souvient-il. «Lorsque les conditions sont catastrophiques, les gens oublient bien souvent que je n’ai pas le pouvoir de changer la donne.»

Décisive lors des journées de course, ses prévisions sont également employées tout au long de l’hiver dans le travail de préparation. Les dernières données météorologiques permettent encore de décider un report de la course ou le changement du lieu de départ.

«Il est toujours très difficile de prévoir le temps sur un endroit aussi précis. Mais selon les derniers relevés, le week-end s’annonce ensoleillé et les courses devraient pouvoir se dérouler normalement. Enfin, j’espère», soupire Peter Hinteregger, les yeux levés vers le ciel.

Mark Ledsom, Wengen

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