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Comment traiter la violence chez les jeunes

Entre jeunes, la violence reste une réalité. Keystone Archive

Suite à un sondage d'opinion sur la violence chez les jeunes, des spécialistes estiment qu'il n'y a pas de réponse simple à un problème de société compliqué.

Selon l’enquête menée par l’Institut gfs.bern, 76% des Suisses privilègient la répression mais aussi des mesures d’intégration sociale pour mettre fin à la violence chez les jeunes.

Le sondage de gfs.berne sur la violence chez les jeunes est tombé deux mois après le viol d’une fille de 13 ans par une dizaine de garçons à Seebach (Zurich). Ce trame est intervenu après d’autres viols à Steffisburg (Berne) et Rhäzüns (Grisons), dont plusieurs protagonistes étaient aussi étrangers ou naturalisés.

Les réactions ne se sont pas fait attendre dans le monde politique. A commencer du côté de l’Union démocratique du centre (UDC, droite dure). Son homme fort, le ministre de la Justice et de la Police Christoph Blocher, a proposé de retirer le passeport à croix blanche aux naturalisés qui commettent des délits.

Matraquage médiatique

«Il est faux de faire peser la responsabilité d’actes individuels sur toute une communauté», regrette Gianni d’Amato, professeur au Forum pour l’étude des migrations.

Pour sa part, Olivier Guéniat, chef de la Police de sûreté de Neuchâtel, est sceptique: «Ce sondage intervient trop près des faits. Les gens veulent plus de sévérité, sans connaître le système pénal.»

«Certes, la violence augmente de manière linéaire (surtout les conflits de personnes). En réalité, si on sait lire derrière les chiffres, elle diminue. Mais il y a un effet d’annonce: les agressions sont dénoncées plus souvent qu’avant, surtout depuis que les gens ont des portables.»

Le criminologue dénonce «le matraquage des médias qui font des amalgames sans aller voir ce qui se passe dans la réalité du terrain».

Un thème politique

L’institut gfs a publié ce sondage en complément au 2e baromètre électoral de la SSR. C’est dire si le thème est devenu politique.

«Christoph Blocher et son parti sont des pros de la communication. Par la provocation, ils ont souvent réussi à forcer les autres partis à se prononcer. C’est ainsi que la violence des jeunes est en train de devenir un thème électoral», analyse Daniel Kübler, politologue de l’Université de Zurich.

De son côté, Viola Amherd, députée démocrate-chrétienne, se félicite de l’écho important reçu par trois de ses interventions contre la violence des jeunes, déposées en décembre dernier à la Chambre du peuple.

«J’ai été étonnée mais surtout soulagée de voir que mes collègues se sentent concernés, déclare la Valaisanne à swissinfo. Ce n’est ni un problème de jeunes, ni un problème d’étrangers, c’est un problème de société.»

Politique du bâton

Selon ce sondage, Sept Suisses sur 10 sont favorables à une législation plus répressive et même au retrait de la nationalité helvétique aux délinquants d’origine étrangère. Et ce, tous partis confondus, à l’exception des sympathisants des Verts.

Qu’en pense-t-on au parti socialiste? «Nous sommes favorables à la fois aux sanctions et aux mesures d’intégration. Après tout, chacun a des droits comme des obligations», répond la porte-parole Claudine Godat.

Pour ce qui est de la répression, le nouveau droit pénal des mineurs entré en vigueur le 1er janvier durcit les peines encourues, notamment pour les infractions les plus graves. «Le problème, c’est l’application, souvent en contradiction avec la lettre de la loi», note Daniel Kübler.

L’ombre de Vichy

Le retrait du passeport suisse? «Inapplicable», martelle Gianni d’Amato.

Pour ce professeur au Forum pour l’étude des migrations «les derniers à l’avoir fait ont été la France de Vichy et les ex-pays communistes. Priver quelqu’un de sa nationalité, c’est en faire un apatride. Et cela poserait d’énormes problèmes de droit international.»

Reste que Christoph Blocher a chargé ses services de préparer un projet de naturalisation à l’essai. De manière générale, l’UDC fait de l’intégration un des thèmes de sa campagne en vue des élections fédérales.

«C’est un problème de société trop sérieux pour servir la propagande», s’insurge Viola Amherd. Estimant que «la sévérité ne résout rien», la démocrate-chrétienne privilégie la prévention et la sensibilisation, par exemple avec des cours sur les droits de l’homme et en responsabilisant les parents.

Etudier les causes

Et si la politique du bâton ne suffit pas? La grande majorité des Suisses croient aux mesures d’intégration des étrangers, prônées depuis longtemps par la gauche, et 9 sur 10 souhaitent une augmentation des places d’apprentissage.

Gianni d’Amato estime que, pour trouver des solutions politiques au phénomène de la violence des jeunes, Suisses ou étrangers, il faut d’abord en étudier les causes de ce fléau.

«Si on se donne les moyens de comprendre ce qui les fait bouger, on pourrait intervenir au niveau de l’école pour améliorer leur qualification pour la vie professionnelle», explique le sociologue à swissinfo.

Olivier Guéniat partage ce point de vue. «Quand on sait que la précarité sociale aboutit à l’insécurité, il faut offrir aux gens les moyens de s’intégrer, reste à y mettre le prix.»

swissinfo, Isabelle Eichenberger

Selon les statistiques fédérales, 943’700 mineurs de 7 à 17 ans vivent en Suisse.
En 2005, 14’106 jugements ont été prononcés contre des mineurs (12’767 en 2001), dont deux tiers sont suisses et un tiers étrangers.
Les violences ont augmenté de 10 à 16% depuis 1999, plus des 4/5 de cette augmentation concernant les infractions les moins graves (lésions corporelles simples, voies de fait et menaces).
Le nombre des atteintes à l’intégrité sexuelle commises par des mineurs a augmenté de 62% entre 1999 et 2004, selon la Conférence latine des directeurs cantonaux de justice et police.

Publié le 21 janvier, le sondage de l’Institut gfs.bern pour la SSR SRG Idée suisse a montré que 9 Suisses sur 10 souhaitent une augmentation des places d’apprentissage et 8 sur 10 souhaitent d’autres mesures d’intégration.

69% sont favorables au retrait de la nationalité helvétique aux jeunes délinquants d’origine étrangère et70% approuvent un durcissement du droit pénal.

Le sondage a été mené auprès de 2009 personnes du 18 décembre au 9 janvier.

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