Cornelio Sommaruga divise le gouvernement Sharon
Ariel Sharon s'oppose à la participation de l'ex-président du CICR à la mission de l'ONU sur Jénine. Mais Shimon Peres défend Cornelio Sommaruga.
Y a-t-il eu massacre à Jénine? La réponse à cette question ne va pas tomber aussi vite que prévu. Car, après en avoir accepté le principe, le gouvernement israélien a décidé mardi soir de remettre en cause la mission onusienne d’établissement des faits.
Vendredi dernier, le Conseil de sécurité de l’ONU avait chargé trois personnalités de faire la lumière sur le déroulement exact de l’offensive israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine.
Mass, avant de donner son feu vert définitif à cette mission, l’Etat hébreu veut obtenir des garanties quant à son mandat. Il réclame également un élargissement de sa composition à des experts militaires.
Des propos antisémites
Un diplomate occidental, cité par l’agence AP, déclare qu’Israël souhaite surtout que Cornelio Sommaruga soit écarté de l’équipe nommée par Kofi Annan et qui comprend aussi l’ancienne responsable du HCR Sadako Ogata et l’ex-président finlandais Martti Ahtisaari.
Dans leurs éditions de mercredi, l’ensemble des quotidiens israéliens font état de propos antisémites qu’aurait tenu Cornelio Sommaruga, citant des sources gouvernementales.
Contacté par swissinfo, le quotidien Haaretz précise que ces sources proviennent en fait du bureau du Premier ministre israélien. Ariel Sharon est en train d’orchestrer une campagne de presse destinée à faire remplacer l’ancien patron du CICR par un expert militaire, l’ancien général américain Bill Nash.
Mais le ministère israélien des Affaires étrangères, fief du travailliste Shimon Peres, ne l’entend pas de cette oreille. Alan Baker, conseiller juridique du ministère, a en effet vigoureusement démenti ces allégations.
Selon lui, les propos de Cornelio Sommaruga ont été déformés et sortis de leur contexte. Enfonçant le clou, Alan Baker a, en revanche, affirmé que l’ancien patron du CICR était un professionnel respectable qui avait fait ses preuves dans l’arène internationale.
La crainte d’un procès
Décidé à aller jusqu’au bout de son projet, le gouvernement Sharon vient de dépêcher à New York une délégation chargée de négocier avec le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan.
Officiellement, les Israéliens veulent s’assurer que l’enquête onusienne porte uniquement sur les événements qui se sont déroulés dans le camp de réfugiés de Jénine le 3 avril et le 12 avril dernier. Une exigence soutenue par Washington.
La délégation veut également obtenir des précisions sur la suite qui sera donnée au rapport que fera la mission onusienne.
Ce document doit être transmis à Kofi Annan, avant que le secrétaire général de l’ONU n’en dévoile la teneur au Conseil de sécurité de l’ONU.
Selon la radio publique israélienne, la grande crainte d’Ariel Sharon est de voir le rapport tomber entre les mains de la Syrie qui est actuellement membre du Conseil de sécurité.
Et au cas où les faits rapportés par les experts mandatés par l’ONU seraient accablants pour l’Etat hébreu, Damas pourrait en effet décider de transmettre le dossier à la justice internationale.
swissinfo/Frédéric Burnand avec Serge Ronen à Jérusalem
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