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Critique suisse contre la répression au Népal

Les manifestants sont descendus dans les rues malgré le couvre-feu. swissinfo.ch

Le représentant de la coopération suisse à Katmandou qualifie d'abus des droits humains les récentes arrestations de manifestants dans la capitale népalaise.

Pour discuter de la situation, le gouvernement helvétique a invité des représentants des autorités et de la société civile népalaises à se rencontrer le 18 avril à Genève.

«L’Etat a constitué un important système de répression qui va à l’encontre des droits démocratiques et va jusqu’à l’intimidation et à la limitation de la liberté de mouvement.»

Jörg Frieden, responsable de la Direction du développement de la la coopération (DDC) au Népal, a fait part de son inquiétude à swissinfo, après une grève qui se poursuit depuis cinq jours. Un mouvement de protestation décrété par les sept partis de l’opposition qui mènent campagne contre le roi Gyanendra.

Les abus de ce dernier font déjà l’objet de nombreuses critiques de la communauté internationale. Quelque 150 juristes, médecins et journalistes sont détenus d’une manière que Jörg Frieden qualifie d’abusive.

En réaction, les autorités népalaise ont imposé un couvre-feu à Kathmandou et dans les environs pour empêcher des manifestations contre le pouvoir absolu du roi. Couvre-feu qui a été reconduit mardi pour la quatrième journée consécutive.

Certaines améliorations

Alors que des milliers de manifestants ont défié le couvre-feu en divers points des environs de la capitale, cinq personnes ont été tuées et des centaines d’autres ont été blessées lors d’affrontements avec la police. Celle-ci a reçu l’ordre de tirer sur quiconque violerait le couvre-feu.

Malgré cela, Jörg Frieden estime qu’en dépit d’une situation des droits humains qui laisse beaucoup à désirer, certaines améliorations ont été apportées l’année dernière dans le royaume himalayen.

«Je ne dirai pas que la situation des droits humais est bonne mais les efforts de la communauté internationale ont certainement permis de limiter les dégâts et de réduire le niveau d’impunité», explique le coopérant suisse.

Négociations de paix

La grève a éclaté quelques jours seulement après que la Suisse a invité des représentants des autorités et de la société civile népalaises à se rendre à Genève le 18 avril pour des discussions sur la question des droits humains.

Cette plate-forme permettra au représentant à Kathmandou du Haut-commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH) et aux organisations non gouvernementales de défense des droits humains d’exprimer leur point de vue.

Malgré des affrontements quotidiens entre forces armées et manifestants qui défient l’interdiction gouvernementale, Jörg Frieden ajoute que le peuple népalais a très bien résisté dans ce conflit qui dure depuis plus de dix ans et a déjà fait plus de 13’000 morts.

«Cela semble impossible qu’un peuple si gentil et aimable ne parvienne pas à trouver un compromis. Une solution possible serait d’intégrer les rebelles maoïstes à la vie politique, d’établir un régime démocratique avec des élections, tout en en laissant un certain rôle au roi», estime l’expert suisse.

La violence a redoublé au Népal depuis que le roi Gyanendra a révoqué le gouvernement et pris le pouvoir de manière unilatérale en février 2005.

swissinfo, Billi Bierling à Katmandou
(Traduction de l’anglais: Isabelle Eichenberger)

– Le Népal est un des pays prioritaires de l’aide suisse au développement, qui travaille dans des régions agricoles, contrôlées en grande partie par les rebelles maoïstes.

– La Direction du développement et de la coopération (DDC) est présente au Népal depuis plus de 40 ans.

– Avec un budget de 20 millions de francs par an, elle y développe des projets d’infrastructures rurales, de construction de ponts et de routes.

Le Népal compte 26,3 millions d’habitants.
C’est l’un des pays les plus pauvres du monde, avec un revenu moyen de 274 francs par habitant et par an (2002).
Les rebelles maoïstes luttent depuis 1996 contre la monarchie constitutionnelle et le conflit a fait plus de 13’000 morts.
Lors de son coup de force de février 2005, le roi Gyanendra a révoqué le gouvernement et déclaré l’état d’urgence.

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