Des soldats suisses pour stabiliser la Bosnie
Jeudi, l'Union européenne a pris la relève de l’OTAN en Bosnie à la tête d’une force de stabilisation (EUFOR) qui inclut onze pays tiers, dont la Suisse.
Cet engagement de soldats suisses dans l’opération de maintien de la paix Althea est dénoncé par l’UDC, le parti de la droite dure et nationaliste.
Neuf ans après les accords de Dayton qui ont mis fin au conflit bosniaque, l’Union européenne (UE) entame sa première vaste mission de maintien de la paix. Elle dirige l’opération Althea dont l’effectif sera de quelque 7000 hommes.
Avec l’EUFOR, l’UE prend le relais de la force de stabilisation de l’OTAN (SFOR) qui laisse un tout petit contingent de 150 hommes sur place, Américains y compris.
Les grandes priorités sont les mêmes que celles de la SFOR: maintenir la paix, favoriser l’état de droit, rechercher les criminels de guerre et collaborer avec le Tribunal international de La Haye (TPI).
Presque une évidence
Outre 22 membres de l’UE, l’opération comprend onze pays tiers. La Suisse envoie au total vingt soldats et officiers en Bosnie, onze étant déjà sur place.
Ils effectueront des tâches de liaison et d’observation. Le budget de leur mission s’élève à 5,4 millions de francs par année.
Ambassadeur de Suisse auprès de l’UE, Dante Martinelli, l’affirme haut et clair: la sécurité de la Suisse, au «sens large», se défend aussi à Sarajevo. En aidant à stabiliser les Balkans, la Confédération veut éviter tout nouvel incendie dont les flammes se propageraient peut-être jusque sur son territoire.
Cette doctrine de la sécurité par la coopération franchit avec l’opération Althea une nouvelle étape. Pour la première fois, des soldats suisses se retrouvent sous la bannière de l’UE.
Aux yeux de la diplomatie helvétique, cette participation relève presque de l’évidence. Un de ses représentants à Bruxelles, Benedikt Wechsler, mentionne la nécessaire lutte contre le crime organisé ou la recherche des criminels de guerre, en plus de la stabilité de la région et du soutien à la population locale.
Berne ne cache pas non plus son propre intérêt. En assurant le maintien de la paix en Bosnie, la Confédération peut continuer à y renvoyer les réfugiés et prévenir une éventuelle crise qui pousserait à nouveau les gens sur la route de l’exil.
Aucune utilité
Mais l’Union démocratique du centre (UDC / droite dure) – le premier parti politique du pays – voue ce genre de collaborations aux gémonies. «Elles ne servent à rien du tout», tonne le député Ulrich Schlüer, jugeant que «cela coûte mais ne rapporte rien».
Pour ce démocrate du centre zurichois, «on est certes présent, mais sans la moindre perspective politique» sur la résolution de la crise.
Pire encore à ses yeux, l’argument de la stabilité est une hypocrisie. «Qu’est-ce que cela veut dire stabilité, quand on est sur place à regarder comment se parachève la purification ethnique?»
A écouter Ulrich Schlüer, la Suisse devrait donc cesser de telles coopérations internationales. Cette politique est celle d’une «élite» et peut avoir des répercussions très graves.
Selon lui, l’Espagne l’a appris à ses dépens. En s’associant à l’intervention américaine en Irak, elle a pris le risque d’être ensuite frappée en représailles par un terrible attentat.
Benedikt Wechsler ne se démonte pas devant de tels arguments. Le diplomate rejette les critiques et parle au contraire de «légitimité populaire». Les Suisses ont approuvé les missions armées à l’étranger ainsi que la réforme Armée 21 qui préconise des opérations de ce type.
swissinfo et les agences
La Suisse enverra un maximum de 20 soldats en Bosnie.
11 sont déjà sur place.
Le budget est de 5,4 millions de francs par an.
Les Suisses participeront à des missions de liaison et d’observation.
– La Suisse n’en est pas à sa 1ère mission dans les Balkans.
– Depuis 1999, elle participe au contingent international de la KFOR au Kosovo. (Swisscoy).
– Trois policiers participent à l’opération de police de l’UE en Macédoine (Proxima).
– De 1996 à 2000, des «bérets jaunes» suisses ont appuyé la mission de l’OSCE en Bosnie.
– En 2001, le peuple suisse a accepté que les soldats en mission à l’étranger soient armés.
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