Didier Cuche et Lara Gut, locomotives du ski suisse
Didier Cuche et Lara Gut seront les porte-drapeaux du ski suisse cet hiver. Dès ce week-end en Autriche, où sera donné le coup d'envoi de la saison, leurs regards seront tournés vers les Championnats du monde organisés en février 2009 dans la station française de Val d'Isère.
Didier Cuche et Lara Gut. A priori, deux sportifs aux antipodes si l’on se réfère à leur palmarès. D’un côté, un skieur confirmé, 34 ans, 8 victoires et 42 podiums de Coupe du monde, consacré meilleur descendeur de la planète ces deux dernières saisons. De l’autre côté, une jeune Tessinoise de 17 ans, inexpérimentée, qui a pour seul fait d’arme au plus haut niveau une 3e place lors de sa première course de Coupe du monde à St-Moritz (Grisons) l’année dernière.
Didier Cuche et Lara Gut ont pourtant beaucoup de points en commun: un esprit de compétition hors normes, un mental d’acier, un caractère bien trempé et une faculté d’analyse de leurs performances au-dessus de la moyenne. Cet hiver, et notamment aux Mondiaux de Val d’Isère, grand objectif de la saison, ces deux talents du ski suisse seront au centre de toutes les attentions.
Didier Cuche rêve du titre suprême
Les objectifs de Didier Cuche sont clairs: décrocher une médaille, si possible en or, dans la station française et être sacré pour la 3e fois d’affilée meilleur descendeur de la planète au terme de la saison de Coupe du monde.
Le skieur neuchâtelois a également une autre idée derrière la tête, comme le confirme Martin Rufener, l’entraîneur en chef des skieurs suisses: «C’est clair que Didier pense au classement général de la Coupe du monde, (ndlr: le titre suprême qui couronne le meilleur skieur de la saison toutes disciplines confondues). Pour cela, il devra engranger plus de points en slalom géant et des efforts ont été faits en ce sens durant la préparation estivale.»
Le solide boucher de formation a l’expérience nécessaire pour surmonter les difficultés qui vont survenir en cours de saison et frapper un grand coup à Val d’Isère en février prochain.
Lara Gut attendue au tournant
Lara Gut arrivera-t-elle également à gérer les aléas d’une saison entière au sein de l’élite ? Promise à un avenir radieux et encensée par la presse depuis son exploit de St-Moritz en février dernier – elle avait terminé 3e avec un dossard élevé pour sa première course en Coupe du monde malgré une chute à quelques dizaines de mètres de l’arrivée -, la skieuse tessinoise aura assurément beaucoup de poids à supporter sur ses épaules.
«La pression sur Lara Gut sera énorme, confirme Hugues Ansermoz, chef de l’équipe féminine. C’est maintenant qu’on verra si elle a l’étoffe d’une grande championne ou si elle est simplement humaine. Mais comme je la connais, elle est capable de supporter tout cela.»
Lara Gut possède en effet un mental et une capacité d’analyse hors du commun pour son jeune âge. «Elle a déjà atteint une maturité que certaines skieuses de 30 ans n’ont pas encore», souligne Hugues Ansermoz.
A talent exceptionnel, structure exceptionnelle. Lara Gut effectuera sa première saison complète de Coupe du monde avec la combinaison de l’équipe de Suisse tout en disposant d’un encadrement individuel, en dehors du cercle des équipes nationales. Son père, Pauli Gut, et l’entraîneur Mauro Pini, sont les hommes forts d’un team tout entier consacré à la (future) championne.
«Pour l’instant, cette situation satisfait tout le monde, assure Hugues Ansermoz. Sur les courses de Coupe du monde et durant les Mondiaux, le team de Lara intègrera notre groupe et on évitera ainsi les flottements de l’année dernière, où la situation n’était pas très claire.»
Symbole du renouveau
L’omniprésence de Lara Gut fait pourtant de l’ombre à certaines coureuses d’expérience et a été à l’origine de quelques tensions au sein de l’équipe féminine la saison passée. «Des filles comme Martina Schild ou Fabienne Suter, qui ont gagné des courses de Coupe du monde, n’ont pratiquement aucune place dans les médias. C’est parfois un peu difficile pour elles, mais l’arrivée de Lara Gut a titillé leur orgueil. Je vois davantage d’aspects positifs que négatifs à cette situation», affirme Hugues Ansermoz
Lara Gut, c’est non seulement l’avènement d’une grande championne, mais c’est aussi le symbole du renouveau du ski suisse observé ces deux dernières saisons. Après un long passage à vide, les Cuche, Albrecht, Berthod, Défago, Schild et autre Suter ont reconquis la place qui revenait à cette nation alpine dans le Cirque Blanc (surnom donné à la Coupe du monde de ski alpin).
Derrière l’indétrônable équipe d’Autriche, la Suisse est désormais à nouveau bien établie au 2e rang de la hiérarchie mondiale. Mais le plus dur reste peut-être à venir. Deux ans après les Mondiaux d’Are, en Suède, où la Suisse avait récolté 6 médailles, il s’agira de confirmer à Val d’Isère.
Les objectifs fixés par la fédération suisse de ski, soit 5 médailles, sont en effet très élevés au vu du nombre d’épreuves (11) organisées durant ces Championnats du monde.
swissinfo, Samuel Jaberg
La Coupe du monde de ski alpin démarre ce week-end avec deux épreuves de slalom géant organisées sur le glacier autrichien de Sölden.
Jusqu’au 15 mars 2009, les skieurs se déplaceront dans 18 stations nord-américaines et européennes (16 pour les dames).
En Suisse, les villages bernois d’Adelboden et de Wengen organisent en janvier des épreuves qui sont parmi les plus réputées du circuit. La station grisonne de St-Moritz mettra sur pied en février des courses de Coupe du monde féminines.
Des globes de cristal seront attribués aux meilleurs skieurs de chaque discipline (descente, super-G, slalom géant, slalom et combiné) au terme de la saison.
Le meilleur skieur de la saison toutes disciplines confondues pourra soulever le grand globe de cristal, distinction suprême en ski alpin.
Les Championnats du monde de ski alpin ont lieu tous les deux ans. Durant 15 jours, les meilleurs skieurs de la planète se retrouvent pour tenter de décrocher des médailles dans les disciplines habituelles de la Coupe du monde.
Une épreuve par nations, regroupant messieurs et dames, complète le programme. Cette année, c’est à la station savoyarde de Val d’Isère (02.02-15.02.09) que revient l’honneur d’organiser ces joutes.
Didier Cuche, qui est monté à 12 reprises sur un podium de Coupe du monde la saison dernière, est la locomotive incontestée de l’équipe masculine de ski.
Le Valaisan Daniel Albrecht est également une valeur sûre mais devra se montrer plus régulier s’il entend jouer les premiers rôles cette saison.
Les Grisons Marc Berthod et Marc Gini ainsi que les Valaisans Didier Défago et Silvan Zurbriggen sont les autres candidats les plus sérieux à des places sur le podium.
Du côté des filles, plusieurs skieuses sont capables de s’imposer dans les épreuves de vitesse. On pense notamment aux expérimentées Fränzi Aufdenblatten, Nadia Styger ou Martina Schild.
Outre Lara Gut, la Schwytzoise Fabienne Suter (23 ans) est l’autre jeune skieuse la plus en vue au sein de l’équipe féminine.
Dans les disciplines techniques (slalom et géant), les espoirs féminins de médaille sont quasiment nuls.
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