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Didier Défago, nouveau héros du ski suisse

Keystone

En remportant consécutivement les descentes de Wengen et de Kitzbühel, Didier Défago est entré dans l'histoire du ski suisse. Longtemps dans l'ombre des champions, le Valaisan disputera mercredi le super-G des Mondiaux avec le costume de favori sur les épaules. Rencontre.

Sur la façade de la Maison suisse de Val d’Isère, le portrait géant de Daniel Albrecht rappelle aux passants que le ski est un sport imprévisible où gloire et drame sont intimement liés.

Le skieur haut-valaisan, qui aurait dû être une figure marquante du camp suisse durant ces Mondiaux, est toujours plongé dans le coma après sa terrible chute à Kitzbühel il y a deux semaines.

Passée la porte d’entrée de la Maison suisse, l’heure n’est plus à la pensée émue mais à la bousculade monstre. Les journalistes se sont déplacés en masse pour la première rencontre avec les skieurs suisses.

Dans le bar du sous-sol, il faut jouer des coudes pour accéder à l’attraction du jour. Depuis ses débuts en Coupe du monde il y a 12 ans, jamais Didier Défago n’avait été l’objet d’autant d’intérêt.

«C’est un peu de ma faute», s’excuse presque le skieur valaisan. En s’adjugeant les prestigieuses descentes du Lauberhorn à Wengen et de la Streif à Kitzbühel, «Déf», comme le surnomment ses amis, est en effet passé dans l’autre dimension, celle des athlètes qui resteront dans les annales du ski mondial.

Les fruits d’un dur labeur

Avant ce coup d’éclat que seuls 11 coureurs avaient réussi auparavant, Didier Défago était cantonné dans le rôle du bon skieur, toujours bien placé, mais presque jamais sur le podium. Dans les aires d’arrivée, on raillait parfois un peu le manque d’ambition de ce skieur qui semblait se contenter trop facilement d’accessits.

Sa seule victoire, il l’avait acquise il y a 6 ans, en super-G, à Val Gardena. Son deuxième succès, ici même à Val d’Isère, en 2005, lui avait été confisqué pour quelques millimètres en trop sur sa fixation de ski. Mais ce n’était que partie remise.

Depuis, Didier Défago a fait du chemin. Et cette saison, il s’est véritablement métamorphosé. Patrice Morisod, l’entraîneur qui le suit depuis ses débuts en Coupe du monde, n’est pourtant pas surpris par cette soudaine apparition devant les projecteurs. «Je ne vois pas cette explosion dont les médias parlent. Ca fait 10 ans que Didier fait partie des meilleurs coureurs suisses. Il récolte simplement les fruits de son énorme travail.»

Maturité et stabilité

Pour Patrice Morisod, il existe toutefois de nombreux facteurs qui peuvent expliquer les succès de Défago. «Sa vie familiale et la naissance de sa fille l’ont assagi, il arrive à mieux gérer ses émotions. L’expérience joue également un grand rôle, notamment au niveau du matériel, dont il arrive à beaucoup mieux comprendre le fonctionnement. Les progrès techniques réalisés cet été ont permis d’améliorer sa stabilité sur les skis. Et enfin, il a profité du brin de chance nécessaire à tout succès».

Didier Défago, lui, parle de maturité. «J’ai toujours été un coureur instinctif. Maintenant, je skie un peu plus avec ma tête». Si le champion valaisan ne veut pas mettre ses victoires sur le compte de sa vie familiale, il reconnaît toutefois que ça lui apporte une certaine stabilité.

«J’ai la chance énorme d’être en bonne santé. J’ai une petite fille qui se porte très bien et une femme formidable qui s’en occupe merveilleusement. Je ne suis pas souvent à la maison, mais quand je passe un jour avec ma famille, j’arrive à en puiser un maximum d’énergie.»

Que du bonus

Malgré la sérénité dégagée, Didier Défago arrivera-t-il à supporter l’énorme attente placée en lui par les médias et le public? «Je sens que les espoirs du peuple suisse sont énormes. Mais Didier a tout à gagner et rien à perdre à Val d’Isère, explique Patrice Morisod. Tout ce qu’il obtiendra, c’est du bonus car sa saison est déjà réussie.»

Même s’il est conscient du parcours déjà accompli, Didier Défago n’entend cependant pas brader ces Mondiaux. «Gagner une médaille ici, c’était un de mes objectifs prioritaires avant le début de saison et ça le reste évidemment. Je me sens le devoir de réussir une bonne performance pour l’équipe de Suisse ».

Mercredi, lors du super-G, Didier Défago prendra le départ en pleine forme et avec un moral au beau fixe. Il n’a en effet jamais terminé au-delà de la 6e place en 4 courses dans la discipline cette saison.

Quatre Suisses ambitieux

«La confiance est primordiale pour chaque athlète. Mais c’est important de ne pas trop en abuser, sinon on risque de vite partir à la faute. J’ai bien skié depuis le début de la saison, il ne faut pas que je cherche à faire autre chose».

«Je sais qu’il est capable de frapper un grand coup, comme les 3 autres Suisses au départ. Ils ont la chance de rentrer dans la légende du ski en gagnant une médaille d’or durant ces Mondiaux», n’hésite pas à affirmer Patrice Morisod. Avec Didier Cuche, Carlo Janka et Ambrosi Hoffmann, l’équipe de Suisse a en effet 4 garçons capables de monter sur le podium.

Mais dans les Alpes françaises, Didier Défago ne se contentera certainement pas de places d’honneur. «J’espère pouvoir rester sur mon nuage encore au moins pendant dix jours», lance-t-il en conclusion.

swissinfo, Samuel Jaberg à Val d’Isère

Papa. Né le 2 octobre 1977, Didier Défago vit à Morgins, dans le Valais francophone. Il est marié et père d’une petite fille âgée d’un an et demi.

Succès. En Coupe du monde, il a remporté 3 victoires (descentes de Wengen et Kitzbühel en 2009 et super-G de Val Gardena en 2002). Il est monté à 11 reprises sur le podium.

Mondiaux. Didier Défago a participé à 4 reprises à des Championnats du monde. Son meilleur résultat est une 4e place à Are, en Suède, en 2007. En deux participations aux Jeux olympiques, il a obtenu comme meilleur résultat une 6e place en super-G à Salt Lake City en 2002.

Rencontre. Située en plein cœur de Val d’Isère, dans l’Auberge St-Hubert, la «House of Switzerland» est le point de rencontre des fans, skieurs et journalistes suisses durant les Mondiaux.

Valais. Le canton du Valais est le sponsor principal de cet outil de promotion touristique déjà mis sur pied durant les dernières éditions des Jeux olympiques et des Championnats du monde.

SSR. La télévision suisse romande diffuse quotidiennement une émission, intitulée «Etoiles des neiges», en direct de la Maison suisse.

Mercredi 4: super-G messieurs (départ à 11h)

Vendredi 6: super combiné dames

Samedi 7: descente messieurs

Dimanche 8: descente dames

Lundi 9: super combiné messieurs

Mercredi 11: coupe des nations par équipe

Jeudi 12: slalom géant dames

Vendredi 13: slalom géant messieurs

Samedi 14: slalom dames

Dimanche 15: slalom messieurs

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