«Dommage qu’on ne tire pas à la même corde»
La Suisse devra apprendre à vivre avec deux systèmes de classification hôtelière. Les négociations entre deux organisations de la branche ont échoué.
Hotelleriesuisse maintient ses étoiles, Gastrosuisse lance ses catégories en « C ». Le président d’Hotelleriesuisse a de sérieux doutes sur les chances de cette concurrence. Il l’a dit à swissinfo.
Le conflit a duré plus d’une année, depuis que Gastrosuisse, fort de ses 20’000 membres dans la restauration, dont environ 5000 dans l’hôtellerie, avait annoncé son intention d’instaurer son propre système d’étoiles.
En mai dernier, une mesure provisionnelle du Tribunal de commerce de Zurich a interdit à Gastrouisse d’utiliser les étoiles, propriété d’Hotelleriesuisse, qui a instauré ce système en 1979.
Gastrosuisse, qui dit vouloir «continuer à s’engager en faveur de la liberté de l’économie de marché», soit contre une utilisation «abusive» des droits d’auteur et des marques, a décidé de poursuivre sur la voie solitaire et a présenté la semaine dernière son système de classification, intitulé «HOT-C».
«La co-existence de plusieurs systèmes fonctionne très bien en France, explique le directeur de Gastrosuisse Florian Hew. Nous enregistrons d’ailleurs de très nombreuses demandes».
Quant aux raisons qui ont amené l’association à préférer la voie solitaire, le directeur rappelle qu’il s’agissait «d’agir très rapidement en faveur des petits et moyens établissements qui ne sont pas encore classés. Or Hotelleriesuisse voulait que nous attendions la prochaine révision du système, dans cinq ans. C’était pour nous inacceptable, de même que le fait que nous n’aurions pas obtenu la parité dans la commission d’attribution des étoiles».
Guglielmo Brentel, président d’hotelleriesuisse, regrette la décision de Gastrosuisse. Il l’a dit à swissinfo.
swissinfo: Vous dites que la «guerre des étoiles» avec Gastrosuisse est terminée. Mais une plainte est toujours pendante au Tribunal de commerce de Zurich…
Guglielmo Brentel: Après quatre ou cinq rondes de discussion l’année passée, Gastrosuisse avait refusé le résultat des négociations (haussement d’épaules). Tant pis, il faudra vivre avec deux systèmes de classification en Suisse. On verra si c’est possible, ce dont je ne suis pas convaincu.
swissinfo: Comment jugez-vous les catégories de Gastrosuisse?
G. B.: Malheureusement, pour ce qu’on sait en l’état actuel, les systèmes ne sont pas comparables. Pour le consommateur, c’est très dommage. Il aurait été dans l’intérêt de tout le monde, surtout dans l’optique d’un positionnement international, de tirer à la même corde.
Notre spécialisation, c’est l’hôtellerie, tandis que Gastrosuisse excelle dans la restauration. Que chacun soit fort dans son domaine ! D’ailleurs, deux de mes établissements sont membres de Gastrosuisse!
swissinfo: Vous évoquez une étude sur les deux systèmes. Quelles sont ses conclusions?
G. B.: Nous avons commandé cette étude dans le cadre de la procédure judiciaire et elle fait partie des actes de la cour, je ne peux donc pas en parler. Je précise néanmoins qu’une mesure provisionnelle du juge nous a donné raison sur tous les points.
swissinfo: A terme, songez-vous à de nouvelles négociations avec Gastrosuisse?
G. B.: Après l’échec de nos discussions, je dois dire que mes attentes sont considérablement refroidies.
swissinfo: Comment jugez-vous la situation actuelle de l’hôtellerie?
G. B.: On assiste à un véritable boom dans les villes, Zurich et Bâle en particulier, où les nouveaux hôtels s’ouvrent à un rythme soutenu. Il est aussi frappant que ces établissements profitent principalement d’un tourisme de loisirs en pleine expansion, et accueillent beaucoup de Suisses, et non pas des hommes ou femmes d’affaires en déplacements professionnels.
Dans les régions traditionnelles de vacances en revanche, la situation est difficile. Nous allons lancer en novembre une réflexion pour soutenir cette catégorie et l’aider à se positionner sur le marché.
Interview swissinfo: Ariane Gigon-Bormann à Zurich
Gastrosuisse, organisation regroupant quelque 20’000 membres dont environ 5000 «prestataires d’hébergement» a déclenché la «guerre des étoiles» en 2005 en annonçant vouloir lancer son propre système de classification par étoiles.
Hotelleriesuisse, qui a instauré le système en Suisse en 1979, s’y est opposé. Le Tribunal de commerce de Zurich lui a donné raison en mai 2006 mais la procédure n’est pas terminée. Le verdict sera valable pour toute la Suisse.
La Suisse compte officiellement 5836 hôtels, dont près de 4000 ne donnent pas d’indications ou ne figurent dans aucune catégorie (Fédération Suisse du Tourisme, chiffres 2005)
Hotellerisuisse regroupe 3350 membres, dont 2200 hôtels qui génèrent 75% des nuitées en Suisse.
Le système présenté par Gastrosuisse le 22 septembre dernier se nomme «HOT-C». Il vise l’instauration de cinq catégories. Pour l’heure, trois ont été mises en place.
C1 signifie «simple», C2 «fonctionnel» et C3 «élevé».
Les établissements qui proposent uniquement le petit-déjeuner et des snacks recevront le label «Garni».
La décision de catégorisation se base sur une auto-évaluation et un contrôle de deux experts.
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