En Suisse, les dons d’organe restent trop rares
Le don d'organes n'a toujours pas la cote en Suisse. Malgré une légère amélioration, les donneurs font encore cruellement défaut, selon Swisstransplant, la Fondation nationale suisse pour le don et la transplantation d'organes.
L’an dernier, 62 personnes sont décédées parce qu’elles n’ont pas pu recevoir d’organe, soit 12 cas de plus qu’en 2007. Par ailleurs, 1544 patients figuraient sur une liste d’attente pour une transplantation, soit 163 de plus que l’année précédente.
«Pour la première fois, il y a eu une légère augmentation du nombre de donneurs, mais la Suisse continue de figurer dans le peloton de queue au niveau européen; seule la Grèce fait moins bien encore», relève Franz Immer, directeur de Swisstransplant.
Les chiffres présentés lors de la séance annuelle de Swisstransplant montrent que le nombre de personnes qui ont fait un don d’organe après leur mort a augmenté de 12,5% l’an dernier pour atteindre 90 cas. Quant nombre de personnes ayant fait un don de leur vivant, il a augmenté de 14,3% à 128.
Malgré cette augmentation, Franz Immer indique que la Suisse continue de faire office de mauvais élève avec une moyenne de seulement 11,8 donneurs par million d’habitants. En comparaison avec les pays voisins, ce chiffre devrait être presque deux fois plus élevé.
Pour le directeur de Swisstransplant, une telle situation est inacceptable. «Nos connaissances en matière de chirurgie de transplantation et de traitements médicaux sont de classe mondiale, explique-t-il. Mais nous manquons désespérément des organes nécessaires.»
Les principaux organes transplantés sont les reins, le foie, les poumons et le cœur. Mais il existe aussi une demande pour des mains, des bras, des os et la peau.
Pas une question de religion
Pour Franz Immer, plusieurs raisons expliquent ces mauvais résultats en Suisse. «Les hôpitaux ont beaucoup de travail et tous ne sont pas impliqués dans la recherche de donneurs, déclare-t-il. Par ailleurs, dans certaines régions, le taux de refus est très élevé lorsque l’on aborde la question d’organe avec les proches d’un défunt.»
«Si vous observez la situation sur l’ensemble de la Suisse, vous constatez une légère asymétrie, poursuit Franz Immer. Il y a des régions où le recrutement de donneurs se passe très bien et d’autres où c’est beaucoup plus difficile.»
Pour le directeur de Swisstransplant, le caractère relativement conservateur des Suisses et les croyances religieuses ne jouent aucun rôle dans ces résultats. «Je pense que c’est essentiellement à mettre en relation avec certains problèmes soulevés par les transplantations ou discutés dans les médias qui affectent négativement le niveau d’acceptation par les membres de la famille.»
Pour améliorer la situation, Franz Immer indique qu’un «pas important» a été réalisé avec l’intégration des équipes des soins intensifs dans Swisstransplant.
«Le projet est financé par les cantons et je pense que c’est une approche très importante pour trouver des donneurs potentiels dans toute la Suisse. Cela pourrait peut-être même nous permettre d’atteindre le nombre de 150 donneurs», espère-t-il.
En revanche, le concept de «consentement présumé», qui permet de prélever automatiquement des organes sur des personnes décédées à moins que celles-ci l’ait refusé avant de mourir, a été rejeté.
«Cette question a été discutée en détails et rejetée par pratiquement tous les politiciens, rappelle Franz Immer. Même avec le consentement du donneur, il faut encore demander à la famille si elle accepte le don d’organe. En Suisse, nous n’insistons pas si des membres de la famille refusent.»
«Se créer une publicité négative en forçant des membres de la famille à accepter un don d’organe n’est pas la bonne méthode pour augmenter le nombre de dons», estime le directeur de Swisstransplant.
Campagnes de sensibilisation
Les chiffres présentés à Interlaken montrent que le nombre de donneurs âgés de plus de 65 ans a augmenté, mais que celui de donneurs âgés de moins de 30 ans a baissé de manière significative.
Pour améliorer la situation, Swisstransplant va lancer plusieurs campagnes de sensibilisation auprès du public au cours de l’année 2009. Mais ces campagnes s’adressent aussi aux professionnels de la santé, plus spécialement aux anesthésistes et à ceux qui travaillent dans les unités de soins intensifs.
«La transplantation augmente de manière significative la qualité de vie de ceux qui en bénéficient», conclut Franz Immer.
swissinfo, Thomas Stephens
(Traduction de l’anglais: Olivier Pauchard)
Depuis le 1er juillet 2007, la Loi fédérale sur la transplantation d’organes, de tissus et de cellules a établi un système centralisé pour la transplantation d’organes.
Selon la nouvelle loi, le choix du patient qui bénéficiera d’une transplantation est fait par ordinateur. Les critères pris en compte sont l’urgence du cas, le bénéfice attendu pour le patient et la durée d’attente.
Le commerce (achat et vente) d’organes est interdit.
Les organes ne peuvent être prélevés qu’avec le consentement du donneur, par exemple en portant une carte de donneur sur soi. Sinon, les proches parents doivent donner leur permission.
Selon l’Office fédéral de la santé, 15% de la population est en possession d’une carte de donneur.
A fin 2007, 870 personnes étaient en attente d’un organe. Cette même année, 437 organes ont été transplantés en Suisse.
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