Epreuve de force entre la magistrate suisse Carla Del Ponte et le Rwanda
Kigali a refusé, ce lundi, un visa d'entrée à la procureure du Tribunal pénal international pour le Rwanda. Une manière de protester contre la récente remise en liberté d’un présumé génocidaire rwandais. Le Rwanda a donc choisi la confrontation.
Kigali a refusé, ce lundi, un visa d’entrée à la procureure du Tribunal pénal international pour le Rwanda. Une manière de protester contre la récente remise en liberté d’un présumé génocidaire rwandais. Le Rwanda a choisi la confrontation. Carla Del Ponte, elle, cherche une solution diplomatique.
A gauche, le gouvernement rwandais qui joue la carte de la confrontation. A droite, le bureau du procureur, qui tente l’explication et la négociation. Au centre, cette question : le vent de crise qui souffle régulièrement entre Kigali et le Tribunal pour le Rwanda prendra-t-il la forme d’une tempête diplomatique?
Depuis qu’une chambre d’appel a remis en liberté pour vice de forme un accusé, considéré comme l’un des architectes du génocide qui fit 800 000 morts en 1994, le Rwanda fait monter la pression. Dernière mesure en date: le gouvernement a annoncé son refus de délivrer un visa à Carla Del Ponte, pour sa première visite de travail à Arusha, siège du Tribunal, mais aussi à Kigali, où travaillent ses enquêteurs.
Cette décision est purement politique : conformément à la Charte des Nations unies et à un protocole d’accord signé l’été dernier, Kigali ne peut faire obstruction à la venue du procureur. Le Rwanda exige également la cassation du jugement de la Cour d’appel concernant la remise en liberté de Jean-Bosco Barayagwiza. Mais une telle décision ne peut en aucun cas être inversée. Juridiquement, la seule possibilité est de lancer de nouvelles poursuites contre l’ancien fondateur de la radio des Mille Collines, ce qui prendra du temps.
En coulisse, on explique que la Procureure est aussi choquée de ce jugement que Kigali. Ce message est envoyé au Rwanda, de même que les appels à la raison. Si la négociation échouait, Carla Del Ponte aurait deux possibilités : tenter de forcer la porte du Rwanda ou demander au Conseil de Sécurité de prendre des sanctions contre Kigali.
Alain Franco
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