Et revoilà les casseurs du Black Block
Après les violences survenues samedi dernier à Berne, le Black Block se retrouve au centre de l'attention générale. La police fédérale a ses membres à l'œil depuis des années.
Les déprédations augmentent le sentiment d’insécurité de la population, estime le responsable Jürg Bühler. Mais il estime que ces casseurs ne menacent pas la sécurité intérieure.
Après les débordements qui ont perturbé le rassemblement électoral de l’Union démocratique du centre (UDC, droite nationaliste), samedi à Berne, on ne parle plus que du Black Block.
Mais qui sont ces gens qui, armés de bouteilles, de pavés et de pétards, s’en prennent ainsi à la liberté d’expression et à la police? Représentent-ils un danger pour la sécurité du pays?
«Je pense que la majorité d’entre eux ont entre 16 et 20 ans et sont apolitiques», répond le politologue Mark Balsiger, qui a lui-même assisté aux événements samedi dans la ville fédérale.
Des suiveurs
Quant à leurs motivations, le spécialiste est convaincu que, pour la plupart, il s’agit de «jouer des muscles» et que beaucoup sont de simples suiveurs. «Tous n’avaient pas l’entraînement quasi-professionnel de ceux qui étaient équipés de lunettes de ski, d’écharpes, de casquettes noires, de pavés et de sprays», explique Mark Balsiger.
Mais le politologue estime qu’il ne faut pas non plus dépolitiser complètement la démarche de ces jeunes. «Certains ont des penchants pour l’anarchie.» D’autres auraient été provoqués par «le style très agressif de la campagne de l’UDC» depuis des mois. «Un moment donné, cela doit sortir», estime-t-il.
Pas de tourisme de la manif
Il n’y avait pas de manifestants venus de l’étranger à Berne, selon la police fédérale (fedpol) et contrairement aux affirmations de la presse de boulevard. «Nous n’avons pas connaissance d’une participation internationale significative lors de la manifestation anti-UDC», a déclaré Jürg Bühler à swissinfo. Il est adjoint du chef du Service d’analyse et de prévention (SAP).
On n’a pas observé non plus de voyages organisés vers la Suisse, explique M. Bühler, comme c’est le cas lors d’événement de portée internationale – les sommets du G8 ou le Forum économique de Davos (WEF) par exemple.
Le policier n’en sait pas plus à propos d’éventuels provocateurs. «En général, il n’en faut pas beaucoup pour inciter le Black Block aux débordements». C’est leur raison d’être.
Mais quelle que soit la visibilité des actions de ces casseurs, les événements du week-end dernier ne signifient pas pour autant que la sécurité intérieure soit menacée, selon les autorités.
«Il faut relativiser cela, les groupes sont trop petits, ils sont trop mal organisés et implantés pour atteindre leur but», dit encore Jürg Bühler. Ce but étant de pousser à la révolution pour susciter l’anarchie.
Des images qui déstabilisent
Mais le Black Block a toujours réussi à perturber des manifestations et à causer de lourds dégâts. Il en résulte, poursuit le membre de fedpol, un sentiment d’insécurité accru et beaucoup de travail pour les autorités.
Mais comment ces activistes ont-ils réussi à jouer à cache cache avec les 800 hommes déployés par la Police municipale bernoise? Jürg Bühler ne répond pas à cette question, qui revient souvent depuis samedi. Il remarque simplement qu’il est très difficile d’intervenir dans les rues d’une ville car il faut veiller d’abord à l’intégrité de la population.
Il précise que la police municipale bernoise avait été informée par la police fédérale. «Nous avons tout intérêt à nous transmettre les informations utiles pour renforcer la sécurité et assurer un succès maximum à une intervention policière.»
swissinfo, Renat Künzi
(Traduction de l’allemand: Isabelle Eichenberger)
C’est un phénomène international qui s’est développé en Europe dans les milieux anti-globalisation qui manifestent contre des grands événements tels que les sommets du G8 ou le WEF.
Ils se font remarquer en Allemagne avec des actions particulièrement violentes et des dégâts importants.
La police suisse estime que l’extrême gauche compte en gros 2000 personnes. S’y ajoutent le Black Block, les autonomes anarchistes et les antifascistes.
Le Black Block n’est pas une organisation mais une plate-forme qui réunit plusieurs groupes de gens qui s’habillent en noir et se masquent le visage. Ils s’en prennent à la police et aux partis de droite.
La police les classe en quatre cercles: un noyau dur de quelque 50 personnes; des groupes locaux d’environ 100 activistes; le «gros de la troupe», soit 700 personnes aux motivations politiques très rudimentaires; les suiveurs, plusieurs centaines de personnes, prêtes à en découdre mais apolitiques.
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