Evelyne Binsack, première Suissesse sur l’Everest
Portée par une solide organisation, Evelyne Binsack a gagné son pari. La jeune guide suisse a atteint le toit du monde mercredi à 6h30 du matin. Elle est ainsi la première Suissesse à avoir posé le pied sur le sommet de l'Everest.
Evelyne Binsack et son photographe, Robert Bösch, ont quitté le dernier camp de base situé à 8300 mètres d’altitude, mercredi à 1 heure du matin. Il aura fallu un peu plus de cinq heures à la jeune alpiniste pour atteindre le sommet mythique, en compagnie de trois autres personnes. Robert Bösch n’était pas de la partie.
Evelyne Binsack a donc relevé le défi. Elle est la première Suissesse à avoir foulé le Toit du monde. Il faut dire que la jeune guide a soigné tous les détails pour assurer son succès.
Elle s’est notamment offerte le «must» en matière d’organisation en s’assurant les services de Brice Russel. Le Néo-zélandais est en effet réputé pour être l’un des «himalayistes» les plus expérimentés. Un guide qui ne laisse rien au hasard. Il est vrai que Brice Russel ne recrute généralement pas sa clientèle dans les milieux des montagnards avertis.
Ses expéditions sont plutôt fréquentées par des amateurs aisés, désireux de s’offrir une expérience exceptionnelle en toute sécurité et dans des conditions relativement confortables. Le prix pratiqué par le guide néo-zélandais sont d’ailleurs à la hauteur de ses prestations.
«Brice Russel est l’un des organisateurs les plus chers de la place», explique Sebastien Weishe, responsable de Eiselin sport, une société qui s’occupe notamment d’excursions en montagne. «Ses tarifs varient généralement dans une fourchette de 50 000 à 70 000 francs suisses. Mais, il offre une infrastructure optimale.»
Armada de sherpas qui organisent les camps, équipent les passages les plus dangereux et portent jusqu’aux bouteilles d’oxygène des participants. Bref, les expéditions de Brice Russel sont soutenues par un encadrement et une logistique sans faille.
Les clauses du contrat entre le guide néo-zélandais et le duo suisse ne sont pas connues. «Evelyne Binsack et le photographe Robert Bösch ont probablement profité de la structure offerte par Russel, estime Sebastien Weishe. En ce qui concerne le guidage, c’est plus ambigu. Une chose est sure, même s’ils ont profité des conseils du guide neo-zélandais, les deux Suisses ont affronté seuls les 500 mètres derniers mètres de dénivelé qui les séparaient du sommet.»
Et le responsable de Eiselin sport d’ajouter, «quand on a de l’argent, autant se payer la meilleure organisation. Evelyne voulait être la première Suissesse sur le Toit du monde. Elle s’est donnée les moyens de réaliser son rêve. Il n’y a pas de jugement à porter».
Pour assouvir sa soif de succès, Evelyne Binsack s’est donc offert la Rolls en matière d’organisateur de courses dans l’Himalaya. «Brice Russel a demandé 62 000 francs suisses par personne, avoue la jeune guide. Sans le soutien financier de mon sponsor, je n’aurais jamais pu m’offrir une telle course.»
Cher, pour une ballade sur le Toit du monde, diront les puristes. D’autant que la méthode Russel n’est pas la seule voie d’accès vers le sommet de l’Everest. Des «himalayistes» expérimentés – dont plusieurs guides suisses – organisent régulièrement des expéditions dont le coût ne dépasse pas 20 000 francs suisses par personne.
Dans ces conditions, le nombre de sherpas est revu à la baisse et le matériel transporté réduit à son strict minimum. Les participants sont donc invités à s’investir plus activement à la bonne marche de l’expédition.
Pas moins d’une quinzaine d’expéditions – dont plusieurs groupes d’alpinistes relativement sportifs et autonomes – gravitent actuellement autour de l’Everest. Autant dire que les adeptes de l’Everest ont de nombreuses possibilités quant au choix de leur guide.
L’autre manière d’affronter les hautes cimes ne s’applique qu’aux puristes. A l’image d’Erhard Lorétan ou de Jean Troillet, ils se lancent dans l’aventure par leurs propres moyens et abordent les sommets avec des sacs de montagne particulièrement légers. Sans même le confort d’une bouteille d’oxygène. Une autre philosophie de la montagne, diront certains.
Vanda Janka
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