Football: plus de femmes, moins de violence!
Grâce à la présence des femmes et des familles dans les stades, on constate une amélioration du comportement des supporters et une diminution de la violence. C'est en tout cas le point de vue de la chercheuse Marianne Meier.
Beaucoup de stades suisses ont été modernisés ces dernières années en vue de l’Euro 2008, attirant ainsi, avec des installations modernes, une nouvelle catégorie de fan. Le club bernois «Young Boys» a même instauré des «Journées des dames»!
Si l’on compare la situation helvétique à celle d’autres pays, la violence entre supporters en Suisse n’est pas très fréquente. Toutefois, sporadiquement, des groupes de supporters rivaux s’affrontent – ceux de Zurich et Bâle sont coutumiers du fait.
Selon la chercheuse Marianne Meier, spécialiste du football, les femmes étant de plus en plus enthousiastes par rapport au foot, aussi bien en tant que spectatrices qu’en tant que joueuses, l’ambiance très «macho» qui régnait auparavant dans les tribunes tend à diminuer.
Tandis qu’un petit noyau dur continue quoiqu’il arrive de semer la pagaille, Marianne Meier prétend que la plupart des hommes se comportent mieux dans ce nouveau contexte. «Plus il y aura de femmes et d’enfants dans les stades, moins il y aura d’agressions, parce que les hommes se comporteront différemment. Ils ne veulent pas que les femmes et les enfants soient blessés, donc ils changent d’attitude», explique Marianne Meier.
«C’est prouvé: la présence des femmes dans les stades réduit la violence et le hooliganisme, et amène une ambiance plus agréable.»
De meilleures installations
Le point de vue de Marianne Meier est confirmé par Jörg Häfeli, président de la Commission des supporters de l’Association suisse de Football, commission fondée l’année dernière suite aux violences importantes de 2006.
«Où que ce soit, les femmes exercent une influence sur l’ambiance, que ce soit dans le football ou au casino», dit-il. «Mais il est important de distinguer entre les supporters extrémistes, les ‘ultras’ et les fans normaux. L’Autriche a tenté de travailler avec des supportrices ‘ultras’ pour tenter une désescalade de la violence parmi ces groupes, mais cela n’a pas eu d’effets.»
Il n’y a encore aucune étude officielle permettant de savoir combien de femmes vont aux matches en Suisse. Mais Jörg Häfeli estime que, dans les nouveaux stades équipés de sièges, de toilettes, de restaurants ou encore de zones familiales, le nombre de fans féminines peut aller jusqu’à un tiers des spectateurs. Ce qui est beaucoup comparé aux 25% qui étaient la norme dans les anciens stades.
Les Young Boys de Berne en tirent même profit avec l’introduction de «Journées des dames», qui leur offrent des prix réduits. Cela depuis 2005, année de l’inauguration de leur nouveau stade, le Stade de Suisse, sur le site de l’ancien Wankdorf. Le club prétend atteindre régulièrement 30% de public féminin lors des rencontres à domicile.
L’Euro 2008 en toute sécurité!
Dans la perspective de l’Euro 2008, co-organisé par la Suisse et l’Autriche en juin, Marianne Meier a conseillé la police en matière de questions de sécurité.
Elle est convaincue que le championnat ne présentera aucun danger particulier pour les femmes. «L’énorme progrès par rapport aux championnats précédents, c’est que chaque pays connaît ses hooligans et sait qui est violent. Il y a actuellement des lois qui permettent de les arrêter et de leur interdire de voyager à l’étranger. Ces individus dangereux ne pourront même pas se rendre sur les lieux des matches», dit-elle.
«Les femmes pourront donc venir au stade et vivre une expérience chaleureuse et agréable.»
swissinfo, Matthew Allen
(Traduction de l’anglais: Philippe Varrin)
Les femmes sont de plus en plus intéressées à jouer au football: le nombre de joueuses a pratiquement triplé ces cinq dernières années, passant de 8000 en 2003 à plus de 20.000 cette saison.
Le football féminin est organisé et reconnu officiellement en Suisse depuis 1970. Il y avait alors 270 joueuses licenciées pour 18 clubs durant la saison 1970/71. Il y a actuellement 799 clubs.
En 1993, l’association de football féminin a été dissoute pour être complètement intégrée à l’ASF (l’Association Suisse de Football)
L’équipe nationale féminine occupe actuellement le 28ème rang mondial et espère se qualifier pour la phase finale de la coupe du monde 2009 en Finlande.
Marianne Meier a obtenu une licence en histoire des Universités de Fribourg et Sienne. Elle a aussi obtenu un diplôme supplémentaire en sciences politiques (Europe de l’Est et Europe centrale) à l’Université de Fribourg et effectué en 1995/96 un séjour d’étude d’une année aux Etats-Unis.
Actuellement cheffe de projet du domaine «Sport & développement» de la Swiss Academy for Development SAD, elle a également été analyste stratégique pour l’Office fédéral de la police entre janvier 2003 et décembre 2004.
Depuis plusieurs années, elle pratique le football en tant que loisir. En 2004, elle a reçu le prix de la recherche sur les femmes et de l’Université de Fribourg pour son travail de licence.
La publication «Zarte Füsschen am harten Leder… – Frauenfussball in der Schweiz 1970-1999» a paru en 2004 aux éditions Huber Verlag à Frauenfeld.
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.