G8: Bilan positif pour l’armée et les manifestants
Malgré les déprédations commises par les casseurs et l'arrestation de plus de 300 personnes entre Lausanne et Genève, les manifestants comme l'armée dressent un bilan positif du week-end.
Les dégâts se chiffrent en millions de francs et irritent les marchands.
Dimanche, les manifestations anti-G8 ont rassemblé entre Lausanne et Genève entre 50 000 et 100 000 personnes. Un succès pour Juan Tortosa, membre du Forum social lémanique. «Notre bilan est très positif. La manifestation est une victoire pour le mouvement anti-mondialiste».
Certes, tout le monde déplore les excès commis par une minorité de casseurs. Mais les organisateurs des manifestations s’étaient dès le départ nettement distanciés de ces groupes extrémistes.
Au terme de ce week-end placé sous haute surveillance policière et militaire, les polices des cantons de Vaud et de Genève ont interpellé plus de 300 personnes.
Un début de réponse
Pierre Aeppli, coordinateur de la mobilisation de milliers de policiers venant de différents cantons et de militaires, estime qu’il est encore trop tôt pour dresser un bilan du déroulement des opérations.
Pour sa part, Daniel Reist esquisse déjà un début de réponse. «Au terme de ce week-end mouvementé, nous sommes très contents», souligne le porte-parole de l’armée suisse.
«Jusqu’à présent, nous n’avions jamais été confrontés à de tels incidents», résume Daniel Reist.
Lundi matin, 25 personnes étaient encore en détention à Genève. Les personnes gardées au poste sont soupçonnées de vol, de dommages à la propriété, émeutes et violences contre des fonctionnaires, explique Jacques Volery, porte-parole de la police genevoise.
Genève particulièrement touchée
Malgré le déploiement de centaines de policiers genevois, zurichois et allemands et l’appui de canons à eau, plusieurs commerces ont été mis à sac et des actes de vandalisme ont été constatés à Genève.
Ainsi, la rue du Rhône a une nouvelle fois fait l’objet de déprédations tandis que plusieurs stations de bus ont été saccagées.
Des attroupements de badauds ont considérablement gêné le travail des forces de l’ordre. Les casseurs en ont profité pour disparaître en se fondant dans la foule une fois leurs méfaits accomplis.
Dans le quartier de Plainpalais et aux abords de l’Usine, des heurts ont mis aux prises manifestants et policiers dès la fin de la grande manifestation de dimanche après-midi jusqu’à deux heures du matin.
Cinq manifestants ont été légèrement blessés. Comme trois représentants des forces de l’ordre, dont deux sont aujourd’hui en arrêt de travail.
Vaud a relâché la plupart des interpellés
Dans le canton de Vaud, 287 personnes ont été interpellées, la plupart au camping altermondialiste de la Bourdonette. Lundi matin, trois casseurs avaient été arrêtés et huit autres personnes faisaient encore l’objet de contrôles.
Même si la police a relâché la plupart des personnes interpellées «cela ne signifie pas qu’elles n’ont pas commis d’actes délictueux», précise Christophe Sauterel, porte-parole de la police vaudoise.
Pour identifier les casseurs, la police utilise les nombreuses photos et vidéos prises tout au long des manifestations. Elle ignore encore si elle a pu mettre la main sur la plupart d’entre eux. Le bilan ne sera tiré que dans plusieurs semaines.
Dimanche à Lausanne, de nombreux témoins ont vu de petits groupes de manifestants masqués s´extraire de la manifestation avant l´intervention des forces de l´ordre.
Une thèse que la police confirme. «Des manifestants ont pu se volatiliser dans les rues», reconnaît Christophe Sauterel.
Les commerçants s’estiment floués
Un constat qui n’atténuera pas la douleur des commerçants genevois et lausannois. Les déprédations de la propriété commises durant le week-end se chiffrent en effet en millions de francs.
Les commerçants genevois ont un peu le sentiment d’avoir été trahis par les organisateurs des manifestations anti-G8, estime Olivia Guyot, de la Fédération des syndicats patronaux (FSP) de Genève.
Ils n´hésiteront pas à porter plainte contre les auteurs des déprédations, mais aussi contre les personnes qui ont pris le risque que ces scènes de chaos surviennent.
A Lausanne, l´atmosphère est un peu moins lourde. Les rues où la manifestation de dimanche matin a dégénéré ont vite été nettoyées et au centre ville, les ouvriers démontaient lundi les palissades de plusieurs commerces.
«Par rapport à Genève, nous nous en sommes bien sortis», constatait lundi Christian Masserey, chargé pour le Centre patronal vaudois de défendre les intérêts des commerçants lausannois.
Des personnes très expérimentées
Selon Jurg Bühler, «les événements de ce week-end confirment le rapprochement entre une partie de la mouvance altermondialiste et les casseurs».
«Le noyau dur de ces extrémistes est formé de personnes très expérimentées issues des milieux anarchistes et autonomes. Ils savent très bien utiliser certains jeunes en marge de la société», souligne le vice-directeur du service d’analyse et de prévention de l’Office fédéral de la police.
«Ils fonctionnent comme une secte et fréquentent les institutions culturelles alternatives ou les squatts, note Jurg Bühler. Les dispositions légales en Suisse rendent difficile toute enquête sur ces milieux».
swissinfo et les agences
Le nombre de manifestants fluctue entre 50 000 et 100 000 selon les estimations.
Plus de 300 personnes ont été interpellées par les forces de l’ordre.
Une quinzaine étaient encore en détention lundi matin.
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