Genève capitale mondiale de la lutte antitabac
La 1ère conférence des Etats parties à la Convention antitabac s'est terminée, vendredi à Genève, avec la volonté de réduire la consommation de tabac.
Les Etats ont décidé créer un Secrétariat permanent et de l’installer au siège de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à Genève.
«Cette conférence se termine sur un grand succès. L’engagement des gouvernements et de la société civile de réduire la consommation de tabac est très fort», a déclaré à la presse le président de la conférence, l’ambassadeur du Chili Juan Martabit, au terme des débats entamés le 6 février à Genève.
Ce point de vue est partagé par les organisations non gouvernementales (ONG) antitabac, qui se sont félicitées de la coopération avec les gouvernements.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le tabac tue la moitié de ses consommateurs réguliers et est à l’origine de 5 millions de décès par an, soit un mort toutes les 6,5 secondes. Près de 1,3 milliard de personnes fument dans le monde et la consommation continue d’augmenter, surtout dans les pays en développement.
Secrétariat à Genève
Le secrétariat permanent de la Convention sera établi à Genève au siège de l’OMS avec un budget pour 2006 et 2007 de 10,5 millions de francs. Il coopérera avec l’initiative antitabac de l’OMS qui, elle, a un budget de 38 millions de francs, a précisé Dennis Aitken, directeur au bureau du directeur-général de l’OMS.
Les 113 Etats ayant ratifié la Convention ont décidé de créer des groupes d’experts qui vont étudier les projets de deux protocoles additionnels, sur la publicité transfrontière et le trafic de contrebande.
La prochaine conférence des Etats parties, au début 2007, devrait ensuite décider formellement d’entamer leur rédaction.
Le problème des non-partenaires
«La publicité transfrontière pour le tabac pose un problème lorsqu’elle a pour origine un Etat non partie à la Convention», a expliqué M. Aitken. Il a mentionné la publicité par Internet et par satellite, qui limite les effets d’une législation nationale interdisant la publicité dans un pays.
Les gouvernements ont également décidé de développer des directives pour aider les pays à réglementer les produits du tabac. En outre, un groupe de travail ad hoc va être créé afin d’étudier des alternatives à la culture du tabac pour diversifier l’économie des pays qui en dépendent fortement.
Sur le financement, la question de la création d’un fonds spécial, demandé par certains pays en développement, a été renvoyée à la prochaine conférence. D’ici là, diverses méthodes pour renforcer les mécanismes financiers existants seront étudiées, a encore indiqué M. Aitken.
La Suisse en retard
Adoptée en mai 2003 et entrée en vigueur le 27 février 2005, la Convention antitabac, ratifiée par 113 pays, devrait permettre de sauver 200 millions de vies d’ici 2050, selon les estimations de l’OMS.
Les pays ont trois ans, à compter de la date d’entrée en vigueur du traité, pour faire figurer des avertissements sanitaires sur les produits du tabac, et cinq ans pour interdire complètement la publicité, la promotion et le parrainage.
La Suisse n’a pas encore ratifié le traité. Berne a signé la Convention en juin 2004, mais elle doit encore changer ses réglementations, notamment la loi sur les denrées alimentaires, pour pouvoir l’appliquer. Les Etats-Unis n’ont pas non plus ratifié le traité.
Les ONG ont lancé un appel aux Etats non membres de se joindre au traité et annoncé leur intention de contrôler son application par des rapports réguliers.
swissinfo et les agences
– La Convention antitabac a été adoptée en 2003 et ratifiée par 113 pays. Elle est entrée en vigueur en février 2005.
– Berne a signé la Convention en 2004, mais elle doit encore changer ses lois, notamment la loi sur les denrées alimentaires, pour pouvoir la ratifier et l’appliquer.
– Cette Convention est le premier traité multilatéral juridiquement contraignant dans l’histoire de l’OMS.
– Elle oblige les Etats membres à lutter contre la contrebande et s’attaque à l’image de la cigarette avec des restrictions de la publicité et du parrainage.
L’OMS compte 1,3 milliard de fumeurs dans le monde, dont 84% dans les pays développés.
4,9 millions de personnes meurent à cause du tabac chaque année dans le monde.
Selon l’Office fédéral de la santé, la Suisse compte environ 2 millions de fumeurs.
8000 personnes y meurent chaque année des suites de la fumée.
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