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Geste symbolique pour une première visite en Arménie

Micheline Calmy-Rey en discussion avec son homologue arménien Vardan Oskanian. Keystone

La cheffe de la diplomatie helvétique Micheline Calmy-Rey était à Erevan lundi pour une visite officielle – la première d'un ministre suisse en Arménie.

Elle s’est notamment rendue au monument commémorant le génocide des Arméniens par les Turcs pendant la Première Guerre mondiale.

Ce voyage d’un jour de Micheline Calmy-Rey dans l’ancienne république soviétique du sud du Caucase a permis de faire le point sur les relations bilatérales entre les deux pays. Des relations que la ministre suisse et son homologue arménien Vardan Oskanian qualifient de «bonnes».

La Suisse a entamé un dialogue politique avec l’Arménie en 2004. La coopération humanitaire et technique avait pour sa part démarré en 1988 déjà, à la suite du tremblement de terre qui avait ravagé le nord du pays.

Quant aux relations économiques, elles sont pour l’heure modestes, mais le potentiel existe et le cadre juridique est en place. Un accord de coopération commerciale et économique a été signé en 2000. Et un autre, sur la protection des investissements, est entré en vigueur en 2002.

Pour compléter l’éventail, les deux pays ont encore signé lundi à Erevan un accord visant à empêcher la double imposition.

Question de stabilité

L’Arménie bénéficie d’une position centrale dans la région et la Suisse a intérêt à sa stabilité, a expliqué Micheline Calmy-Rey. Cette stabilité passe en particulier par une solution au conflit du Haut-Karabakh qui oppose l’Arménie à l’Azerbaïdjan.

Ce territoire, qui s’est déclaré autonome, est peuplé majoritairement d’Arméniens, mais il est rattaché juridiquement à l’Azerbaïdjan. De 1988 à 1994, la guerre y a fait des dizaines de milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés des deux côtés.

La question a été abordée lors des discussions de Micheline Calmy-Rey avec le ministre des Affaires étrangères, mais également avec le premier ministre Andranik Margarian et le président Robert Kotcharian.

En février dernier, la cheffe de la diplomatie helvétique avait eu le même type d’entretiens avec les autorités azéries à Bakou.

Pour mémoire, la Suisse a offert à deux reprises ses bons offices en organisant des réunions entre les deux parties sur son territoire. Mais, Bakou et Erevan n’ayant pas sollicité son intervention, elle n’a pas l’intention de jouer un rôle de médiateur actif dans ce dossier.

Reconnaissance du génocide

Autre thème sensible au menu des discussions: le génocide perpétré par les Turcs contre les Arméniens durant la Première Guerre mondiale, qui a causé la mort d’un million et demi de personnes, selon les Arméniens.

Usant du langage diplomatique, Micheline Calmy-Rey a rappelé que le Parlement fédéral suisse avait reconnu cette «tragique déportation de masse et ces massacres, auxquels on se réfère sous le nom de génocide».

Et la ministre des Affaires étrangères d’ajouter que «la Suisse a toujours condamné de tels actes».

A l’instar de tous les officiels qui viennent en Arménie, la ministre a visité le monument et le musée commémorant le génocide. Elle a déposé une gerbe de fleurs et s’est recueillie devant la flamme du souvenir.

Micheline Calmy-Rey a tenu à «exprimer sa sympathie à ce peuple» et a déclaré avoir ressenti une «profonde émotion» sur le site.

Tensions avec la Turquie

Ce geste symbolique pourrait durcir les relations déjà tendues entre la Suisse et la Turquie.

Ankara reproche à Berne des procès pour négationnisme menés contre des Turcs par la justice helvétique. En signe de représailles, elle a récement annulé une importante commande à l’entreprise aéronautique Pilatus.

Pour Micheline Calmy-Rey, cette visite au monument du génocide «ne change rien aux relations avec la Turquie, qui connaît déjà la position de la Suisse».

D’ailleurs, Berne se déclare toujours «prête à aider au dialogue entre Ankara et Erevan».

swissinfo et les agences

– Ancienne république socialiste soviétique, l’Arménie est indépendante depuis 1991 (la partie sud de l’ancienne Arménie reste englobée dans le territoire turc).

– Les relations de ce pays du Caucase du Sud avec la Suisse datent d’avant la chute de l’Union soviétique.

– En 1988, la Suisse a fourni une aide d’urgence aux victimes du terrible tremblement de terre qui a meurtri l’Arménie.

– Depuis, l’aide apportée par la Suisse au titre de la coopération au développement se monte à quelque 30 millions de francs.

– La Direction du développement et de la coopération (DDC) dispose d’un bureau sur place.

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