Grippe aviaire: pas de panique!
Au lendemain du premier cas de grippe aviaire en Suisse, cette arrivée attendue est largement commentée par la presse helvétique.
Le mot d’ordre se veut citoyen. Les médias rappellent qu’il n’y a pas lieu de paniquer et que le respect des mesures de prudence est nécessaire.
Elle est là, mais pas de panique! Ce message, la presse le matraque jusqu’à plus soif au lendemain de la découverte du premier cas avéré de grippe aviaire en Suisse.
«24heures» rappelle que «jusqu’ici, pour la plupart des Suisses, la grippe aviaire n’était qu’une alignée d’horribles statistiques provenant de contrées aussi exotiques que la Chine, l’Inde, la Turquie ou l’Indonésie».
Dorénavant, constate le quotien vaudois, «le virus (…) est chez nous. Il entraîne avec lui sa part de malheurs et de tragédies».
Rejetant les «effets d’annonces apocalyptiques», le journal en appelle à éviter l’angélisme comme la diabolisation. «Nos responsables seraient bien inspirés de poursuivre le chemin du pragmatisme et de la transparence amorcé jusqu’alors.»
«Tartiner» encore et encore
De son côté, la «Tribune de Genève» s’attarde sur l’aspect médiatique de la grippe. «Tartiner» et «tartiner» encore sur le sujet, c’est simplement répondre aux attentes d’une «large partie de la population» qui souhaite une information efficace.
«Ce flux d’information ne veut pas dire que la fin du monde est proche», assure le journal. Et si le virus se répand comme une épidémie dans les médias, «l’effet de nouveauté passé, il retournera dans un relatif anonymat. Qui s’inquiète encore de l’ESB, la maladie de la vache folle, quand il commande un steak au restaurant?»
Reste que pour l’heure, la consommation de volaille régresse. Ce que « La Liberté» considère comme «navrant». Pour le journal de Fribourg, le défi réside dans la maîtrise sanitaire du virus qui s’attaque «à nos amies les bêtes» – maîtrise sanitaire comme émotionnelle.
Humain, vaches, moutons, abeilles: tous ont eu leur virus. «Des élevages ont été abattus, des hommes ont crié misère, des enfants ont sangloté et l’industrie pharmaceutique a fait son blé de notre recette miracle: la vaccination», écrit le quotidien.
«Aujourd’hui, c’est Donald le canard qu’on regarde de travers. Alors courage, Donald, serre les fesses, ton virus aussi, on va finir par vivre avec…!»
Le harle bièvre à Genève
Le journal «Le Temps» comme le quotien de boulevard «Le Matin» pour leur part ne commentent pas la confirmation du virus. Tous deux décrivent les mesures de protection et rappellent les précautions à prendre.
En passant, «Le Temps» tire le portrait du premier palmipède touché (à Genève): le harle bièvre, dont une petite population seulement niche en Suisse…
A Zurich, la «Neue Zürcher Zeitung» adopte une politique similaire. Dans son commentaire, son concurrent «Tages Anzeiger» calme, lui aussi, le jeu et rappelle que nous avons encore affaire à un virus animal classique.
«La situation est sérieuse mais il n’y a aucune raison de paniquer. Il s’agit plutôt d’apprendre à vivre avec ce nouveau risque.»
Le journal a la dent dure contre ces ministres européens venus devant les caméras pour prouver l’absence de danger à manger de la volaille – cuisse de poulet à l’appui. Et le quotidien d’appeler une «coopération internationale nécessaire», face à un virus qui ne connaît pas les frontières.
Promenade recommandée
A Berne, le «Bund» constate le sérieux de la situation pour les animaux et la difficulté d’établir des zones de protection qui pourraient rapidement couvrir l’entier du territoire national.
Cela dit, le quotidien rappelle qu’en l’état, «l’homme n’est pas plus en danger» qu’avant la découverte du virus, dimanche. «Nous devons continuer à manger du poulet grillé sans crainte et à nous promener sur les bords de l’Aar.»
«Le danger, poursuit le journal, ne sera réel qui si le virus peut se transmettre d’humain à humain. Cela peut arriver demain n’importe où dans le monde, mais aussi dans trois ou dans vingt ans.»
De son côté, le journal de boulevard «Blick» propose quatre pages spéciales sur le virus. Il estime que dans cette affaire, les «experts semblent toujours avoir un pas de retard» et rappelle que l’essentiel, c’est la santé humaine.
Si à Bâle, la «Balser Zeitung» constate, elle aussi, que la panique n’est pas justifiable actuellement, son homologue argovienne «Aargauer Zeitung» écrit que «la responsabilité des citoyens» est de respecter les dispositions prises, d’assumer désagréments et restrictions éventuelles, et «avant tout, de garder leur calme».
Sur le plan économique cette fois, la grippe aviaire risque d’avoir de graves conséquences pour les éleveurs de poulets et autres volailles. C’est ce que rappelle, «Corriere del Ticino», notant que les ventes ont baissé de 80% dans certains secteurs.
Au Tessin toujours, son homologue «La Regione Ticino» fait observer que beaucoup d’éleveurs ont contracté une assurance privée. Les éleveurs imprévoyants par contre pourraient bien s’en mordre les doigts…
swissinfo
Jusqu’à maintenant, environ 170 personnes ont contracté le virus, et plus de 90 en sont mortes.
La transmission de l’homme à l’homme n’a pas encore été constatée.
Les scientifiques craignent que le virus puisse muter, permettant ainsi cette transmission et, donc, une pandémie.
Outre le site Internet de l’OVF, deux lignes téléphoniques d’information ont été mises à disposition du public: 0041 (0)31 322 21 00 et 0041 (0)31 322 21 99.
– Le virus H5N1 est connu depuis des décennies mais il a été découvert pour la 1re fois sur des humains en 1997 à Hong Kong.
– Ensuite, il s’est répandu dans plusieurs pays d’Asie.
– En 2005, il a touché la Turquie, la Roumanie et la Croatie.
– Début février 2006, il a été localisé en Afrique.
– Ensuite, il a touché 6 pays de l’UE, dont les pays limitrophes de la Suisse.
– En Suisse, les volailles sont confinées depuis le 20 février mais les oiseaux ne sont pas vaccinés pour l’instant, contrairement à la France et aux Pays-Bas.
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