Haïti dévasté par un séisme

Une fois de plus, l'horreur en Haïti. Keystone

Un tremblement de terre, de magnitude 7 sur l'échelle de Richter, a été enregistré mardi en Haïti. Son épicentre était situé tout près de Port-au-Prince, la capitale. Face à cette catastrophe vraisemblablement majeure, la Suisse a offert son assistance.

«Le centre de Port-au-Prince est détruit, c’est une véritable catastrophe», a déclaré à l’AFP un habitant qui a marché plusieurs kilomètres pour regagner son domicile au milieu de scènes de panique.

Traumatisés par la longue secousse de magnitude 7 qui s’est produite à 16h53 locales (22h53 suisses), à seulement 15 km à l’ouest de la capitale surpeuplée, de nombreux Haïtiens ont passé la nuit dehors, attendant la journée de mercredi pour commencer à évaluer le nombre de morts et les dégâts.

Cité par l’AFP, un médecin a averti que «les morts seront comptés par centaines». «Bien que l’information soit difficile à confirmer, il semble que des centaines d’habitants soient blessés dans la capitale massivement endommagée», a indiqué l’ONG Médecins sans frontières (MSF).

Réaction suisse

La Suisse a immédiatement envoyé une équipe d’intervention d’urgence. Parti dans la matinée, le détachement de onze personnes doit servir de «tête de pont» afin d’évaluer les besoins sur place.

Le chef d’information du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) Lars Knuchel a précisé que la Suisse avait proposé son aide au gouvernement haïtien. L’engagement de la Chaine de sauvetage est à l’étude.

Une décision doit être prise à midi, selon Ivo Cathomen, de Redog, l’association suisse pour les chiens de sauvetage, partenaire de la Chaîne. Si une opération était lancée, la première équipe de sauvetage pourrait partir en fin d’après-midi, a-t-il précisé.

Lars Knuchel a indiqué que les autorités suisses sont en contact avec l’ambassade à Port-au-Prince et avec le bureau de coopération de la Direction du développement et de la coopération (DDC).

Pour l’heure, on ignore si des ressortissants suisses se trouvent parmi les victimes, indique le DFAE sur son site internet. En 2008, environ 130 Suisses vivaient sur l’île située dans la mer des Caraïbes.

La catastrophe «nécessite une opération d’aide internationale massive», a indiqué un porte-parole de la Fédération de la Croix-Rouge (FICR), basée à Genève. Une organisation qui a rapidement débloqué un million de francs.

«Des stocks d’urgence sont prépositionnés en Haïti et permettent de venir en aide à 3000 familles pendant trois à quatre jours mais nous devrons amener très rapidement du matériel de secours depuis notre centre régional de réponse aux catastrophes, le Padro, basé au Panama», a indiqué le porte-parole Jean-Luc Martinage.

L’ONU pour sa part a activé son réseau de recherche et de secours en cas de catastrophes. Trente équipes internationales ont été mobilisées pour aider les victimes du séisme en Haïti, a indiqué la porte-parole du Bureau des Affaires humanitaires de l’ONU.

Violence terrible

Le séisme a été si puissant qu’il a été ressenti jusqu’à Guantanamo, a indiqué le porte-parole du camp de détention américain à Cuba, situé à environ 300 km de Port-au-Prince.

Haïti n’avait pas connu une secousse d’une telle violence depuis au moins un siècle, a indiqué l’Institut américain de géophysique (USGS). La secousse initiale d’une minute a été suivie d’une trentaine de répliques très violentes, allant jusqu’à une magnitude de 5,9.

Le séisme est d’autant plus dévastateur qu’il s’est produit près de la surface, à environ 10 km de profondeur sous la croûte terrestre, explique Yann Kinger, spécialiste de tectonique à l’Institut de Physique du Globe (IPG).

Au milieu des corps sans vie ou blessés, de nombreux édifices publics se sont effondrés dans le centre de la capitale du pays le plus pauvre des Amériques. Le Palais national, siège de la présidence, s’est affaissé, ainsi que de nombreux ministères, le parlement et des églises. Le président René Préval et son épouse ont survécu à la catastrophe, a assuré l’ambassadeur d’Haïti au Mexique.

La secousse a très fortement perturbé les communications dans un pays aux infrastructures déjà très rudimentaires, rendant quasiment impossible l’acheminement de blessés dans les centres hospitaliers encore debout. Des pillards étaient en revanche à l’oeuvre dans un supermarché au nord de Port-au-Prince.

ONU touchée

La Mission de l’ONU pour la stabilisation d’Haïti (Minustah) a été sérieusement touchée par ce séisme, a indiqué mercredi un responsable des Nations unies.

La Mission compte plus de 10’000 hommes sur l’île des Caraïbes. Le quartier général de la Minustah, situé sur une colline, s’est effondré. Entre 200 et 250 employés de l’ONU y travaillaient habituellement. Aucun bilan des victimes n’était disponible mercredi à la mi-journée.

swissinfo.ch et les agences

Haïti

La République d’Haïti est un pays des Grandes Antilles.

Elle occupe le tiers occidental de l’île d’Hispaniola (28 000 km2 environ), l’autre partie de l’île formant la République dominicaine.

Sa capitale est Port-au-Prince.

Population : plus de 9 millions d’habitants.

80% des Haïtiens vivent en dessous du seuil de pauvreté, et plus de 50% dans une misère totale.

En 2008, quatre cyclones ont ravagé le pays et causé d’énormes dégâts matériels aux infrastructures routières et au secteur agricole.

Un compte pour les dons

La Chaîne du Bonheur, l’organisme de récolte de fonds de SSR idée suisse, qui finance déjà plusieurs projets en Haïti, a ouvert un compte en faveur des victimes du séisme. L’organisation se prépare, avec les partenaires suisse d’entraide, à apporter prochainement un soutien allant de l’aide d’urgence à la reconstruction.

Les dons en faveur d’Haïti peuvent être adressés sur le compte postal 10-15000-6 avec la mention «Haïti», ou via Internet.

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