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Hausfeld, le chien d’attaque des plaintes collectives

L'avocat Michael Hausfeld, un spécialiste des plaintes collectives. Keystone

Les banques suisses ont déjà eu à faire à l'avocat américain Michael Hausfeld.

Il s’est en effet fait connaître avec l’affaire des fonds en déshérence. Moins haut en couleur qu’Ed Fagan, il n’en est pas moins controversé.

Contrairement au texan Ed Fagan, Michael Hausfeld présente un curriculum vitae impeccable. Né à Brooklyn en 1946 de parents qui ont survécu à l’Holocauste, il est diplômé d’une faculté de Droit prestigieuse, celle de l’université de Georgetown à Washington.

De retour dans son université en 1980, il y enseigne pendant sept ans les «contentieux complexes». Aujourd’hui, il siège au conseil d’administration de l’Université George Washington, également située dans la capitale américaine.

De l’Alaska à l’Exxon Valdez

Dans le cadre de ses activités au sein du cabinet Cohen, Milstein, Hausfeld & Toll, Michael Hausfeld est devenu l’un des spécialistes les plus célèbres et les plus agressifs des plaintes collectives qui se terminent par des accords extrajudiciaires.

Une renommée qui lui a valu d’être qualifié de «chien d’attaque des plaintes collectives» par le journal britannique The Register.

Michael Hausfeld fu l’un des premiers avocats américains à établir par un procès le principe selon lequel le harcèlement sexuel est une forme de discrimination.

Depuis, il s’est consacré aux dossiers relatifs aux droits de l’Homme et à la défense des individus confrontés à des entreprises. En 1989, après la marée-noire provoquée par l’Exxon Valdez, il représente les intérêts des peuples indigènes d’Alaska.

Mais c’est l’affaire Friedman contre UBS et consorts qui fit connaître l’avocat au grand public. En tant qu’avocat principal dans cette affaire, il négocia l’accord global par lequel les banques suisses acceptèrent de verser 1,25 milliard de dollars. Dans la foulée, il toucha environ 6 millions de dollars d’honoraires.

Un bouc émissaire

Son travail dans l’affaire des fonds en déshérence lui a valu cette année le prix humanitaire de l’organisation juive international B’Nai Brith, de même qu’un prix décerné par le Centre Simon Wiesenthal.

Mais son travail est diversement apprécié. Le ‘National Law Journal’ – qui a nommé Michael Hausfeld parmi les dix meilleurs avocats de Washington- souligne les sommes astronomiques rapportées aux victimes par les accords à l’amiable négociés par M. Hausfeld.

Mais pour Norman Finkelstein, l’auteur de ‘L’Industrie de l’Holocauste’, le montant des dommages-intérêts et autres compensations obtenues ne doit pas constituer le seul critère.

«La question n’est pas de savoir si les actions menées par Michael Hausfeld marchent ou pas, déclare Norman Finkelstein à swissinfo. Elle est de savoir si ses actions sont justes ou non.»

L’auteur américain déplore qu’Ed Fagan ait été transformé en «bouc émissaire parce qu’il a fait une petite école de Droit et sort du Texas». Comparant les deux avocats, Norman Finkelstein accuse Michael Hausfeld d’hypocrisie.

«Au moins, avec Fagan, explique Norman Finkelstein, il n’y a aucune publicité mensongère tandis que Hausfeld et les autres prétendent agir pour des raisons morales alors qu’ils ne sont que des escrocs.»

Des honoraires princiers à Hausfeld

Cette analyse est d’ailleurs partagée par le rédacteur en chef de la grande revue juive américaine Commentary qui a pourtant critiqué ‘L’Industrie de l’Holocauste’.

Dans un article publié dans le ‘Wall Street Journal’ l’an dernier, Gabriel Schoenfeld reprochait aux plaintes collectives déposées par Michael Hausfeld de «rapporter des centimes aux victimes mais des honoraires princiers à Hausfeld et ses associés».

«Bien qu’il s’orne d’une rhétorique de la bonne cause, écrivait encire Gabriel Schoenfeld, ses méthodes de prédilection consistent à soumettre les entreprises qu’il poursuit à un bombardement de mauvaise publicité pour tenter d’imposer des accords à l’amiable et des versements pécuniers.»

Michael Hausfeld rejette ces accusations. «Notre approche des dossiers est très différente de celle de M. Fagan dans la mesure où nos stratégies, nos théories et nos objectifs ne sont pas comparables», explique l’avocat à swissinfo.

Par ailleurs, Michael Hausfeld reproche à ses détracteurs de «ne pas avoir une compréhension totale» de ce qu’il essaye de faire. «Aucune compagnie ne réagit à un bombardement de mauvaise publicité, conclut Michael Hausfeld. Ce à quoi les entreprises répondent, c’est à la réalité d’une action juridique qui peut engager leur responsabilité.»

swissinfo/Marie-Christine Bonzom à Washington

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