Hooliganisme en Suisse: Blatter veut des actes
En matière de lutte contre le hooliganisme dans le football, la Suisse accuse cinq à dix ans de retard sur les autres pays d'Europe, avertit Sepp Blatter, président de la FIFA.
La semaine dernière, des scènes de violence ont à nouveau éclaté lors de matchs de football à Berne, Zurich et Sion. Les autorités et la police semblent en effet incapables d’éradiquer ce problème persistant à l’intérieur et autour des stades suisses.
Mercredi soir, plusieurs centaines de supporters du FC Sion et du FC Young Boys se sont affrontés dans le centre de Berne, avant et après la finale de la Coupe suisse. En tout, dix supporters ont été admis à l’hôpital et 64 ont été arrêtés, dont 15 ont été accusés de violence contre des fonctionnaires de police, vandalisme, port d’une cagoule ou détenteurs de feux d’artifice.
Ces violences font suite à des incidents entre supporters à Zurich, du FC Zurich et le FC Bâle, dimanche dernier, qui a débouché sur une émeute entre les fans et la police.
Il est à craindre que la violence éclate à nouveau lors des deux derniers matches de la saison avec Zurich et Bâle.
La Suisse en retard
«Nous avons cinq à dix ans de retard sur les autres pays européens dans la lutte contre le hooliganisme», a déclaré ce jeudi le Président de la FIFA à la Télévision suisse-allemande.
Selon Sepp Blatter, d’autres pays sont venus à bout du problème il y a longtemps grâce à une meilleure organisation des supporters dans le stade, l’amélioration de l’éducation et l’interdiction d’entrée dans les stades.
«Le plus sûr est de se débarrasser des places debout. Il n’y a plus de places debout permanentes en Angleterre ou en Espagne. Une personne assise est plus calme que celle qui est debout», estime Sepp Blatter.
Dans cette même interview, le Président de la FIFA a fait quelques recommandations: «J’espère que le nouveau président de l’Association suisse de football, qui est élu en juin, empoignera ce problème et ne rejettera pas la responsabilité sur la ligue. Car c’est un problème qui concerne l’ensemble du monde du football en Suisse.»
Ce que reconnaît Edmond Isoz. «Bien sûr qu’il y a un problème, nous l’avons dit depuis longtemps,a déclaré au quotidien Le Temps le directeur de la Swiss Football League (SFL). Les choses se sont calmées avec l’Euro 2008, mais depuis, c’est pire que jamais. Nous sommes très inquiets. Nous commençons à penser qu’il faudra un mort pour que les choses changent».
Une première série de mesures a été introduite en 2006. Elles comprennent une base de données nationale pour les hooligans, des restrictions de voyage pour les fauteurs de troubles connus, des interdictions stades ou des détentions préventives de 24 heures.
Mais les critiques estiment qu’il est trop tôt pour juger de l’efficacité de ces mesures et de l’engagement de la police à les faire appliquer.
Dans les stades
Ces dernières années, la violence a généralement éclaté en dehors des stades. Mais dimanche dernier, les fans de Bâle ont envahi le terrain du stade du Letzigrund et les groupes rivaux de supporters ont cherché la bagarre à l’intérieur de l’arène.
De fait, les autorités du football ne sont pas satifaites par la situation actuelle: les clubs suisses sont responsables de la sécurité du stade, une tâche confiée à des sociétés privées de sécurité privée, sans droit de procéder à des arrestations.
En charge de l’ordre public à l’extérieur des stades, la police cantonale déclare que ses agents ne sont pas formés à intervenir dans les arènes sportives, sauf dans les situations d’urgence.
«En Allemagne, si un spectateur tire une fusée dans un stade, il est directement embarqué au poste. Chez nous, on ne peut que les dénoncer, sachant qu’il est difficile ensuite de fournir des preuves formelles. Avec les caméras, ils sont malins, ils se mettent une cagoule ou se cachent», remarque Edmond Isoz, toujours dans les colonnes du Temps.
De nombreux experts appellent à une application plus stricte des lois existantes, comme les interdictions de stade (environ 500 hooligans sont actuellement interdits de stades suisses).
Le chef de la sécurité de l’Association suisse de football, Ulrich Pfister, suggère lui de commencer les matchs à «haut risque» à midi. Les fans violents auraient ainsi moins de temps pour s’enivrer avant un match.
Simon Bradley, swissinfo.ch et les agences
(Traduction de l’anglais: Frédéric Burnand)
1980. Le hooliganisme est apparu en suisse au début des années 1980.
Ligue. En Juin 2006, la Ligue suisse de football a mis en place des mesures plus sévères contre les hooligans. Les clubs sont invités à prendre les coordonnées personnelles de leurs fans, les accompagner lors des matchs et enregistrer les incidents violents.
Parlement. En 2006, le parlement a approuvé un ensemble de mesures visant à réprimer la violence des supporters. Et ce du Championnat d’Europe de football en 2008 qui s’est tenue en Suisse et en Autriche.
Mesures. Ces mesures comprennent une base de données nationale sur les hooligans, des restrictions de voyage pour les fauteurs de troubles connus, l’interdiction des stades, la détention préventive de 24 heures les jours de match.
2010. Cette nouvelle législation doit être reprise par les cantons d’ici à janvier 2010. Jusqu’à présent, 15 cantons sur 26 ont ratifié ces nouvelles lois.
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