Horreur, terreur et analyses
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Au lendemain des attentats de Londres, les quotidiens helvétiques sont partagés entre la description de l’horreur et l’analyse.
Les éditorialistes dénoncent cette terreur aveugle mais craignent qu’elle ne soit pas prête de s’arrêter. Certains évoquent une déstabilisation de l’Occident.
«Ils voulaient seulement se rendre à leur travail titre», titre le Blick. Le journal zurichois utilise également le raccourcis «9/11 in London» aussi bien à la Une de son supplément spécial distribué jeudi encore en fin d’après-midi que de son édition de vendredi.
Le journal gratuit 20 MINUTEN résume, quant à lui, les attentats par ce titre provocateur: «Les Islamistes attaquent le centre ville de Londres». Le quotidien bernois est persuadé que les explosions de jeudi matin portent les traces d’Al-Quaida.
Pour la Neue Zürcher Zeitung, si le soupçon qui pèse sur les islamistes extrémistes venait à se confirmer et que ces derniers étaient bel et bien à l’origine de ces attentats, «cela jetterait une belle ombre au tableau de la ‘guerre contre le terrorisme’ à laquelle font régulièrement référence les membres du G-8».
Le commentateur du Bund de Berne rappelle quant à lui que «la Grande-Bretagne est l’allié principal des USA en Irak et que ce qui se cache derrière ces attentats sanglants qu’il qualifie «d’attaque frontale» est la destabilisation de l’opinion publique occidentale.
Au vu des événements, le Tages Anzeiger qualifie les chefs d’Etat qui siègent en Ecosse de «Puissants Impuissants».
«Aucun pays, aucune ville ne peut mettre en place des mesures de sécurité pour se protéger contre de telles attaques», poursuit le quotidien zurichois pour qui la poursuite du sommet du g-8, l’intensification de la coopération internationale et la lutte contre la détérioration du climat est la seule réponse à apporter.
Au Tessin, le Corriere del Ticino invite à ne pas se bercer d’illusions. Selon lui, «le terrorisme fondamentaliste islamique (…) est bien vivant». Le journal de Lugano écrit encore que «dans cette nouvelle incertitude, l’Occident est devenu extrêmement habile pour se fabriquer des alibis et pour ne pas agir de manière coordonnée».
La Regione considère, quant à elle, que la «guerre n’est pas finie» et observe que la stratégie militaire contre le terrorisme se révèle inefficace.
Horreur et terreur des journaux romands
En Suisse romande, les titres des journaux comportent invariablement les mots d’«horreur» ou de «terreur» pour qualifier les explosions de jeudi revendiquées par une organisation secrète se réclamant d’Al Quaïda.
Au moment d’évoquer le pire carnage qu’ait vécu la capitale britannique depuis la seconde guerre mondiale, le rédacteur en chef du Matin écrit: «Al-Qaïda est en train de devenir ce que les nazis allemands étaient il y a soixante ans: une menace majeure pour la vie de nous tous».
Le même lien est fait dans le journal Le Temps – «Après les bombes nazies, celles des fascistes du Djihad» – qui relaie les propos du parlementaire travailliste et ex-ministre des Affaires européennes de Tony Blair Dennis McShane.
Le quotidien genevois évoque également cet «ignoble chantage, nouvelle escalade du terrorisme, la même injure que celle qui fut infligée à Madrid le 11 mars 2004».
Pour La Liberté, revient sur la transition brutale qu’à vécu la capitale britannique, passant du bonheur de recevoir les JO 2012 à l’horreur des attentats en moins de 24heures. Pour le quotidien fribourgeois, «l’hydre n’est pas terrassée».
Comme d’autres, La Tribune de Genève rappelle que l’on «savait depuis longtemps que la capitale britannique était une cible pour les terroristes» et explique ainsi le comportement de ces habitants de Londres, affligés mais nullement surpris qui ont pris le chemin de la maison à pied.
Malgré la coopération intergouvernementale, la «réalité rebelle» des terroristes fait que le monde «est moins sûr que jamais», note encore La Tribune. L’Impartial et L’Express observent, non moins inquiets, que «l’ère du marketing terroriste est arrivée».
Face à cette menace et cette intimidation permanente, 24 heures pose la question – quasi philosophique – suivante: «comment penser l’avenir»? Car «ce nouvel épisode de violence aveugle démontre l’absurdité de la guerre civile qui déchire l’espèce humaine», écrit le quotidien vaudois.
Quelques journaux tentent des réponses. Le Quotidien jurassien estime qu’il «faudrait aussi que tous les pays musulmans s’engagent avec autant de détermination contre les terroristes islamiques. Ou encore que «soient interdits de mosquée les imams qui prêchent au nom de la religion la haine et le sang».
Le Nouvelliste propose quant à lui plus «de justice et de démocratie pour les peuples qui en sont tragiquement privés» et de réfléchir au problème de la «misère qui se nourrit du chômage et de l’exclusion».
Enfin, L’Agefi pense lui que «l’Occident ne peut faire l’économie d’un débat sur les réfugiés et la politique d’asile», mais prévient: aux gouvernements de faire en sorte que «tout ce qui est étranger ne soit pas suspect. Ni exclu».
La conclusion revient à l’un des éditorialistes du Financial Times selon qui ni la force ni la politique ne pourront vaincre le terrorisme: «L’Occident restera vulnérable aux attaques dans les années à venir. Toutefois nous pouvons trouver des solutions. Ce n’est pas une ‘guerre’ mais un profond désaccord sur les valeurs».
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