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Il faut repenser la guerre contre la terreur

Le langage musclé d'un George Bush peut être contre-productif. Keystone

La 5e Conférence du Forum mondial de la médiation qui s'est ouverte vendredi en Suisse porte notamment sur l'escalade verbale provoquée par l'antiterrorisme.

Selon certains experts réunis à Crans-Montana, le langage adopté par certains dirigeants dans la guerre contre le terrorisme ne fait qu’accroître la peur et les divisions.

«Je pense que la manière de parler adoptée par des politiciens comme George Bush, l’Australien John Howard et Tony Blair ne fait qu’aggraver les choses», s’inquiète Dale Bagshaw, vice-présidente du Forum mondial de la médiation, qui a débuté vendredi à Crans-Montana (Valais).

«Soit vous êtes avec la coalition, soit avec les terroristes. Il n’y a pas de zones grises dans le langage et cela crée une réalité très dangereuse qui provoque une escalade des conflits dans le monde entier.»

Près d’un millier de médiateurs, juges, parlementaires ou juristes d’une quarantaine de nationalités différentes doivent participer à la conférence de trois jours.

Cette année, l’un des thèmes principaux est la médiation face aux défis contemporains tels que la montée de la violence et les conflits armés.

«Cette conférence survient à un moment important, après les attentats de New York, Madrid et Londres », déclare Bernard Comby, président du comité d’organisation.

«Après cette augmentation de la violence dans le monde, je pense que c’est important de réfléchir aux réponses à y apporter.»

Choisir ses mots

Selon Dale Bagshaw, il est temps de remettre en question le discours sur le terrorisme qui crée une polarisation entre «eux et nous».

Selon la vice-présidente du forum, il en résulte que les «terroristes présumés» sont maintenant clairement associés avec toute la communauté musulmane.

«Malheureusement, depuis le 11 septembre, notre langage a progressivement évolué vers un discours qui crée deux camps, chacun avec une vision du monde antinomique», ajoute Dale Bagshaw, qui est aussi professeur à l’Université d’Australie du Sud.

«Nous devons être très prudents dans le choix des mots que nous utilisons, parce qu’ils peuvent provoquer la peur et la division, parce qu’ils étiquettent les gens, leur font peur. Et quand les gens ont peur, ils se mettent sur la défensive.»

«Au vu de cette escalade incontrôlable de disputes, il faut initier nos leaders à la médiation», ajoute-t-elle.

Toutes sortes d’applications

Le ministre suisse de l’Intérieur Pascal Couchepin, le président de la Croix-Rouge suisse René Rhinow et Joaquim Chissano, ancien président du Mozambique, doivent s’exprimer lors de l’ouverture du forum.

Adolf Ogi, conseiller spécial de l’ONU du sport pour le développement et la paix, et l’ancien président portugais Mario Soares, figurent également parmi les 250 intervenants qui se succèderont à la tribune jusqu’à dimanche.

Le forum traite aussi de thèmes tels que la médiation dans le droit familial, les relations industrielles, la place de travail, le commerce et les conflits sur l’environnement.

Déclaration finale

Il s’achèvera dimanche sur l’adoption de la «Déclaration de Crans-Montana» appelant à la paix dans les conflits.

«Nous sommes touchés chaque jour par la violence et la médiation peut jouer un rôle énorme», déclare Duccio Scatolero, expert en gestion des conflits à l’Université de Turin.

«Tous les conflits ont une évolution ou se transforment en escalade pouvant déboucher sur la violence. La médiation nous permet de veiller à ce que ce ne soit pas le cas.»

swissinfo, Adam Beaumont
(Traduction de l’anglais: Isabelle Eichenberger)

Le 5e Forum mondial de la médiation se tient du 9 au 11 septembre à Crans-Montana (Valais).
Il est organisé par l’Institut universitaire Kurt Bösch.
Près d’un millier de délégués d’une quarantaine de pays y participent.
Thème de cette année: «La Médiation – Une nouvelle culture du changement».
Le 1er Forum mondial de la médiation s’est tenu en 1995 en Espagne.

– Ni négociation, ni arbitrage, ni procédure judiciaire, la médiation est apparue dans les années 1970 avec l’explosion des divorces.

– Aujourd’hui très répandue, elle est pratiquée par plusieurs cantons, notamment dans le domaine scolaire.

– Depuis 2004, le Valais l’utilise en justice pénale pour les mineurs et le canton de Genève a inscrit la médiation pénale dans sa loi sur l’organisation judiciaire.

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