JO: Une journée avec le chef de mission suisse
A Turin, Werner Augsburger hante tous les sites de compétition. Chacune de ses journées est une course contre la montre. swissinfo l'a accompagné.
Mardi 14 février, le chef de la mission suisse aux Jeux olympiques est passé par Sestrières, Cesana San Sicario et Turin. Le fil d’une journée olympique ordinaire.
Deux coups de klaxon. Werner Augsburger est pile à l’heure au rendez-vous. Il est 12h30 lorsque le chef de mission de la délégation suisse aux Jeux olympiques quitte Sestrières pour se rendre à Cesana San Sicario pour voir évoluer les deux athlètes suisses du biathlon.
Malgré son statut et la vignette «all rights» accrochée à sa voiture, il ne pourra pas accéder au parking que Swiss olympic a pourtant payé au prix fort. Werner Augsburger gesticule, il s’énerve un peu – en italien, en français et même en anglais – avec des officiels qui restent inflexibles.
Le Valaisan finira par résoudre le problème «à l’italienne», soit en laissant son véhicule dans un petit chemin à moins de dix minutes à pied du site de compétition.
Une fois au bord de la piste, il encourage avec force Matthias Simmen et Simon Hallenbarter: «Hop Schwyz, hop Matthias, hop Simon». Cette ferveur ne suffira pas et ceux-ci finiront loin des premières places.
«Nous devrons maintenant analyser leur performance et décider si cela vaut la peine de les aligner sur la prochaine compétition», concède Werner Augsburger. Durant les Jeux, c’est lui qui détient l’ultime décision sur les sélections. «L’avis des entraîneurs compte énormément», ajoute-t-il.
Cela se vérifie sur la route pour Turin où il se rend pour suivre le match de hockey féminin entre la Suisse et l’Allemagne, ainsi que la prestation du patineur Stéphane Lambiel.
Un téléphone qui n’arrête pas de sonner
Au téléphone, il donne son accord au chef d’équipe du combiné nordique, Hippolyt Kempf, pour la sélection finale du lendemain. Son portable, d’ailleurs, ne cesse pas de sonner depuis l’heure du dîner. Au point que sa boucle d’oreille en forme d’anneaux olympiques commence à chauffer.
Successivement, il s’entretient avec les trois chefs de village, les athlètes suisses diplômés en freestyle de la vieille et Gian Gilli, le chef de compétition de Swiss Ski qui suit l’épreuve du combiné des messieurs.
Le visage du chef de mission suisse s’éclaire. Les nouvelles sont bonnes après la descente, car deux skieurs jouent placés pour le slalom qui va suivre.
«Il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, prévient-il. Mais ce serait bien de gagner une seconde médaille en ski alpin après celle de Bruno Kernen en descente.»
Une petite pause
Sortie Turin. Au volant de sa voiture de Swiss Olympic, Werner Augsburger se balade dans la capitale piémontaise comme s’il était à Berne. La voie olympique et les petites rues n’ont plus de secrets pour lui.
Une petite pause dans sa chambre du village olympique lui fera du bien. Comme chaque jour durant un mois, il sera debout durant plus de 18 heures. Ses journées commencent à 6h du matin pour se terminer très tard dans la nuit…ou très tôt.
«Je prends ici et là un peu de temps pour moi, explique-t-il. Pour faire du sport ou pour lire quelques chapitres d’un livre. J’ai besoin de recharger mes batteries pour être capable de redonner de l’énergie.»
Hockey et patinage artistique
17h30, le moteur ronfle à nouveau. Départ pour la patinoire d’Esposizioni où joue l’équipe féminine suisse de hockey sur glace. Il a promis de venir regarder un match au moins une fois.
«C’est important pour moi d’accueillir les athlètes qui arrivent en Italie. Et de leur montrer par la suite que leur sport est important pour nous.»
En arrivant à la patinoire, il échange quelques mots avec l’entraîneur de l’équipe masculine suisse de hockey sur glace. Ralph Krueger est ses joueurs ont juste terminé l’entraînement.
Sur la glace, les filles de l’équipe féminine viennent d’égaliser contre l’Allemagne. Werner Augsburger se lève et applaudi à tout rompre. Il n’aura pas le temps d’assister à la fin de la rencontre car il est déjà temps de repartir pour une autre patinoire.
A Palavela, Stéphane Lambiel propose son nouveau programme court à 20h20. Au moment où le jeune champion du monde de patinage artistique débute sa prestation, le chef de mission suisse est dans les tribunes.
Des «Bravo Stéphane» fusent à l’énoncé des notes qui placent le Suisse en troisième position avant le programme libre de jeudi. Juste avant la prestation de l’autre patineur helvétique, Jamal Othman, Werner Augsburger reçoit des nouvelles de Sestrières.
Le jeune skieur Daniel Albrecht vient de terminer à la quatrième place de l’épreuve du combiné pour six malheureux petits centièmes. Marc Berthod est, quant à lui, 7ème. Dommage, la seconde médaille suisse des Jeux était proche.
Il est près de 22h00 lorsque Werner Augsburger remonte dans sa voiture. Il ne dormira pas à Turin ce soir, car d’autres tâches l’attendent sur les autres sites de compétition dès demain matin.
«Il me reste maintenant un petit voyage d’agrément de près de deux heures jusqu’à Sestrières, conclut-il. Mais je suis content. J’ai pu suivre mon programme et, surtout, je n’ai pas eu à mener de discussions imprévues.»
swissinfo, Mathias Froidevaux à Sestrières, Cesena San Sicario et Turin
– Werner Augsburger est arrivé en Italie une bonne semaine avant le début des Jeux olympiques afin de régler les derniers détails.
– Les journées du chef de mission débutent en général sur le coup des 6 heures du matin pour se terminer très tard dans la nuit.
– Avant les JO, le chef de mission a effectué près d’une vingtaine de visites de reconnaissance. Durant les JO, il passe de site en site pour s’assurer que tout se déroule bien.
Werner Augsburger est marié et père de deux enfants.
Après des études universitaires à Berne (1978-82), il a enseigné à Leysin en parallèle à une carrière en LNA avec le club de volleyball de Leysin (plusieurs titres de champion suisse et parcours européens).
Entre 1991 et 1999, il occupe le poste de chef de vente de la maison Rossignol suisse.
Depuis 1999, il est le Directeur technique pour Swiss Olympic. Chef de la mission olympique à Athènes en 2004, il le sera une nouvelle fois en février 2006 à Turin pour les Jeux d’hiver.
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