Klaus Ingo Opris devant les juges de Bucarest

Klaus Ingo Opris répondra de ses actes devant la justice roumaine. Keystone Archive

Un procès très attendu au Tessin s'ouvre jeudi devant le tribunal de Bucarest. Klaus Ingo Opris, commanditaire du meurtre de la jeune épouse enceinte d'un douanier tessinois, y répond d'assassinat aggravé.

Ce crime odieux avait choqué la Suisse.

Double ressortissant germano-roumain, marié et père de deux enfants en bas âge, Klaus Ingo Opris (32 ans), est incarcéré depuis le 13 décembre à l’Inspectorat général de police.

C’est dans ce même bâtiment que tous les opposants au régime de Nicolae Ceaucescu étaient emprisonnés et torturés.

Il faudra deux à trois semaines à la cour roumaine pour évoquer le «meurtre de Ponte Capriasca» comme l’avaient rappelé les journaux.

Une vingtaine de jours qui serviront à reconstituer la sanglante épopée du prévenu au Tessin et à décider s’il est bien coupable d’assassinat aggravé.

Une inculpation qui, à en croire le procureur tessinois chargé de l’enquête, peut lui valoir la réclusion à perpétuité: assassinat aggravé pour la préméditation de l’acte et parce que la victime, une Tessinoise de 31 ans, était enceinte de jumeaux.

La police roumaine en action

Grâce à une photo-radar prise sur l’autoroute A13 près de San Bernardino (Grisons), la description d’une voiture et le signalement de deux fuyards sont diffusés dans toute l’Europe. L’automobile est retrouvée le lendemain à Vaduz.

Le 6 décembre, à Ulm, la police allemande arrête Claudia Opris, épouse de Klaus Ingo. Avec leurs deux enfants en bas âge, elle s’apprêtait à rejoindre son mari en Roumanie.

Le 13 décembre enfin, un commando de la police roumaine fait irruption dans une maison d’un petit village du nord de la Roumanie.

Klaus Opris y a trouvé refuge chez une tante de sa femme. Un habitant du coin l’a dénoncé après avoir vu sa photo dans la presse locale.

Le prévenu accuse son complice

La Roumanie a refusé de livrer Klaus Opris à la Suisse. Dans ce pays aussi, l’extrême cruauté du meurtre de la jeune Tessinoise a fait la une de la presse et les Roumains tiennent à juger leur ressortissant.

Les révélations du prévenu à une chaîne de la télévision allemande l’ont dépeint sous des couleurs plus sombres encore: avec d’autres membres d’un groupe chargé de la récupération de crédits, il lui arrivait d’«amputer les doigts ou les oreilles des mauvais payeurs», a-t-il raconté.

Klaus Ingo Opris sera défendu par une avocate commise d’office. Elle remplace Me Ion Gheorgescu, un ténor du barreau de Bucarest qui s’était récusé en février dernier.

Le Germano-Roumain rejette la responsabilité du meurtre sur son complice tchétchène. Cependant à en croire l’amie témoin du meurtre, le prévenu aurait décidé lui-même du sort de sa victime.

Premier procès

Le procès de Bucarest est le premier d’une longue série. L’épouse du prévenu, libérée le 19 juillet dernier de la prison de Lugano à la suite d’une bévue administrative doit répondre de complicité de meurtre.

La jeune femme a rejoint ses enfants en Allemagne et elle sera probablement jugée par contumace au Tessin.

La cour d’assises de Lugano devra aussi juger deux ressortissants moldaves, un père et son fils, accusés d’avoir participé au plan de vengeance du principal prévenu et un autre complice, un double citoyen allemand et russe, également incarcéré à Lugano.

swissinfo, Gemma d’Urso/Lugano

En bref

– Le procès de Klaus Ingo Orpis commence jeudi à Budapest.

– L’intéressé est soupçonné d’avoir ordonné au Tessin l’assassinat de la femme d’un douanier enceinte de deux jumeaux, faute d’avoir trouvé chez lui le douanier lui-même.

– La Roumanie a refusé d’extrader Klaus Ingo Opris, préférant le juger elle-même compte tenu de l’extrême cruauté du crime.