L’action ABB ébranlée par la justice américaine
L’action du groupe électrotechnique a perdu plus de 11% vendredi après le renvoi par la justice américaine du plan d’indemnisation des victimes de l’amiante.
Le groupe helvético-suédois avait proposé 1,4 milliard de francs pour mettre fin à des années de procédure.
Coup dur pour ABB dans le dossier de l’amiante. La 3e Cour d’Appel de Philadelphie a renvoyé pour renégociation l’accord global qu’a signé le groupe électrotechnique helvético-suédois avec les plaignants.
Conséquence, le titre a dévissé en Bourse. Vendredi à midi, l’action ABB lâchait 11,25% à 6,25 francs, contre 7,04 francs jeudi en clôture.
Les juges ont notamment estimé jeudi soir que le plan de règlement de 1,2 milliard de dollars (1,4 milliard de francs), n’est pas équitable pour toutes les catégories de plaignants.
La proposition a été présentée en janvier 2003 pour mettre fin aux poursuites pour contamination à l’amiante déposées contre la filiale d’ABB Combustion Engineering (CE),
La Cour d’Appel a ajouté que la réorganisation de CE, placée sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, doit faire l’objet d’un nouvel examen du Tribunal de district.
Les fonds du plan de règlement proviennent des actifs de CE, soit 812 millions de dollars, 30 millions de titres ABB et 350 millions de dollars en cash.
Surprise et déception
Dans sa décision, le tribunal a estimé inapproprié d’inclure dans l’accord deux autres filiales d’ABB, Lummus Global et Basic, les protégeant ainsi contre d’éventuelles nouvelles plaintes. «Nous sommes surpris et décus», a pour sa part commenté Jürgen Dormann, le président et patron du groupe.
Une déception d’autant plus grande que l’accord avec la majorité de plaignants a obtenu l’approbation de deux juridictions de rang inférieur, a-t-il ajouté. Se voulant néanmoins optimiste, M. Dormman a noté que «la Cour d’appel n’a pas rejeté le plan dans son intégralité».
«Nous restons donc confiants en vue de trouver rapidement une solution», a poursuivi le patron d’ABB, qui cédera en janvier son fauteuil à Fred Kindle. Le groupe helvético-suédois va désormais étudier les objections et «prendre rapidement contact» avec le tribunal auquel l’accord a été renvoyé.
Deux oppositions
Signé avec quelque 103’000 plaignants, l’accord à l’amiable a soulevé deux oppositions. La première émane des assureurs des filiales d’ABB concernées, qui devraient passer à la caisse dans le cas où de nouvelles plaintes devaient être déposées.
La seconde est celle d’avocats de plaignants qui se sont ralliés tardivement aux plaintes collectives.
Ils estiment que leurs clients ont été désavantagés dans l’accord, les dédommagements étant inférieurs à ceux promis aux autres victimes de l’amiante. Egalement surpris de ce renvoi, les analystes ont quant à eux jugé qu’il s’agit d’un «véritable coup dur» pour le groupe helvético-suédois.
Depuis la fin des années 80, l’amiante a fait l’objet d’une multitude de plaintes et coûté aux entreprises plus de 54 milliards de dollars en procès. Ces procédures ont provoqué la faillite d’une cinquantaine d’entre elles aux Etats-Unis.
swissinfo et les agences
Le plan de règlement de 1,4 milliard de francs proposé par ABB a été renvoyé devant un tribunal pour réexamen.
Le groupe a pourtant indiqué qu’il pensait pouvoir résoudre rapidement le problème sans coûts supplémentaires.
Vendredi, l’action d’ABB perdait plus de 11% à l’ouverture de la Bourse suisse.
– ABB a racheté en 1990 Combustion Engineering, qui avait fabriqué auparavant des chaudière comportant de l’amiante.
– Les 103’000 plaignants comptent d’anciens collaborateurs, atteints de cancer.
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