L’actionnaire principal du FC Bâle est une femme

Gigi Oeri, principale actionnaire du FC Bâle. Keystone

Gisela Oeri, que les Bâlois appellent tendrement «Gigi», est une véritable professionnelle du monde du sport et une redoutable femme d'affaires.

Elle vient de devenir l’actionnaire majoritaire du club de football rhénan.

Professeur de sport et physiothérapeute, Gigi Oeri est aussi fondatrice et directrice du Musée des maisons de poupées à Bâle.

Avec désormais plus de 70% du capital du FC Bâle Marketing SA, entité qui sert au financement des transferts et possède les droits de joueurs, elle est la première femme à jouer un rôle important dans le football suisse.

Jusqu’alors principal actionnaire du club, l’UBS s’est retirée cet automne conformément à ce qu’elle avait indiqué dès le début de sa prise de participation.

FC Bâle, le seul club de football rentable en Suisse

Elue il y a tout juste trois ans au comité du FC Bâle, Gigi Oeri a rapidement prouvé que son talent de négociateur et sa volonté de fer sont devenus indispensables au développement de ce club.

Le seul grand club de football suisse qui est aujourd’hui rentable. Et cela, grâce à une structure habilement mise en place dès novembre 1996 par René C. Jäggi, l’ex-président du FC Bâle et ancien patron d’Adidas.

Une structure, qui contrairement à la tradition suisse dans les clubs de football, ne repose par sur un seul homme, mais sur une organisation diablement efficace et à la mécanique parfaitement huilée.

Jugez-en vous-même! Un budget, avec la qualification pour la Champions League, de 30 millions de francs et un bénéfice de 1 million de francs, alors que son principal rival, le GC (Grasshopper Club) dispose d’un budget de 20 millions de francs et réalise des pertes.

Dans une interview très récente au Tages Anzeiger, Jäggi a précisé que les recettes TV sur la Champions League rapporteront à elles seules 6,5 millions de francs.

N’oublions que dans le cadre de cette compétition, le FC Bâle a battu les Slovaques de Zilina puis a réussi l’exploit d’éliminer le Celtic de Glasgow, dont le budget est près de 5 fois plus élevé.

Le système mis en place par Jäggi et son équipe a permis d’attirer de gros investisseurs: Toyota (Jäggi a fait le déplacement au Japon pour convaincre le constructeur automobile), la Bâloise, Novartis, Manor, Messe Schweiz (Foire Suisse), die Basler Zeitung, Sarasin et bien sûr l’UBS, qui demeure un sponsor fidèle.

GC, de son côté, est traditionnellement soutenu le Crédit Suisse Group. On retrouve donc la rivalité entre les deux grandes banques dans le domaine du sport. Le FC Bâle, c’est aussi une moyenne de 23 000/25 000 spectateurs par match, contre 7000/8000 seulement pour le GC.

Le stade St-Jacques, le plus moderne de Suisse, n’est pas étranger à ce succès, tandis que GC évolue dans un stade relativement vétuste.

Une passionnée de foot

Gigi Oeri est une passionnée de football depuis son enfance. Au VfB Stuttgart, elle portait le maillot numéro 10, où elle laisse le souvenir d’une joueuse rapide et très motivée, mais d’un gabarit trop petit pour concrétiser une grosse prestation.

Le Basler Zeitung l’a décrit comme une femme qui sait ce qu’elle veut. Une femme qui agit en coulisses avec une remarquable efficacité lorsqu’il s’agit de recruter de nouvelles vedettes internationales et de négocier leur contrat.

Elle est née en 1955 à Schopfheim, petite ville allemande à deux pas de Bâle, qu’elle admire: «J’ai toujours été fascinée par la combinaison entre la culture et le football qui règne à Bâle».

En 1976 elle épouse le richissime Andreas Oeri, médecin et représentant des familles fondatrices au sein du conseil d’administration de Roche. Lorsqu’en 1999 René C. Jäggi fait appel à Gigi Oeri pour donner une nouvelle impulsion au FC Bâle, le club rhénan était dans une situation difficile.

Gigi Oeri n’hésite pas une seconde et dévoile pleinement ses talents. Le Musée des maisons de poupées, qu’elle a créé en 1998 au centre de Bâle, jouit d’une réputation mondiale: il rassemble la plus grande collection d’ours en peluche (2000) et de maisons de poupées.

Restructurateur né, René C. Jäggi vient de quitter, comme prévu de longue date,ses fonctions. Car il veut remettre sur pied le FC Kaiserslautern, dont la situation n’est pas brillante. Son successeur, Werner Edelmann, est selon Gigi Oeri le candidat idéal pour assurer encore de très beaux jours au FC Bâle. Pourvu que çà dure!

swissinfo avec Michel Donath, «l’agefi» du 18 septembre 2002

Faits

Le FC Bâle a un budget de 30 millions de francs, contre 20 millions pour son rival zurichois de Grasshopper.
L’UBS s’est retirée du capital du FC Bâle Marketing SA, mais elle reste sponsor du club rhénan
Ancien patron d’Adidas et président du club, René C. Jäggi a réussi à attirerToyota, la Bâloise, Novartis, Manor, Messe Schweiz, Basler Zeitung et Sarasin.

En bref

Avec 70 % du capital du FC Bâle, Gigi Oeri est devenue la principale actionnaire du club rhénan. Née en 1955, elle est professeur de sport, physiothérapeute, fondatrice et directrice du Musée des maisons de poupées à Bâle.