L’affaire Wolf
En septembre 1973, la police arrête à Effretikon dans le canton de Zurich le couple Hans et Ursula Kälin-Meissner, de son vrai nom Wolf.
Dans l’appartement des Wolf, entrés en Suisse en 1967, la police découvre notamment deux émetteurs-récepteurs radio destinés à la transmission d’informations au Service de renseignements de l’armée nationale populaire de RDA.
Dans l’abondant matériel saisi – qui comprend aussi une installation de chiffrage, des modes d’emploi et des instructions – la police trouve par ailleurs des indications sur l’existence d’un autre émetteur, découvert par la suite dans une forêt.
Comme le révélera l’enquête, cet émetteur-là était destiné uniquement à la transmission d’informations à Berlin-Est en cas de tensions extrêmes ou de guerre en Europe. Préparer une «structure d’accueil» pour un éventuel «nid d’espions» est-allemand qui se serait installé dans la région en cas de grave crise internationale était d’ailleurs la mission principale du couple Wolf.
Si cette mission n’avait pas été complétée par d’autres mandats d’espionnage classique, le couple n’aurait probablement jamais été repéré. Il sera condamné en 1975 à sept ans de réclusion et 15 ans d’expulsion du territoire suisse.
Agents sans couverture
Dans une conversation avec Peter Veleff, citée dans son ouvrage, le dernier chef des renseignements militaires de la RDA précise que les Wolf étaient en fait les seuls agents sans couverture que ses services ont introduit en Suisse. L’autre grande centrale de renseignements, celle du Ministère de la sécurité d’Etat (Stasi), avait cependant son propre réseau d’agents.
Veleff fait aussi remarquer que d’autres pays communistes avaient installé en Suisse des émetteurs radio et des agents dormants dans un but analogue à celui de la mission du couple Wolf.
Pas de «taupe» au ministère de la défense
Nous avons de notre côté retrouvé le cas d’un ressortissant est-allemand, étudiant à l’Université de Fribourg et qui se faisait passer pour un Suisse. Soupçonné d’avoir été infiltré par la Stasi, il avait été arrêté par le Ministère public fédéral… en mai 1990 et condamné le 21 décembre à 16 mois de prison avec sursis.
On notera enfin que même si la RDA a trouvé en Suisse quelques informateurs, elle n’est jamais parvenue, malgré de nombreuses tentatives, à recruter une «taupe» au sein du Département (ministère) militaire – aujourd’hui Département de la défense, de la protection de la population et des sports.
swissinfo, Michel Walter
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