L’Angleterre casse le rêve des Suisses
Pour son deuxième match de l’Euro 2004, la Suisse s’est largement inclinée face aux Anglais, qui l’ont emporté par 3 à 0.
Il faudrait un miracle pour permettre aux Helvètes d’accéder aux quarts de finales. Essayé pas pu?
Rencontre en rouge et blanc – couleurs communes des deux équipes – au stade de Coimbra, qui a fait le plein en cette fin d’après-midi (30 degrés à l’ombre).
Les supporters suisses ont emmené leurs cloches, les Anglais leurs drapeaux. Ces derniers sont du reste des milliers en dehors du stade à avoir effectué le voyage sans billet d’entrée.
L’ambiance est au tout sécuritaire, avec mesures renforcées (les hooligans anglais ont fait parler d’eux dans le sud du Portugal) et hélicoptère survolant le stade.
Sur les terrains, les Anglais doivent absolument l’emporter après leur défaite contre la France (2 à 1) pour avoir une chance de sortir du groupe. Les Suisses, eux, doivent battre les Anglais ou les Français. Et les premiers font certes figure d’ogres, mais semblent davantage à leur mesure.
Ascendant dès le départ
D’entrée de jeu, le onze suisse prend l’ascendant sur les Anglais. Pression sur le but adverse, générosité dans l’engagement, les Helvètes ont laissé leurs complexes au vestiaire.
Durant 20 minutes, leur domination est réelle mais assez stérile, sans véritable occasion de but.
En face, les Britanniques sont sur la retenue, et procèdent surtout par contre-attaques. Les Suisses prennent des risques, perdent le ballon…
Coup de théâtre à la 23e minute. Suite à une balle perdue en coup-franc, servit par Michael Owen, Wayne Rooney trouve les filets de Stiel d’une reprise de la tête digne des manuels. 1 à 0 pour les joueurs de l’entraîneur Eriksson.
Soit dit en passant, à 18 ans, Roney est le plus jeune marqueur de l’histoire du championnat d’Europe.
Un but contre le cours du jeu, donc cruel pour l’équipe de Suisse. Regonflés, les Anglais prennent ensuite progressivement le match à leur compte.
Le gardien sifflé
Dans ses goals, le gardien suisse Stiel se fait régulièrement siffler par les supporters anglais placés derrière ses filets. Touché par un joueur anglais, il les avait fait taire. Ceux-ci ne le lui pardonnent pas.
Devant, les Suisses cherchent à ne pas arriver vierges à la mi-temps. L’occasion la plus belle est signée Hakan Yakin. A la 44e minute, son coup-franc passe de peu sur la droite des buts de David James.
Après la pause, le match poursuit sur un tempo moyen. Les Suisses pressent dans la partie de terrain anglaise, sans suffisamment de tranchant. Les Anglais laissent quelque peu jouer. Le niveau de jeu reste plaisant.
Tournant du match
A la 53e minute, Cabanas remplace Celestini dans les rangs suisses. Et sept minutes plus tard, c’est le tournant du match.
Le défenseur suisse Bernt Haas se fait sanctionner pour la deuxième fois de la soirée. Carton rouge (fautes contre Gerrard et Cole). La Suisse joue dorénavant à dix contre onze.
Après l’expulsion de Johann Vogel contre la Croatie, c’est la deuxième fois que le team suisse doit jouer plus d’une demi-heure en infériorité numérique.
«Nous avons été bons dans le jeu, confie le défenseur Patrick Mueller à swissinfo. La différence s’est fait au niveau de l’expérience. Le résultat est là, ça fait mal. Encore une fois, il a fallu terminer le match à 10. C’est difficile».
Rarement spectaculaire, l’Angleterre défend à merveille. La Suisse cherche à construire, fait tourner le ballon, mais sans jamais parvenir à se créer de véritables occasions de but. Rapidement, elle perd pied, fatigue et chaleur aidant.
«On s’attendait à une tornade, indique le milieu de terrain Fabio Celestini à swissinfo. Mais les Anglais nous ont longtemps attendu. On a eu des possibilités de marquer, mais sans les mettre au fond. A ce niveau, ça ne pardonne pas.»
Le but de la sécurité
75e minute, l’Angleterre inscrit le but de la sécurité. Darius Vassel sert Ronney, qui d’un solide tir, projette le ballon sur le poteau, qui vient rebondir sur la tête de Stiel avant d’entrer dans les filets.
Les Suisses cherchent sans trouver la solution… Et à la 82e, un ballon part de Beckham pour Gary Neville, qui offre la passe du troisième but à Steven Gerrard et à l’Angleterre. Le plus beau des trois goals anglais. C’en est alors fait des espoirs suisses.
L’entraîneur suisse Köbi Kuhn ne peut que féliciter l’équipe anglaise. Et constater: «Deuxième match, deuxième carton rouge, c’était dur. Terminer à 10 a épuisé nos réserves physiques et mentales.»
«Nos chances sont minimes, mais contre la France, nous jouerons le match à fond», poursuit le coach.
Il faudrait en effet un petit miracle lundi face aux Français pour espérer une éventuelle qualification des Suisses pour les quarts de finale de cet Euro 2004.
swissinfo
Angleterre/Suisse: 3 à 0
Groupe B, deuxième journée du premier tour de l’Euro 2004
Match disputé au Stade de Coimbra
30’216 spectateurs
Arbitre: Valentin Ivanov (Russie)
– Composition de l’équipe suisse: Joerg Stiel (cap); Bernt Haas, Patrick Mueller, Murat Yakin, Christoph Spycher; Raphael Wicky, Fabio Celestini (53e Cabanas), Benjamin Huggel; Hakan Yakin (83e Vonlanthen); Stéphane Chapuisat (46e Gygax), Alexander Frei.
– La Suisse sans Johann Vogel (suspendu). A la 60e, expulsion de Haas (2e avertissement). Avertissements: 18e Rooney, 23e Celestini, 49e Haas.
– Les deux dernières rencontres entre les deux équipes s’étaient soldées par des matches nuls à Wembley en 96 et Berne en 98.
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