L’armée de papa a définitivement vécu
La réforme Armée XXI a été massivement acceptée par 76% des votants. Quant à la réforme de la protection civile, elle a été plébiscitée (80,5% de oui).
L’armée du nouveau millénaire est définitivement sur les rails. Elle sera plus petite, mais plus efficace.
Le résultat n’est pas vraiment une surprise. En effet, la plupart des points de la réforme avaient fait l’objet d’une longue discussion au Parlement.
Grâce au consensus obtenu sous la Coupole, les différents partis ne s’étaient finalement pas opposés à la réforme. C’est finalement presque contre toute attente que certains cercles proches de la droite dure avaient obtenu le référendum.
Ceux-ci estimaient qu’Armée XXI représenterait un affaiblissement de la capacité défensive du pays.
Mais, surtout, ils craignaient que la collaboration internationale ne mène à un abandon pur et simple de la politique de neutralité et à une adhésion future à l’OTAN.
Ces craintes n’ont pas convaincu les citoyens. D’autant que le gouvernement a toujours clamé haut et fort qu’un abandon de la neutralité n’était absolument pas à l’ordre du jour.
Et, au-delà de la politique, il semblait bien improbable que les Suisses refusent une réforme avant tout synonyme pour eux de baisse de la durée du service militaire.
Les dangers de notre époque
Lancée par l’ancien ministre de la défense Adolf Ogi, puis poursuivie par son successeur Samuel Schmid, Armée XXI vise à adapter la défense nationale aux dangers de notre époque.
Il n’est plus question de se préparer à une invasion des pays de l’Est. La menace militaire directe contre la Suisse n’est plus d’actualité.
Désormais, l’accent est mis sur d’autres dangers: le terrorisme, les catastrophes naturelles ou encore l’instabilité dans le monde.
Ce changement dans la perception des dangers implique une réforme de l’armée.
En effet, il n’est plus nécessaire de disposer de centaine milliers d’hommes prêts à se retrancher dans le massif alpin pour résister à une invasion.
La priorité, c’est la collaboration internationale. Par exemple en participant à des missions de maintien de la paix – comme la Suisse l’a déjà fait au Kosovo – ou dans la lutte contre le terrorisme.
Mais la baisse des effectifs ne doit pas avoir pour effet une diminution de l’efficacité de l’armée.
Certes les soldats seront moins nombreux. Mais ils seront équipés d’un matériel de pointe.
Cette armée moins nombreuse mais beaucoup plus moderne devrait donc mieux s’intégrer dans le cadre de la coopération internationale. Par ailleurs, elle sera plus efficace en cas d’invasion du territoire.
Enfin, Armée XXI répond mieux aux conditions économiques. Le service militaire sera moins long (260 jours au lieu de 300) et s’achèvera à 30 ans déjà.
Le poids des obligations militaires sera donc plus facilement supportable, tant pour les citoyens-soldats que pour les entreprises.
Un signal clair pour les «Nein Sager»
Les partis gouvernementaux réagissent positivement – y compris les socialistes – près les oui à Armée XXI et à la réforme de la protection civile.
La présidente du parti radical ne cache pas sa satisfaction. «L’armée 95 ne répondait plus aux besoins», dit Christiane Langenberger. Cela explique pourquoi cette votation s’est si bien passée.»
Le président du Parti démocrate-chrétien (PDC), lui, note que les «Nein Sager» ont reçu un signal clair.
«Cela montre, dit Philippe Stähelin, que le conseiller fédéral Samuel Schmid trouve davantage de soutien au sein de la population que l’UDC zurichoise.»
Un oui clair était prévisible, souligne de son côté le président de l’Union démocratique du centre (UDC, droite dure). Qui ne cache toutefois pas son étonnement face à l’ampleur du résultat.
«Ce qui est important, dit Ueli Maurer, c’est de conserver l’esprit de milice et d’éviter la création d’une armée à deux vitesses.»
swissinfo, Olivier Pauchard
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