«L’effet Ammann, c’est pour dans sept ans!»
Les sauteurs à ski suisses ont totalement manqué leurs Championnats du monde. Jamais dans le coup, ils ont traîné leur spleen sur le tremplin d’Obersdorf.
Présent en Allemagne en tant que consultant pour la télévision suisse, l’ancien sauteur Sylvain Freiholz analyse cette contre-performance.
Médaillé de bronze aux Mondiaux norvégiens de Trondheim (grand tremplin) en 1997, l’ancien sauteur du Brassus suit toujours de très près l’actualité de son sport de prédilection.
Membre de l’équipe olympique suisse en 1998 et 2002 en compagnie d’Andreas Küttel et Simon Ammann, le Vaudois a assisté à la déroute de ses anciens coéquipiers sur le tremplin d’Obersdorf. De retour en Suisse, il livre son analyse à swisinfo.
swissinfo: comment avez-vous vécu ces Mondiaux d’Obersdorf?
Sylvain Freiholz: D’un point de vue général, ces deux semaines de compétitions étaient absolument extraordinaires et le succès populaire était également au rendez-vous.
Du côté des performances suisses, il est vrai que le bilan final est plus que mitigé. Les sauteurs helvétiques ont totalement manqué leurs Mondiaux et c’est d’autant plus dommage qu’Andreas Küttel, Simon Amman et Michaël Mölliger ont réalisé d’excellents résultats tout au long de la saison régulière.
swissinfo: comment expliquer ce revers?
S.F.: La technique, le matériel et la préparation psychique évoluent durant la saison et les Suisses ne sont pas tous arrivés à 100% à Obersdorf.
Simon Ammann et Michäel Mölliger, dont la forme s’est peu à peu étiolée au fil de la saison, n’ont pas réussi à revenir à leur meilleur niveau pour ces deux semaines de compétition.
Pour Andreas Küttel, qui était notre meilleure chance de médaille, les choses sont un peu différentes. Il a réussi des sauts extraordinaires durant les entraînements mais n’a malheureusement pas réussi à gérer la pression qui reposait sur ses épaules durant les compétitions.
swissinfo: quel rôle joue le côté psychologique dans le saut à ski?
S.F.: Il est relativement important. Pour réussir un bon saut il faut réussir à se relâcher. Il faut oser être tranquille, s’autoriser à être calme.
Le sauteur doit garder un contrôle total et ne pas se laisser emporter par l’enjeu. Je parlerais presque d’une vision de soi extérieur. A cela s’ajoute la notion de plaisir.
Pour aller loin, il faut avoir du plaisir à voler et à sauter plutôt que de se bloquer sur une médaille hypothétique et d’essayer de forcer le destin.
swissinfo: Trois ans après les deux médailles d’or olympiques de Simon Amman, on a la désagréable sensation que le saut à ski suisse stagne. Qu’en est-il de l’«effet Ammann»?
S.F.: Ce n’est pas nouveau. Simon Amman, Andreas Küttel et Marco Steinauer ont participé avec moi au JO de Nagano en 1998 et ils sont toujours là.
Nous sommes en 2005 et la Suisse n’a pas réussi à amener beaucoup de nouveaux sauteurs sur le devant de la scène. Le principal problème de notre pays est de ne pas avoir suffisant de jeunes qui commencent ce sport pour former des champions.
Et lorsque l’on parle de l’«effet Ammann», il faut bien se rendre compte que si l’on travaille de manière optimale nous ne pourrons récolter le fruit de ses deux médailles olympiques que dans sept ans.
Les jeunes sauteurs qui ont débuté cette discipline il y a trois ans ont aujourd’hui dix ou onze ans. Il faut leur donner du temps et attendre qu’ils aient 17 ou 18 ans pour espérer découvrir de nouveaux talents.
swissinfo, propos recueillis par Mathias Froidevaux
Quatre sauteurs suisses ont pris part aux Mondiaux de vol à ski d’Obersdorf: Simon Ammann, Andreas Küttel, Michaël Mölliger et Marco Steinauer
Andreas Küttel, le meilleur d’entre eux, est le seul à avoir passé les 130 mètres. Il a notamment terminé 11ème du concours sur le petit tremplin
Dans le concours par équipe, la Suisse a pris la 8ème place
La Suisse compte environ 400 adeptes du saut à ski possédant une licence.
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