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L’engagement de la Suisse face au dopage

Marion Jones, star du 100m en 2002 à Zurich, aujourd'hui indésirable... Keystone

Le meeting d’athlétisme de Zurich ferme ses portes à la triple championne olympique Marion Jones, sous le coup d’une enquête pour dopage.

Une décision soutenue par l’Association suisse olympique. Le responsable du comité antidopage de l’association, Oliver Hintz, répond aux questions de swissinfo.

Avant même de démarrer (dans moins de quinze jours), les Jeux olympiques d’Athènes sont déjà ternis par des soupçons de dopage.

L’agence antidopage des Etats-Unis (USADA) enquête en effet sur un certain nombre de stars américaines de l’athlétisme sélectionnées pour les JO 2004. Et Marion Jones fait partie du lot.

Résultat, la championne américaine d’athlétisme ne pourra pas participer au meeting d’athlétisme de Zurich qui se tient vendredi, comme l’explique son porte-parole Nicolas Russi : «Nous excluons de la manifestation zurichoise les sportifs impliqués dans des affaires de dopage.»

Oliver Hintz soutient cette ligne. Il dirige la commission antidopage de l’Association olympique suisse.

swissinfo: Weltklasse, le championnat zurichois d’athlétisme, a-t-il pris la bonne décision concernant Marion Jones ?

Oliver Hintz: Je comprends la décision des organisateurs zurichois. On entend en effet beaucoup de choses concernant Marion Jones. Pour l’heure, il ne s’agit que de rumeurs. Mais je suis convaincu que ces bruits n’existeraient pas si l’USADA n’était pas en possession de faits.

swissinfo: Doit-elle se rendre à Athènes, malgré tous ces soupçons ?

O. H.: C’est à elle d’en décider. Marion Jones affirme qu’elle est innocente et qu’elle se rendra aux JO 2004. Ce qui n’est pas surprenant.

Mais à sa place, je n’irais pas à Athènes. Les Jeux olympiques ne sont pas seulement un championnat sportif. Les enjeux sont plus élevés. Il faut par exemple respecter l’esprit olympique.

Les athlètes suspectés de dopage devraient réaliser par eux-même que ce genre d’affaire ne doit pas parasiter le déroulement des jeux.

swissinfo: Les JO vont bientôt commencer. Et, en particulier aux Etats-Unis, on parle déjà de dopage. Cela vous surprend ?

O. H.: Non, pas du tout. Quand le scandale des stéroïdes a éclaté l’année passée, j’ai pu m’entretenir avec Terry Madden, le patron de l’USADA, l’agence antidopage des Etats-Unis. Et il m’a annoncé que beaucoup de cas de dopage allaient apparaître.

Nous savons aussi que, ces vingt dernières années, les Etats-Unis n’ont pas vraiment eu de politique antidopage. Une situation qui a changé avec la création de l’USADA.

swissinfo: La Suisse prend-elle au sérieux le fléau du dopage ?

O. H.: Absolument. Depuis 1999, nous avons un organisme indépendant: la commission antidopage de l’Association olympique suisse. Et ces huit dernières années, les compétences en matière de lutte contre le dopage ont migré des fédérations sportives à l’Association olympique suisse.

Nous avons également signé et mis en œuvre le code de l’Agence mondiale antidopage (AMA). Nous participons aussi à l’Entente antidopage internationale (IAE), créée en 1995 par les gouvernements du Canada, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, de la Norvège et du Royaume-Uni.

Je suis convaincu que la Suisse fait partie des 15 premières nations en terme de procédure antidopage.

swissinfo: Quelle est l’efficacité de ces procédures? Pouvez-vous affirmer que chaque athlète suisse qui participe aux JO d’Athènes est propre?

O. H.: C’est impossible à dire, car les tests ne sont pas systématiques. Nous effectuons environ 1900 tests par année. Mais nous ne pouvons évaluer chaque athlète 4 ou 5 fois par an, faute de ressources suffisantes. Cette fréquence permettrait pourtant d’améliorer la lutte.

De plus, vous avez des sportifs qui ont été contrôlés 10 fois et d’autres jamais.

Cela dit, l’ensemble de l’équipe suisse pour Athènes a été testé à plusieurs reprises. Nous avons procédé à environ 400 contrôles sur 100 personnes.

swissinfo: Qu’en est-il du dopage génétique? S’agit-il d’une menace sérieuse?

O. H.: Pour l’heure, nous pensons qu’il ne constitue pas un problème majeur. Mais cela pourrait changer d’ici à quelques années. Quand le génie génétique atteint le niveau clinique, des athlètes peuvent être tentés d’en faire usage.

Les chercheurs impliqués dans les thérapies géniques destinées à restaurer la force musculaire chez les personnes myopathes ont déjà reçu des demandes de la part de sportifs.

swissinfo: Faut-il exclure les membres du CIO qui n’ont pas signé le code antidopage de l’AMA?

O. H.: Ce devrait être le cas. Ils ne devraient pas pouvoir participer aux JO ni à un quelconque championnat mondial. Il est essentiel de mettre la pression pour que ces membres signent le texte de l’AMA.

Interview swissinfo: Adam Beaumont
(Traduction: Frédéric Burnand)

Weltklasse, le meeting d’athlétisme de Zurich se tient vendredi.

Ses organisateurs ont refusé la participation de l’athlète américaine Marion Jones, suspectée de dopage.

Les Jeux d’Athènes seront marqués par l’introduction du Code mondial antidopage, le premier document harmonisant les règlements liés au dopage dans tous les sports et dans tous les pays.

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