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L’histoire des chemins de fer est sur les rails

En 2007, un train à vapeur circule sur la ligne du Gothard pour fêter le 125e anniversaire de la ligne. Keystone

Les chemins de fer font partie de l’identité suisse. Une fondation – CFF Historic – a donc été créée pour conserver et gérer le patrimoine ferroviaire. Son but: faire fonction de mémoire vivante de cet acteur de l’histoire nationale.

Les Suisses adorent se déplacer en train. Ils sont les utilisateurs les plus assidus du rail au niveau mondial. Si l’on considère la distance parcourue annuellement par chaque habitant, la Suisse, avec 2103 kilomètres, se place nettement devant le Japon, avec 1976 kilomètres (chiffres de 2009).

Cette passion pour les trains se traduit également par un intérêt marqué pour le passé ferroviaire du pays. Un passé qui n’a pas été perdu.

De multiples témoignages

«Quand, en 1999, les Chemins de fer fédéraux sont passés du statut de régie fédérale à celui d’entreprise moderne, une question s’est posée. Comment gérer le patrimoine historique? En 2001, on a donc créé la fondation CFF Historic, dont l’objectif est de rassembler les témoignage du passé, de les maintenir en bon état et de les transmettre aux générations futures», explique la responsable de la fondation, Stéphanie von Erlach.

La fondation conserve des choses très nombreuses, mais aussi très diverses. Ce patrimoine comprend notamment du matériel roulant qui, mis bout à bout, représente une longueur de deux kilomètres. Il s’agit de 13 motrices à moteurs, d’une quarantaine de motrices électriques et de plus de 90 wagons pour passagers et marchandises. Une partie de ce matériel est exposée au Musée des transports de Lucerne.

Par ailleurs, les archives de CFF Historic, qui s’étendent sur des rayonnages longs de 2,5 kilomètres, contiennent de nombreux manuscrits: de vieux actes des CFF, dont le contrat original pour le financement du premier tunnel du Gothard (construit entre 1872 et 1882) ainsi que des actes des sociétés qui ont précédé les CFF.

A cela s’ajoutent environ 350’000 photos, 500 vidéos et plans de construction, une bibliothèque spécialisée, une collection d’affiches, une collection de lanternes, des juke-box et des modèles réduits à l’échelle 1:10…

Fascination du passé

«Le matériel roulant constitue la partie la plus visible de notre patrimoine, explique Stéphanie von Erlach. Un entretien régulier est nécessaire pour utiliser le matériel encore à état de rouler à des intervalles eux aussi réguliers, tout en l’adaptant aux standards de sécurité actuels.»

Cette tâche n’est pas simple. Les réparations sont coûteuses et il n’est pas facile de conserver le savoir-faire nécessaire. En outre, les convois d’époque ne doivent pas être utilisés trop fréquemment, afin d’éviter d’endommager le matériel, mais pas trop rarement non plus.

Ces convois rencontrent un grand succès. Ainsi, le voyage réalisé avec un train historique sur la ligne du Gothard – à l’occasion de son 125e anniversaire – avait attiré de nombreux passionnées, tant suisses qu’étrangers. Parmi eux, de nombreux Britanniques et également des Suisses de l’étranger venus tout spécialement des Etats-Unis. Toutes les tranches d’âges sont représentées. «Il y a des retraités, mais aussi beaucoup de familles avec enfants», souligne Stéphanie von Erlach.

La grande quantité de documents conservée attire de son côté étudiants et chercheurs – là aussi suisses et étrangers – qui planchent sur l’histoire des chemins de fer suisses. Mais pas seulement. «Nous recevons également des demandes des CFF eux-mêmes, par exemple lorsqu’il faut consulter de vieux plans pour construire un viaduc», déclare la responsable de la fondation.

Enfin, il convient de ne pas oublier les personnes intéressées aux aspects artistiques, comme l’évolution des publicités, dont certaines ont été créées par des artistes tels que Hans Erni. Ces publicités, ainsi que les archives photographiques, ont été récemment digitalisées et rendues accessibles via Internet.

Un symbole national

Ces dernières années, l’orgueil national a été durablement frappé par les problèmes rencontrés par deux symboles de l’économie suisse: la compagnie aérienne Swissair et – plus récemment – la banque UBS.

Malgré le choc constitué par la panne électrique qui avait totalement paralysé le système en 2005, les CFF restent en revanche une entreprise appréciée des Suisses. «Nous pouvons constater quotidiennement cet enthousiasme pour les chemins de fer, souligne Stéphanie von Erlach. C’est un véritable élément de cohésion nationale. C’est également pour cette raison que le public est très exigent à notre égard.»

«Ceux qui utilisent chaque jour les chemins de fer sont souvent intéressés à leur passé, ajoute-t-elle. En ce sens, valoriser le patrimoine historique des CFF représente également un service à la clientèle.»

«La discussion sur les chemins de fer et aussi intéressante parce qu’elle ne se termine jamais. En effet, actuellement, nous sommes par exemple déjà en train de penser à des projets qui ne verront le jour qu’en 2030», conclut-elle.

Andrea Clementi, swissinfo.ch
(Traduction de l’italien: Olivier Pauchard)

Lors de la votation du 20 janvier 1898, les électeurs avaient approuvé avec 386’634 voix pour (182’718 contre) la Loi fédérale concernant l’acquisition et l’exploitation des chemins de fer pour le compte de la Confédération, ainsi que l’organisation de l’administration des chemins de fer fédéraux.

La campagne pour cette votation avait été âpre. Les partisans de l’adoption de cette loi argumentaient comme suit: «Les chemins de fer suisses appartiennent au peuple suisse» et vantaient les mérites d’une centralisation du rail sous le contrôle de la Confédération.

Les opposants à la proposition de loi mettaient en garde contre une armée de fonctionnaires qui augmenteraient le pouvoir de la Confédération tout en minant ses finances.

Le Conseil d’administration des CFF s’est constitué dès le mois d’octobre 1900. Le matin du 1er janvier 1901, le train en provenance de Zurich–Aarau–Olten entrant en gare de Berne à 2 heures fut célébré comme il se doit, avant de poursuivre jusqu’à Lausanne–Genève.

Le 1er janvier 1902, les CFF prenaient également sous leur aile la Schweizerische Nordostbahn. Cette date est considérée comme la date de naissance officielle des Chemins de fer fédéraux suisses CFF.

(source : site des CFF)

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