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La lutte contre la cybercriminalité s’intensifie

Les pédophiles sont connus pour se dissimuler dans les chats utilisés par les jeunes. Keystone

Le Service national de coordination de la lutte contre la criminalité sur internet (SCOCI) n'a jamais reçu autant d'annonces de contenus suspects. Un record a été atteint l'an dernier.

Pour la première fois depuis le début des activités de cet organisme, en 2003, la majeure partie des cas dénoncés concernait des soupçons de pédopornographie.

La population suisse prend au sérieux son rôle dans la lutte contre la criminalité sur internet.

Le service de coordination de la Confédération a reçu l’an dernier nettement plus d’annonces de cas suspects qu’en 2004.

Pour sa troisième année d’activité, le SCOCI a reçu une centaine d’annonces de plus par mois que les années précédentes.

Alors qu’en 2002 et 2003 les indices concernaient d’abord des courriels non-désirés, en 2005 c’est surtout la pornographie dure, en particulier la pornographie enfantine, qui a été à l’origine des annonces.

Pour David Billard, de l’Ecole des sciences criminelles de l’Université de Lausanne, ce n’est pas étonnant. «Les gens sont devenus plus sensibles au phénomène, surtout en raison de la couverture médiatique des cas qui passent en justice et également parce qu’ils ont été eux-mêmes confrontés à des e-mails non sollicités contenant de la pornographie avec des enfants», déclare-t-il à swissinfo.

Deux tendances

Selon le SCOCI, deux tendances se dessinent dans le domaine de la criminalité générale sur internet. Il note, d’une part, l’accroissement des délits relevant de la criminalité économique.

Le service constate, d’autre part, la diffusion de contenus illicites via les téléphones portables et via de nouveaux canaux de communication tels que les blogs.

Le SCOCI s’attend à une amplification de phénomènes regrettables comme le «happy-slapping», qui consiste en gros à filmer des scènes de «baston» et à échanger les séquences. Cette évolution est à craindre notamment en raison du prix abordable du matériel utilisé, comme la cybercaméra.

Le cas des chats sur Internet reste problématique. Les questions concernant leur caractère punissable et le traitement par les autorités de poursuite pénale restent sans réponse. Cela est d’autant plus regrettable que le danger est réel: de plus en plus d’adultes utilisent ces chats pour entrer en contact avec des mineurs, parfois en utilisant un langage à forte connotation sexuelle. Ces «cyber-rencontres» peuvent déboucher sur des rencontres réelles à risques pour les adolescents.

Nombreuses procédures

En 2005, le nombre de dossiers transmis aux cantons a reculé de 438 à 272, notamment parce qu’un tri plus minutieux a été fait et parce que l’accent a été mis sur la qualité. Pas moins de 89% des cas référés aux cantons ont donné lieu à une perquisition et dans 78% des cas, les policiers ont trouvé du matériel relevant du droit pénal.

Même si le compte rendu des autorités judiciaires sur le sort des dossiers transmis est encore lacunaire (le service de coordination n’a reçu que 73 précisions à ce sujet), il apparaît que les soupçons débouchent habituellement sur une procédure pénale. Il ressort que près de 80% des cas ont abouti à des jugements ou des ordonnances pénales. Les amendes prononcées allaient de 300 à 5000 francs.

A noter que les personnes condamnées ne sont en général pas des récidivistes. Le nombre de soupçons transmis à Interpol s’est fixé à 187.

swissinfo et les agences

– Le Service national de coordination de la lutte contre la criminalité sur internet (SCOCI) a débuté ses activités en 2003.

– Financé par la Confédération et les cantons, il est chargé de recueillir les annonces de cas de criminalité sur internet, de les vérifier et de les transmettre aux organes de police et de justice.

– L’an dernier, la population lui a annoncé 7345 cas suspects. Sur ce nombre, 272 dossiers ont été transmis aux autorités cantonales afin d’ouvrir une enquête pénale.

Parmi les pratiques rencontrées sur internet qui peuvent tomber sous le coup de la loi, on trouve:
la pornographie dure (actes violents, sexe avec des enfants ou des animaux, scatologie)
la représentation de scènes violentes
l’extrémisme et le racisme
l’accès illicite à des systèmes informatiques
la diffusion de virus
l’abus de cartes de crédits
la violation des droits d’auteur
le commerce illégal d’armes

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