Des perspectives suisses en 10 langues

La menace terroriste plane toujours

Déjà à la pointe dans la traque des fonds terroristes, la Suisse veut encore renforcer le contrôle des clients de ses banques.

«Contrairement à ce que l’on pense, la menace terroriste n’est pas derrière nous mais devant nous, peu importe que Ben Laden soit mort ou non». Roland Jacquard, président de l’Observatoire international du terrorisme, dresse un tableau inquiétant sur le terrorisme islamiste.

Des milliers de kamikazes

S’exprimant dans le cadre d’un séminaire sur l’argent du terrorisme organisé à Genève par Academy & Finance, il estime qu’Oussama Ben Laden n’est qu’un combattant de l’islam parmi d’autres. «Depuis le 11 septembre, prévient Roland Jacquard, le réseau Al Qaïda est en veille, mais il peut redevenir actif en un moment.»

Les documents découverts en Afghanistan ont permis de déterminer que 3600 kamikazes étaient candidats pour les attentats aux USA. Des personnes qui ont quitté le pays bien avant l’intervention américaine et qui ont été préparées pour d’autres actions.

«Les têtes pensantes de ces réseaux suivent les évolutions technologiques, rappelle Roland Jacquard. Ce sont des ingénieurs, des intellectuels de haut niveau et pas simplement des fanatiques armés de kalachnikovs. Des laboratoires avec des armes chimiques ont été découverts en Afghanistan.»

Le président de l’Observatoire international estime que ces terroristes ne possèdent pas d’arme nucléaire au sens strict du terme, mais qu’ils sont à même de mettre au point une bombe radiologique qui pourrait contaminer une vaste zone.

Suivre les flux financiers

Mais, dans ce constat plutôt noir, il y a peut-être un point faible à exploiter. C’est bien connu, l’argent est le nerf de la guerre. Depuis 1995, le réseau Al Qaïda a bénéficié de revenus considérables provenant du trafic de l’opium en Afghanistan. Des fonds, en partie, placés dans le système bancaire.

«Il faut repérer où ces sommes ont été investies lance Roland Jacquard. Car, avec la défaite des talibans, la source financière provenant de la drogue s’est tarie et comme l’organisation ne dispose plus d’un Etat d’accueil, Al Qaïda devra tôt ou tard prélever cet argent.»

C’est notamment dans ce but que l’ambassadeur Jacques de Watteville, chef de la division économique au Département fédéral des affaires étrangères, propose que l’on renforce au niveau planétaire les procédures d’identification «tant des bénéficiaires économiques des fonds que du client qui est l’interlocuteur de la banque».

En clair, il faudrait que tous les intermédiaires financiers vérifient strictement non seulement la provenance de l’argent, mais aussi qui en bénéficie réellement.

La Suisse a bloqué 34 millions

Actuellement, sur la base de la liste de présumés terroristes fournie par l’administration américaine, Berne a bloqué 67 comptes pour un montant de 34 millions de francs. «Mais, à ce stade, aucun élément ne permet de conclure que des personnes ou des sociétés situées en Suisse ont joué un rôle dans la préparation des attentats aux USA», s’empresse d’ajouter Jacques de Watteville.

Roland Jacquard reconnaît que le système anti-blanchiment mis en place par la Suisse est un modèle du genre. Reste qu’il ne sera pas facile de remonter les flux financiers.

L’argent circule aussi en cash. Et le coût modeste des attentats recensés ces dernières années indique que les terroristes n’ont pas besoin de comptes offshore ou d’une structure financière complexe pour agir.

Luigino Canal

Les plus appréciés

Les plus discutés

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision