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La même flamme pour les valides et les handicapés

Christoph Kunz, un des athlètes suisses qui briguera une médaille à Vancouver. Walter Luger/Gepa

Deux semaines après la fin des Jeux olympiques, les Jeux paralympiques débutent à Vancouver. L’idée de réunir les deux compétitions pour accroître l'intérêt médiatique et briser les barrières entre athlètes valides et handicapés fait son chemin.

Dès vendredi, plus de 500 athlètes en provenance de 45 pays, dont 15 de Suisse, se retrouvent à Vancouver pour les Xe Jeux paralympiques d’hiver. Cinq disciplines sont au programme des neuf jours de compétition: ski alpin, biathlon, ski de fond, hockey sur luge et curling en fauteuil.

Cette année, 58 titres seront décernés, alors qu’il y en avait encore 92 à Salt Lake City en 2002. «Tout a été simplifié aux Jeux de Turin en 2006», explique Sandra Streit, chargée de communication de Swiss paralympic, l’organe faîtier du handisport suisse.

Les athlètes sont désormais classés en trois catégories: assis, debout et déficients visuels. A l’intérieur des différents groupes, les athlètes se voient attribuer un pourcentage déterminé en fonction de leur degré de handicap, qui est ensuite multiplié par le temps réalisé. «Ca permet une meilleure lisibilité pour le grand public. Mais le handisport souffre toujours d’un désintérêt médiatique», estime Sandra Streit.

Pas de direct

Malgré de réels progrès enregistrés ces dernières années, les sportifs handicapés attirent encore trop souvent l’intérêt des journalistes lorsqu’ils briguent une place chez les valides – l’athlète sud-africain Oscar Pistorius et plus récemment le fondeur canadien Brain McKeever, tous deux finalement privés de JO – ou lors d’événements hors-du-commun, à l’instar de la chute massive provoquée par la Suissesse Edith Hunkeler lors du 5000 mètres en chaise roulante des Jeux paralympiques de Pékin.

Abreuvés deux semaines durant de Jeux olympiques, les téléspectateurs suisses ne verront ainsi pas une miette de ces Jeux paralympiques en direct. «Evitons de tomber dans le piège du politiquement correct, lance d’emblée Massimo Lorenzi, responsable du département des Sports à la Télévision suisse romande (TSR). Le public est prêt à rester devant son écran jusqu’à minuit pour suivre un match de curling mais il est encore très réfractaire au handisport.»

Tout comme la télévision suisse alémanique, la télévision suisse francophone va dépêcher une équipe de reportage sur place durant ces Jeux. «Ce sera une première, affirme Massimo Lorenzi. Pour une petite rédaction comme la nôtre, le sacrifice est conséquent au vu du calendrier sportif très chargé à cette période de l’année. Notre couverture n’est certes pas encore idéale, mais nous allons dans la bonne direction».

Briser un tabou

La télévision a pourtant un rôle primordial à jouer pour la promotion du handisport, affirme Sandra Streit: «Premièrement, c’est essentiel pour attirer de nouveaux sponsors et ainsi permettre à ces sportifs de se professionnaliser davantage. Ensuite, ça contribue à diminuer l’appréhension que nous avons face au handicap. ‘Dois-je aider un aveugle dans la rue ou un handicapé physique à monter dans un train?’ Ce sont là des questions que beaucoup se posent. Nos voisins allemands et autrichiens, qui diffusent ces Jeux, sont davantage sensibilisés à cette problématique».

Rico Meyer, président du comité de «Plusport Valais», une association qui compte 915 sportifs handicapés, est conscient qu’il y a encore du chemin à faire pour briser le tabou du sportif handicapé. «Le regard est souvent gêné. Quand mes enfants ont vu pour la première fois un athlète enlever ses prothèses pour monter sur sa luge de compétition, ils ont été choqués. C’est une réaction normale.»

Comment alors mettre fin à cette appréhension légitime qu’entretiennent les valides face aux sportifs handicapés? «En cassant les barrières entre ces deux mondes», répond Rico Meyer. «Il faut absolument désenclaver le handisport. En Valais, nous organisons depuis quatre ans des journées de sport en commun. Les athlètes évoluent sur les mêmes pistes et sont jugés par les mêmes personnes».

Intégration aux JO souhaitée

Daniel Cachin, président de «handisport Genève», abonde dans ce sens. «En réunissant les athlètes dans des compétitions communes, ce que font déjà certains organisateurs de tournois de tennis ou de meetings d’athlétisme, on brise cette image, encore très présente, de la personne dépendante. Ca permet également des comparaisons entre athlètes valides et handicapés. Et je vous promets que certains sont parfois très surpris».

Pour Daniel Cachin, le handisport d’élite, «élément moteur pour la pratique du handisport de masse, tout comme chez les valides», devrait servir d’exemple. «La pleine intégration des Jeux paralympiques aux Jeux olympiques profiterait aussi bien aux sportifs handicapés que valides», selon Rico Meyer.

«Je trouverais fantastique qu’on organise une descente paralympique juste avant la descente olympique, renchérit Massimo Lorenzi. Je me souviens d’avoir assisté à un meeting d’athlétisme en Finlande, où des épreuves handisport étaient organisées entre chaque compétition. Le stade vibrait de la même manière à toutes les performances».

Le véritable esprit olympique

Sandra Streit serait également favorable à un regroupement des deux événements. «Mais je ne crois pas que ce soit actuellement le projet des Fédérations internationales.» Les problèmes d’organisation et de logistique sont mis en avant pour freiner les ardeurs des partisans d’un regroupement.

Rico Meyer établit un lien avec la situation du handisport de masse en Suisse. «Tout le monde trouve ce que l’on réalise fantastique. On a le soutien des politiciens et de la population. Je n’ai jamais dû me battre pour obtenir un budget public. Mais au quotidien, nous sommes encore souvent seuls et isolés».

Pourtant, conclut Massimo Lorenzi, «le sport pratiqué avec un handicap n’en est que plus difficile. Et plus que la performance, c’est le geste qui importe. Dans le handisport, l’esprit olympique est encore véritablement présent».

Samuel Jaberg, swissinfo.ch

Objectif. La Suisse sera représentée par 15 athlètes aux Xe Jeux Paralympiques, qui se disputent du 12 au 21 mars à Vancouver. Chef de la délégation, Ruedi Spitzli espère ramener deux médailles de ces joutes.

Atouts. Le Schwytzois Thomas Pfyl représente la meilleure chance de médailles pour la Suisse. En ski alpin, le Fribourgeois Michael Brügger et le Bernois Christoph Kunz peuvent également prétendre à des médailles.

Autres. Les Suisses seront encore présents dans le curling en chaise roulante ainsi qu’en ski de fond et en biathlon.

L’histoire des JO pour personnes handicapées remonte à 1948. Le médecin anglais Ludwig Guttmann eut alors l’idée d’organiser une compétition de tir à l’arc dans un hôpital pour vétérans souffrant de blessures à la colonne vertébrale.

En 1960, les premiers Jeux paralympiques officiels ont accueilli 400 athlètes de 23 nations différentes. Les premiers jeux Paralympiques d’hiver ont été organisés pour la première fois en 1976 à Örnsköldsvik, en Suède.

En 1989, la Suisse a été le premier pays à se doter d’un comité paralympique.

A Vancouver , plus de 500 athlètes de 45 pays se disputeront 58 titres dans les disciplines du ski alpin, biathlon, ski de fond, curling en fauteuil roulant et hockey sur luge. Les épreuves auront lieu sur les sites des Jeux olympiques de Whistler et de Vancouver.

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