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La pneumopathie ne passera pas par la Suisse

Thomas Zeltner (OFSP) ne pense pas qu'on puisse contracter le SARS en Europe. Keystone Archive

Six semaines après le début de l'épidémie, l'Europe en général et la Suisse en particulier restent épargnées par la pneumopathie atypique.

Le Vieux Continent a certes eu de la chance, mais il a aussi su prendre les bonnes mesures au bon moment.

«Aujourd’hui, il est pratiquement exclu de contracter le SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) en Suisse ou ailleurs en Europe», affirme jeudi Thomas Zeltner.

Au niveau mondial, le directeur de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), estime certes que «la bataille n’est pas encore gagnée.» Mais, selon lui, «il ne semble pas impossible de vaincre la maladie.»

De son côté, le chef de la division épidémiologie et maladies infectieuses de l’OFSP ne cache pas que la Suisse et ses voisins ont eu de la chance.

«L’épidémie est partie de la province chinoise de Guandong, pour se propager rapidement à Hong Kong, rappelle Pierre-Alain Raeber. Et à partir de là, elle a essaimé vers les foyers secondaires de Singapour, du Vietnam et de Toronto.»

«Or, si des personnes infectées étaient arrivées chez nous à ce moment-là, nous n’aurions rien vu venir», admet le docteur Raeber.


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Aujourd’hui, il est pratiquement exclu de contracter le SRAS en Suisse ou ailleurs en Europe.
Thomas Zeltner, OFSP

De nombreuses inconnues

Sans compter que rien ne permettrait actuellement de justifier une telle mesure. Sur les 25 cas suspects annoncés à l’OFSP depuis le début de l’épidémie, un seul relevait probablement du SRAS. Et le patient est désormais guéri.

Sur les 24 cas restants, cinq seulement font toujours l’objet d’investigations. A ce sujet, il faut rappeler qu’il n’existe encore aucun test de dépistage et que le diagnostic se fait par élimination successive des autres affections possibles.

Pour Pierre-Alain Raeber, l’arrivée d’un test qui permettrait de dépister le virus dans une population saine n’est pas pour demain. Trop d’inconnues subsistent encore quant au «cycle de vie» de cette maladie.

Ainsi, on ne sait toujours pas combien de temps le virus reste actif après la guérison d’un patient. Ni s’il est possible qu’une personne contaminée ne contracte pas la maladie.

Ce qui est établi par contre, c’est que le taux de mortalité chez les porteurs du virus est actuellement de 6,5 pour mille. C’est plus que ce que l’on a cru au début, mais cela reste nettement en-dessous des taux d’un fléau comme la grippe espagnole.

Les bonnes mesures

Prévenues suffisamment tôt, les autorités sanitaires helvétiques ont donc pu prendre les mesures nécessaires.

Fallait-il vraiment interdire au personnel asiatique de travailler sur les salons de l’horlogerie de Bâle, Zurich et Genève? Oui, répondent aujourd’hui sans hésiter les responsables de l’OFSP.

«Malgré cela, le risque zéro n’existe pas, rappelle Pierre-Alain Raeber. Et on voit mal la Suisse décider seule de fermer complètement ses frontières.»

Les laboratoires mettent le turbo

Malgré cela, les scientifiques travaillent d’arrache-pied sur le SRAS.

«Je ne connais aucune autre maladie sur laquelle nous avons découvert autant de choses en aussi peu de temps», déclare jeudi le docteur Mark Salter, virologue au service de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Jeudi également, la revue américaine Science publie la première séquence du génome du virus responsable de la pneumopathie atypique, fruit des travaux de deux équipes canadiennes.

De quoi aider les nombreux laboratoires qui travaillent à la mise au point d’un premier test de dépistage. Et même s’il ne s’adresse qu’aux patients chez qui le mal est passablement avancé, il n’en sera pas moins précieux.


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Je ne connais aucune autre maladie sur laquelle nous avons découvert autant de choses en aussi peu de temps.
Mark Salter, OMS

Roche dans la course

En Suisse, Roche annonce l’arrivée d’un tel test sur le marché pour la fin juillet. Mais le géant bâlois est loin d’être seul dans la course.

L’Allemand Artus et les Américains Abbott et Prodesse sont eux aussi sur le point d’aboutir. Sans oublier les laboratoires publics, aux Etats-Unis, au Québec, à Singapour et à Hanoï, qui tous annoncent la mise au point imminent d’un test.

swissinfo/Marc-André Miserez

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