La Suisse appelle à la stabilité au Kirghizstan
La Suisse espère un rapide retour au calme au Kirghizstan après les journées de violence qui ont suivi la chute du président Askar Akaïev.
Le Département fédéral des affaires étrangères n’envisage pas de rapatriements des Suisses sur place mais affirme suivre l’évolution de la situation de près.
La nouvelle direction kirghize a affirmé samedi matin avoir repris le contrôle de la situation dans le pays et dans la capitale Bichkek après les violences et les pillages qui se sont enchaînés suite au renversement du président Askar Akaïev.
Au pouvoir depuis 1990, ce dernier a quitté le pays jeudi dernier alors que des milliers de manifestants prenaient d’assaut le siège de la présidence et du gouvernement. Selon l’agence russe Interfax, il se serait réfugié en Russie et des élections présidentielles devraient se tenir au Kirghizstan le 26 juin prochain déjà.
A l’image d’autres ex-républiques soviétique (Ukraine et Géorgie notamment), ce petit état de cinq millions d’habitants d’Asie centrale a réalisé sa «révolution».
Cependant, au contraire des oppositions géorgiennes et ukrainiennes, l’opposition kirghize n’a jamais manifesté la volonté de se détourner du giron russe pour se rapprocher des capitales occidentales.
«Nous connaissons bien ces gens (de l’opposition) et ils ont fait beaucoup d’efforts pour établir de bonnes relations entre la Russie et la Kirghizie», a d’ailleurs déclaré le président russe Vladimir Poutine.
De leur côté, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), de nombreux pays européens, la Chine voisine et la Suisse ont appelé au retour à l’ordre et à la stabilisation.
Une soixantaine de Suisses et de Suissesses
La Direction du développement et de la coopération (DDC) a pour l’instant suspendu les activités financées par la Suisse dans le sud du pays.
Elle a en outre demandé à ses ressortissants de rester chez eux – à l’exception des membres d’ONG effectuant des médiations entre les autorités et l’opposition -, a précisé la DDC dans un communiqué.
Aucune décision de rapatriement vers la Suisse n’a toutefois été prise pour l’heure. La DDC a de même renoncé à rapatrier ses trois collaborateurs – un Suisse, un Allemand et un Néerlandais – engagés dans le sud du pays, en raison de problèmes de transports.
Au total, une soixantaine de ressortissants suisses vivent au Kirghizstan, dont une douzaine travaillent pour le compte de la DDC, du Secrétariat d’Etat à l’économie (seco) ou d’ONG partenaires, notamment Helvetas.
Il n’y a «pas de raisons de craindre des actes violents à leur égard», a de son côté indiqué le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).
L’ambassade suisse à Tachkent (Ouzbekistan voisin), responsable pour le Kirghizstan, et le Bureau de coordination de la DDC sur place «ont la situation sous contrôle», a ajouté le DFAE. Berne suit toutefois «avec beaucoup d’attention» la situation sur place.
Violence condamnée
Sur le plan politique, Berne a condamné tout acte de violence et encouragé les parties à engager des négociations au plus vite. «Tout doit être mis en oeuvre pour éviter l’escalade de violence et résoudre les différends électoraux et politiques en respectant les principes fondamentaux des droits civils et humains», note le DFAE.
La DDC et le seco consacrent près de 19 millions de francs par an pour le Kirghizstan. Leur engagement dans ce pays est axé notamment sur la santé, la bonne gouvernance et la prévention des conflits.
Le Kirghizstan fait par ailleurs partie de «l’Helvétistan», le groupe de vote de la Suisse au sein de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI). Ce groupe comprend aussi le Tadjikistan, l’Azerbaïdjan, le Turkménistan, l’Ouzbékistan, la Pologne et la Serbie-Montenegro.
Pas de mesures spéciales pour le CICR
Le CICR, quant à lui, a pu visiter les hôpitaux de la capitale Bichkek, a indiqué un de ses porte-parole, Vincent Lusser. Ils y ont recensé une soixantaine de blessés, dont aucun ne portait des traces de blessures par balle.
Le CICR dispose au Kirghizstan de cinq délégués, qui collaborent avec le Croissant-Rouge local. En temps normal, l’organisation mène des programmes de lutte contre la tuberculose et de promotion du droit international. Elle visite également des prisons.
Selon son porte-parole, aucune mesure de sécurité spéciale n’a été édictée pour les cinq délégués du CICR, qui ont été priés de se tenir à l’écart des désordres et de rester neutres. «Les événements de ces derniers jours ne constituent pas une situation de conflit», a-t-il précisé.
swissinfo et les agences
La DDC et le seco consacrent près de 19 millions de francs par an pour le Kirghizstan.
Depuis 1992, le Kirghizstan fait partie de «l’Helvétistan», soit le groupe de vote de la Suisse au sein de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI).
Ce groupe comprend aussi le Tadjikistan, l’Azerbaïdjan, le Turkménistan, l’Ouzbékistan, la Pologne et la Serbie-Montenegro.
– Le Kirghizstan est un Etat de cinq millions d’habitants et possède des frontières avec le Kazakhstan, le Tadjikistan, l’Ouzbékistan et la Chine.
– En raison de leurs activités en Afghanistan, les USA ont des troupes armées stationnées non loin de la capitale Bichkek.
– Il en va de même pour des troupes russes (également stationnées non loin de Bichkek) qui luttent contre le terrorisme et le crime organisé.
– Les USA et la Russie ont par ailleurs des vues sur la région en fonction de ses ressources en énergie (pétrole et gaz notamment).
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