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La Suisse veut des réponses des Etats-Unis

La CIA est soupçonnée d'avoir organisé le transit de présumés terroristes à travers l'espace aérien suisse. Keystone

La Suisse exige que les Etats-Unis jettent toute la lumière sur le survol du territoire helvétique par des avions US transportant de présumés terroristes.

Cette polémique intervient alors que la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice a débuté lundi à Berlin une tournée européenne.

La section suisse d’Amnesty International est sur le qui-vive depuis que la ministre des affaires étrangères Micheline Calmy-Rey a officialisé l’affaire.

Par deux fois, la représentante socialiste du Conseil fédéral a demandé des éclaircissements concernant l’atterrissage de quatre avions de la CIA à l’aéroport de Genève et du survol de 30 autres convois aériens dans l’espace aérien helvétique.

A ce jour, Washington n’a toujours pas souhaité apporter de réponses à ces questions. Voilà pourtant près d’un mois que l’ambassadeur de Suisse à Washington a fait part de ces interrogations aux autorités américaines, selon Carine Carey, porte-parole au Département des affaires étrangères (DFAE).

«Les vols concernés étaient privés, explique-t-elle. Nous n’avons pas les moyens de connaître leurs buts et l’identité des passagers à bord. La Suisse ne sait également pas si la CIA est l’instigatrice de ces vols. C’est une des questions que nous avons posées aux Etats-Unis.»

«Si ces allégations devaient être confirmées, la Suisse condamnera alors ces pratiques. Mais pour l’heure, nous ne pouvons pas les confirmer.»

Le mystère demeure

La section suisse d’Amnesty International est préoccupée par le mystère entourant ces vols.

«Nous avons mis la pression sur le gouvernement suisse pour obtenir des informations, affirme son porte-parole Jürg Keller. Si les avions contenaient bien des prisonniers, nous ne savons s’ils ont été torturés ou s’ils ont été correctement traités.»

Assaillie depuis que le ‘Washington Post’ a fait mention de l’éventuelle existence de camps secrets de prisonniers en l’Europe de l’Est, Condoleezza Rice ne cesse de réfuter ces assertions.

L’ambassade des Etats-Unis à Berne confirme, elle, qu’elle a fait part à Washington cet été des inquiétudes des autorités suisses concernant ces vols. Son porte-parole a toutefois refusé d’apporter d’autres commentaires.

Carine Carey souligne que la Suisse est opposée à toute détention secrète de prisonniers. «C’est une violation des droits de l’homme. Un prisonnier secret ne peut bénéficier de la protection que lui assure la loi.»

«Dans la lutte contre le terrorisme, les droits de l’homme et le droit international humanitaire doivent être respectés, conclut-elle.

swissinfo, Matthew Allen
(Traduction et adaptation de l’anglais par Raphael Donzel)

La Suisse a demandé des explications aux autorités américaines concernant quatre atterrissages à l’aéroport de Genève et 30 vols dans l’espace aérien suisse.
Le ‘Washington Post’ a publié le 2 novembre un article accusant les Etats-Unis d’exploiter des camps de prisonniers «style soviétique» pour interroger de présumés terroristes en Europe de l’Est.

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