Lancement de l’initiative pour le paysage
La Suisse doit arrêter de se bétonner et de s'urbaniser de façon désordonnée. Mardi, un comité d'organisations environnementales ont lancé la récolte de signatures.
L’initiative demande, entre autres, un gel des zones à bâtir pendant 20 ans. Le délai de la récolte de signature court jusqu’en janvier 2009.
L’initiative «de l’espace pour l’homme et la nature» doit servir de contrepoids à la révision législative que traitera le nouveau Parlement issu des élections fédérales d’octobre.
Dans cette perspective, la conseillère aux Etats (sénatrice) socialiste Simonetta Sommaruga a lancé cet avertissement: Certains veulent libérer la Suisse du droit de l’aménagement du territoire et ces idées seront relayées dans les deux Chambres. Or le bilan actuel est catastrophique, a-t-elle ajouté mardi en présentant le texte.
La Suisse se bétonne
Quelque 30% des constructions sont implantées hors des zones à bâtir. Depuis des décennies, presque un mètre carré d’espace vert disparaît chaque seconde sous le béton des routes, des centres commerciaux, des parkings et des habitations. Cela équivaut à 10 terrains de football par jour.
Là où fleurissaient des arbres fruitiers et pâturaient des vaches se dressent aujourd’hui de gigantesques centres de distribution sans visage ou des immeubles anonymes, a déploré le conseillère nationale (députée) démocrate-chrétienne Kathy Riklin.
De son côté, le conseiller national écologiste Luc Recordon a rappelé l’«affaire Galmiz». Il a estimé que le projet d’implantation, qui a finalement échoué, de la société américaine Amgen dans le Grand Marais du canton de Fribourg, a révélé une grave défaillance politique, la «cerise sur le gâteau», selon le Vaudois.
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Initiative populaire
Gel de 20 ans
Pour enrayer le mouvement, l’initiative «pour le paysage» demande que la surface totale des zones à bâtir n’augmente plus pendant vingt ans. La création d’une nouvelle aire constructible devrait entraîner la réduction d’une autre.
Confédération et cantons devraient veiller à l’utilisation «judicieuse et mesurée» du sol. La séparation entre terrain constructible et non constructible serait ancrée dans la constitution de même que la protection des terres cultivables.
Les terres agricoles, les forêts et les zones naturelles devraient être préservées pour la production d’aliments et de matières premières ainsi que comme espaces de détente et d’accueil. Les zones urbaines devraient quant à elles se développer vers l’intérieur.
Il y a encore de la place
Selon l’avocat Enrico Riva, l’initiative n’entraînera pas de gel des constructions. Aux 160’000 hectares de terrain constructible déjà bâti s’ajoutent actuellement 60’000 hectares de terrain à bâtir inutilisé. De quoi offrir un espace de vie à environ 2,5 millions d’habitants supplémentaires.
Plus d’une dizaine d’organisations environnementales, les Verts ainsi que des politiciens de gauche, du Parti démocrate-chrétien (PDC) et du Parti évagélique (PEV) soutiennent le texte.
Le Comité «Oui à l’initiative pour le paysage» compte aussi les conseillers nationaux Ruedi Aeschbacher (PEV) et Maya Graf (Verts) ainsi que les conseillers aux Etats Eugen David (PDC) et Gisèle Ory (PS) font aussi partie du comité.
Les noms de l’ancien directeur de l’Office fédéral de l’environnement Philippe Roch et de l’ancien conseiller d’Etat vaudois Philippe Biéler figurent aussi sur la liste.
Alors que le délai de récolte des 100’000 signatures réglementaires court jusqu’au 10 janvier 2009, le comité espère les réunir en un an.
swissinfo et les agences
L’Union démocratique du centre (UDC, droite dure) commence ce 10 juillet la récolte des 100’000 signatures de son initiative populaire «pour le renvoi des étrangers criminels».
La modification constitutionnelles prévoit qu’un étranger condamné pour meurtre, viol, brigandage, trafic de drogue, effraction, traite d’êtres humains ou abus des prestations sociales soit privé de son titre de séjour. Il serait expulsé de 5 à 15 ans, voire 20 ans en cas de récidive.
L’UDC a jusqu’au 10 janvier 2009 pour déposer cette initiative. Compte tenu d’un risque de contradiction du droit international, le Parlement doit se prononcer sur sa validité. La Chancellerie n’est compétente que pour l’examen formel.
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