Lara Gut, un espoir déjà confirmé
Nouvel espoir du ski helvétique, la Tessinoise de 17 ans a d'ores et déjà conquis les podiums et constitué ainsi un véritable capital pour la suite de sa carrière sportive. Et malgré les contraintes de la compétition, l'adolescente n'a pas perdu le goût du rire.
Lara Gut a soufflé ses 17 bougies le 27 avril dernier. Et pourtant, lorsqu’on l’approche d’un peu plus près, ce n’est pas son jeune âge qui frappe au premier abord. Souriante et joyeuse, Lara Gut n’en est pas moins très posée. Elle a aussi des idées bien précises quant à la suite de sa carrière.
Lara Gut a reçu swissinfo, chez elle, au Tessin, au terme d’une saison qui l’a projetée sur la scène sportive nationale. La jeune championne a cumulé les succès en Coupe d’Europe et a même décroché un podium en Coupe du Monde. Des résultats exceptionnels, récompensés par une période de repos bien mérité, avant de se lancer, d’ici quelques semaines, dans la préparation de la saison de ski 2008/2009.
swissinfo: Au cours des derniers mois, on vous a entendu parler sans hésitation dans plusieurs langues et passer aisément de l’italien au français et même au schwyzertutsch. Vous êtes douée pour les langues semble-t-il…
Lara Gut: Depuis ma plus tendre enfance, j’ai toujours parlé le français et l’italien à la maison. Ma maman a des origines italiennes et autrichiennes, mais elle a grandi dans le Jura. Et grâce au sport, j’ai appris l’allemand, l’espagnol et l’anglais aussi. Et puis, parler l’allemand est indispensable pour communiquer au sein de l’équipe.
swissinfo: Vous avez l’image d’une fille rayonnante, qui parvient à s’amuser et à dédramatiser les enjeux de la compétition. Est-ce une manière de vous protéger de la pression ?
L.G.: Je pense qu’à 17 ans, ce serait bizarre d’avoir un comportement différent et plus tendu. Pour moi, skier a toujours été et restera un jeu. Par conséquent, il me semble naturel de m’amuser en pratiquant une activité qui me plait, même si elle se déroule dans un contexte très professionnel, comme celui de la Coupe du Monde. Ceci dit, lorsqu’une course se passe mal, je suis aussi capable de ressentir de l’amertume.
Mon père m’a toujours appris à rester moi-même et à conserver ma simplicité. C’est ce que j’essaie de faire.
swissinfo: En skiant à un tel niveau, comment est-il possible de s’amuser encore en descendant les pistes, sans se laisser rattraper par les ambitions sportives?
L.G.: A mon avis, il ne faut pas s’imposer trop de buts et ne pas planifier excessivement son avenir; c’est indispensable pour obtenir de bons résultats.
Si je suis parvenue à me hisser sur le podium dans une course comptant pour la Coupe du Monde, tout en m’amusant et en gardant les pieds sur terre, je crois que me compliquer inutilement la vie serait, au contraire, la meilleure manière de ne plus obtenir de telles satisfactions. Je m’entraîne sérieusement, mais en gardant mon calme. Je suis jeune, dès lors, si je devais louper mes objectifs… les occasions de retenter ma chance seraient encore nombreuses!
swissinfo: Pratiquer un sport de compétition exige de mener une vie très saine et de faire passablement de sacrifices. Est-ce que cela vous différencie des jeunes de votre âge?
L.G.: Cela fait longtemps que j’ai opté pour cette voie, c’est pourquoi je n’ai pas l’impression d’avoir loupé une étape de ma vie. Lorsque je parle avec des jeunes, je me rends compte que nombreux sont ceux qui traversent des difficultés liées à l’adolescence. Par chance, ce n’est pas le cas pour moi.
J’entretiens d’excellents rapports avec mes parents et mon frère. Nous dialoguons beaucoup ensemble et je peux me confier à eux. De leur côté, ils savent comment respecter ma sphère personnelle. Cela ne veut pas dire non plus qu’on m’autorise n’importe quoi.
swissinfo: Vous êtes en contact permanent avec d’autres sportifs plus âgés que vous. Une différence d’âge que vous ressentez?
L.G.: A vrai dire, non, pas du tout. Peut-être ai-je grandi très vite, ou que ce sont eux qui sont restés gamins (rires). Il est certain que le fait de partager la même passion et de mener le même style de vie favorise les choses. Lorsqu’on voyage beaucoup et qu’on rencontre des gens très différents, on devient très flexible.
swissinfo: Quels sont les avantages de pouvoir s’entraîner au sein d’un cercle restreint de personnes?
L.G.: C’est très important d’avoir une ou plusieurs personnes de référence dans son entourage immédiat, sur laquelle ou lesquelles on peut entièrement compter. L’une d’entre elles est mon père, qui me connaît à fond et me protège lorsque j’ai besoin de tranquillité. Mais, c’est un choix personnel: j’ai toujours été habituée à m’entrainer toute seule, alors que pour d’autres sportifs, une autre formule peut-être préférable.
swissinfo: Vous avez décidé de courir dans toutes les disciplines du ski alpin, y en a-t-il cependant une que vous préférez aux autres?
L.G.: Non, je les apprécie toutes. Même si, lorsque je me heurte à des difficultés dans l’une de ces catégories, mon engouement faiblit temporairement. En réalité, je veux toujours être au maximum de ma forme, et c’est la raison pour laquelle je travaille dur afin d’être toujours en possession de tous mes moyens.
swissinfo: Comment faites-vous pour vous détendre entre les compétitions?
L.G.: Je lis beaucoup et je garde le contact avec mes amis aux quatre coins du monde. Lorsque j’ai besoin de me calmer, j’écoute de la musique et je marche toute seule.
swissinfo: Parvenez-vous à concilier sport et études?
L.G.: Oui, grâce à Internet. Je peux travailler chez moi et optimiser mon organisation du temps. Il faut se montrer très rigoureux et ne pas reporter à plus tard le temps qui est réservé aux études.
swissinfo: La célébrité est arrivée très vite. En quoi a-t-elle modifié votre vie sociale?
L.G.: Un des aspects magnifiques, c’est par exemple que dans mon village, les habitants m’arrêtent dans la rue pour me féliciter, ce qui me donne l’occasion de leur parler.
A l’inverse, il y a des gens à qui ma situation actuelle déplaît. Pas tant pour mon succès, mais plutôt, pour les expériences que cela me permet de vivre. Ceci dit, cela ne me préoccupe nullement, et pour chacune de ces personnes, j’en rencontre dix bien disposées à mon égard.
swissinfo, Andrea Clementi, Comano
(Traduction de l’italien: Nicole Della Pietra)
Lara Gut est née le 27 avril 1991. C’est à l’âge de un an et demi qu’elle chausse sa première paire de skis, à Airolo. La jeune championne, qui mesure 1 mètre 60 pour 57 kilos, vit à Comano, au-dessus de Lugano, avec sa mère, Gabriela, enseignante d’éducation physique, son père, Pauli, également instituteur et son petit frère Ian. Lara Gut est inscrite à l’école professionnelle pour sportifs d’élite de Tenero.
Pour la saison 2008/2009, Lara Gut s’entrainera avec son père ainsi qu’avec Mauro Pini, qui a suivi durant plusieurs années, la carrière de Maria Jose Rienda Contreras. L’équipe qui entoure Lara Gut collabore aussi avec les techniciens de l’équipe féminine de swissski.
Au cours de la saison 2006/2007, Lara Gut a décroché la 1re place aux Championnats suisse de ski en super géant et la médaille d’argent aux Championnats du monde junior de descente. Un titre qu’elle a à nouveau remporté la saison dernière.
Lors de sa première participation en Coupe du Monde, en février 2008, lors de la descente de St-Moritz, elle est montée sur la 3e marche du podium.
En Coupe d’Europe, durant la saison 2007/2008, Lara Gut a remporté sept podiums (quatre fois en super G, deux fois en descente et une fois en géant). Elle a aussi obtenu deux secondes places (descente et super-combiné) et trois troisièmes rangs (descente, géant et super géant). Elle s’est adjugée trois Coupes d’Europe: au classement général, en descente et en super géant et elle a terminé 3e en super combiné.
La Tessinoise a été désignée «Talent de l’année» par la Fondation de l’aide sportive suisse.
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